L’alternance est une modalité de formation et d’intégration professionnelle, appréciée des 2 parties.


"L’observatoire de l’alternance, vague 3", décembre 2023

Méthodologie : une double enquête 

-auprès d’un échantillon représentatif de 625 professionnels décisionnaires pour le recrutement réalisée en ligne par l’Institut BVA People Consulting, du 23 OCTOBRE AU 7 NOVEMBRE 2023. La représentativité est assurée par le méthode des quotas sur les variables : taille d’entreprise, secteur d’activité, et région,

-auprès d’un échantillon représentatif de 504 alternants ou ex alternants (en contrat d’apprentissage ou de professionnalisation), réalisée en ligne par l’Institut BVA People Consulting, du 23 OCTOBRE AU 7 NOVEMBRE 2023. La représentativité est assurée par la méthode des quotas sur les variables : niveau d’étude, taille d’entreprise, secteur d’activité, type de contrat.

 

L’enquête fort complète conduite autour de l’alternance ne masque pas les écarts de vue entre les alternants et leurs entreprises employeurs.

⇒ Qui sont les entreprises alternantes ?

93% sont des entreprises de 2 à 49 salariés (pourquoi pas une info sur les moins de 10 salariés ?) ; 75% sont le fait du tertiaire (20% le commerce, 17% les services aux entreprises, 13% la santé/éducation, 10% les HCR, 7% les services aux particuliers…),12% du BTP et 10% de l’industrie.

63% des alternants sont localisés dans des entreprises de 1 à 49 salariés, 25% dans celles de 250 salariés et plus et 12% dans celles de 50 à 249 salariés. 41% sont de niveau d’études préparées bac +3 et au-delà, 35% de niveau bac à bac+2 et 23% de niveau CAP. 88% sont en contrat d’apprentissage et 12% en contrat de professionnalisation. 

⇒ Satisfaction :

♦ Le degré de satisfaction :

-91% les alternants (en progression au regard de 2021 avec 82%), les moins satisfaits étant ceux des services aux particuliers (20%) et le secteur santé/éducation (16%), les bac pro (16%), les CAP (14%),

-Les employeurs 90% ; sont moins satisfaits ceux des HCR (31%), et ceux qui ont abandonné l’alternance (22%), voire les contrats pro (16%).

 

♦ Les causes de satisfaction :

– L’intérêt financier de ce recrutement (91% satisfaits dont 23 très),

– Le bénéfice apporté par le ou les alternants dans leurs missions (88% dont 19),

– Les compétences humaines des alternants (87% dont 18),
– Les compétences techniques des alternants (79% dont 15).

 

D’ailleurs les entreprises donnent une note de 8,3 pour recommander l’alternance (21% une note de 10 et 22% une note inférieure à 7) et les alternants une note de 8,4 (29% une note de 10 et 22% une note inférieure à 7).

98% (dont tout à fait 58) jugent que la période d’alternance favorise l’acquisition de compétences pour une meilleure insertion sur le marché du travail ; il en est de même pour 91% (dont tout à fait 58) des alternants (les moins satisfaits -9% en moyenne- sont les bac pro 16%).

⇒ Les apports.

Les apports sont des compétences techniques (77% les entreprises et 66 les alternants), la  découverte du métier et du secteur de l’entreprise (71% vs 51), la découverte de la vie et des relations en entreprise (73% vs 53), une meilleure capacité à gérer leur temps (48% vs 47, notamment dans le BTP et les moins de 10 salariés) et pour les alternants le soutien et l’aide pour la réussