Méthodologie : il s’agit de la 76éme enquête de conjoncture semestrielle. 40 000 entreprises des secteurs marchands non agricoles, de 1 à 249 salariés et réalisant moins de 50 M€ de chiffre d’affaires, ont été interrogées à l’automne 2022. 4 590 réponses reçues entre le 2 et le 28 novembre 2022, jugées complètes et fiables, ont été exploitées au niveau national et ont fait l’objet de déclinaisons pour l’ensemble des régions excepté la Corse et les Outre-Mer dont le nombre de réponses est insuffisant.
Des questions supplémentaires relatives aux difficultés d’approvisionnement, à l’évolution des salaires et des prix, et aux problématiques énergétiques des TPE-PME ont été introduites et redressées sous deux dimensions, de façon à reproduire la démographie des TPE-PME françaises :
• Le nombre de salariés, de façon à corriger la sous-représentation des TPE,
• Le secteur d’activité, de façon à corriger la sur-représentation de l’industrie et la sous-représentation du secteur du tourisme
Après un net rebond en 2021, permis par la levée des restrictions sanitaires, l’activité ralentit en 2022, même si elle reste plutôt dynamique, davantage pour les entreprises exportatrices et innovantes.
⇒ L’activitéÂ
En 2022, les dirigeants ont un peu revu à la hausse leur prévision de croissance d’activité, par rapport à ce qui était anticipé à la mi-année: ils tablent sur une croissance moyenne de leur chiffre d’affaires de +5,7% (+4,9% prévu en mai). Mais les carnets de commandes ont été moins garnis au 2éme semestre.
L’activité dans le tourisme continue d’être particulièrement dynamique, et dans une moindre mesure les transports ; elle ralentit dans le commerce et la construction ; l’Industrie résiste mieux.
Les dirigeants sont plutôt pessimistes quant aux perspectives d’activité de leur entreprise pour 2023 :
Les dirigeants anticipent un très net ralentissement ; 37% estiment que les difficultés d’approvisionnement vont perdurer plus d’un an et 42% sont dans l’incertitude ; ajoutons une nette hausse de leur facture énergétique en 2023. Conjointement, le jugement sur les carnets de commande des 6 prochains mois est en forte dégradation sur un an.Â
L’indicateur d’activité est en net repli pour tous les secteurs, passant sous la moyenne de long terme, hors le Tourisme.
⇒ L’emploi
En 2022, alors que les difficultés de recrutement restent prégnantes cette année (proche des niveaux d’avant crise), les embauches sont restées dynamiques, en se tassant légèrement sur le 2éme semestre. Les créations d’emploi seraient plus allantes chez les PME d’au moins 10 salariés et celles tournées vers l’international.
Les dirigeants de TPE sont moins optimistes qu’il y a 6 mois ; l’emploi ralentirait aussi dans les PME. Comme habituellement, les embauches seraient bien plus envisagées dans les entreprises innovantes et les PME exportatrices, contrairement à celles centrées sur le marché domestique.Â
82% des chefs d’entreprise ayant cherché à recruter déclarent avoir rencontré des difficultés pour le faire ; 44% signalent de grandes difficultés (43% il y a 1 an). Ces chiffres sont proches des niveaux observés avant la crise sanitaire (respectivement 83 et 43% en moyenne sur 2018-2019) . Ces difficultés sont particulièrement présentes dans la Construction (88 et 54%) et l’Industrie (86 et 47%).
72% déclarent avoir augmenté les salaires en 2022 ; un tiers leur ont accordé une hausse de plus de 5%. Les entreprises des transports et de l’industrie ont le plus accordé de hausses de salaire (78 et 76%) ; celles du tourisme ont le plus accordé des hausses supérieures à 10% (15% d’entre elles).
77% des dirigeants qui rencontrent d’importantes difficultés de recrutement ont augmenté les salaires en 2022, contre 59% de ceux n’ayant aucune difficulté.
Les embauches seraient moins dynamiques en 2023 même si elles résisteraient mieux que l’activité. Côté salaires, les augmentations concerneraient 42% des TPE-PME (32% au moins autant qu’en 2022), 14% les voyant plus importantes qu’en 2022.
Si l’ensemble des secteurs anticipent un ralentissement des embauches, les soldes d’opinion se trouvent néanmoins au-dessus de leur moyenne de longue période hormis pour le secteur des Transports.Â
42% des dirigeants comptent augmenter les salaires de leurs collaborateurs en 2023, dont 14% de manière plus prononcée qu’en 2022 .
⇒ Les approvisionnements
Les difficultés d’approvisionnement tendent à se stabiliser, voire s’atténuer légèrement. La part des TPE-PME y faisant face est de 72% (74 en mai dernier), dont 60% déclarant qu’elles limitent leur activité (62% en mai). 13% déclarent que ces tensions se sont récemment estompées (4% il y a 6 mois).
La hausse des coûts de l’énergie pèsent : 55% des dirigeants jugent que l’évolution du coût de l’énergie a un impact négatif significatif sur le résultat de leur entreprise mais seuls 5% estiment que cela fait basculer leur résultat en négatif en 2022 (environ 10% dans l’Industrie et le Tourisme).
Les entreprises industrielles sont en proportion plus nombreuses à devoir renouveler leur contrat d’électricité à prix fixe avant fin 2023 ou avoir un contrat indexé sur le prix de marché (35% contre 20 tous secteurs confondus). Le poids de leur facture énergétique dans leur chiffre d’affaires est en outre plus important que la moyenne : supérieur à 3% pour 39% des entreprises industrielles contre 30% tous secteurs confondus.Â
⇒ 72% ont répercuté les hausses de coûts sur leur prix de vente en 2022. Â
Les entreprises de l’industrie sont les plus nombreuses à avoir réaliser des hausse de prix (87%) ; elles sont 21% à avoir appliqué une hausse de 10% ou plus. À l’inverse, celles des services ont moins accru leurs prix de vente (54%).
82% des dirigeants qui rencontrent des difficultés d’approvisionnement ont augmenté leurs prix, contre 48% ne faisant pas face à ces tensions.
En 2023, 55% comptent effectuer des hausses de prix, 47% d’une ampleur au moins aussi importante qu’en 2022.
Les hausses de prix concerneraient toujours une part plus élevée des entreprises de l’Industrie (66%) ; 54% au moins d’un niveau aussi élevé qu’en 2022.
Les entreprises faisant face à des difficultés d’approvisionnement sont les plus nombreuses à envisager d’augmenter leur prix de vente (60 contre 41%).
⇒ Dans ce contexte, la situation de trésorerie des TPE-PME se dégrade.
Les TPE-PME bénéficient toujours de conditions de financement favorables, mais celles-ci commencent à se durcir: 12% d’entre elles déclarent rencontrer des difficultés pour financer leur trésorerie et 11% pour financer leurs investissements (+2 points en six mois) ; le coût du crédit est bien plus cité (34% contre 10 il y a un an).
La situation financière des TPE-PME est attendue en détérioration au cours des 6 prochains mois ; cette dégradation intervient néanmoins après une situation particulièrement confortable en 2021, grâce aux dispositifs de soutien mis en place lors de la crise sanitaire, parmi lesquelles le PGE.
Cette dégradation attendue de la situation de trésorerie est en grande partie à mettre au crédit de la hausse attendue de la facture énergétique : 46% des TPE-PME s’attendent à une hausse de plus de 10% de celle-ci par rapport à 2021.
⇒ Les PGE
Fin 2022, 57% des bénéficiaires du PGE l’ont consommé en majorité vs en mai 2022 (53%) et en novembre 2021 (47%) ; en 2022, 38% l’ont utilisé en totalité et 19% en majorité .
Les chefs d’entreprise de la construction et du tourisme ont le plus consommé leur PGE (61 et 59% ), vs  57 dans les transports, 55 dans les services et 54 dans le commerce et l’industrie.
Les TPE sont un peu plus nombreuses à avoir mobilisé la majorité voire la quasi-totalité du prêt que les PME (57 contre 54%).
Environ 4 TPE-PME sur 5 ayant sollicité le dispositif public prévoient un amortissement de la totalité du prêt sur plusieurs années, une proportion en hausse sur le semestre (76% il y a 6 mois) ; 14% auraient remboursé leur prêt d’ici la fin de l’année, 11% l’ont déjà intégralement remboursé et 3% envisagent de le faire d’ici la fin d’année.
5% craignent un non remboursement de leur prêt, une proportion proche de celle observée en mai dernier (6%) et plus généralement de celle observée depuis que la question est posée (entre 4 et 6% depuis fin 2020). Les TPE-PME du tourisme sont en proportion plus nombreuses à faire part de cette crainte (10%), à l’inverse de celles des transports et des services (3%).
⇒ La rentabilité des TPE-PME serait stable en 2022
76% considèrent que leur rentabilité a été « bonne » ou « normale “, une proportion légèrement inférieure à celle observée pour 2021 (78%) ; cette part reste inférieure à celle observée avant crise (83% en 2019), mais quasi identique à la moyenne de longue période (75%).
La rentabilité en 2022 diminue dans tous les secteurs, sauf les Services. Â
La rentabilité en 2023 diminuerait dans tous les secteurs, plus nettement dans les transports, la construction et le commerce.
⇒ Les investissements
La part des TPE-PME ayant investi ou qui envisagent de le faire en 2022 est stable sur un an (47%), mais est inférieure à son niveau observé avant crise (51% fin 2019). Les montants investis sont en ralentissement cette année. Bien que la part de TPE-PME industrielles investissant en 2022 reste élevée (59% contre 58 fin 2019), les montants investis ralentissent sensiblement.
Les TPE-PME se montrent plus pessimistes pour 2023. L’indicateur prévisionnel d’activité chute de 25 points et se retrouve inférieur de 11 points à sa moyenne de longue période. La proportion de TPE-PME envisageant d’investir est en baisse dans tous les secteurs, hormis le tourisme et le commerce. Cette proportion atteint 60% dans l’industrie, un niveau similaire à la moyenne observée sur longue période.
Les résultats détaillés par région sont disponibles dans le focus régional, accessible sur https://lelab.bpifrance.fr/.
Pour en savoir davantage : 76e enquête PME : Hausse des coûts de l’énergie, contexte d’inflation, les TPE et PME en proie au doute (bpifrance.fr)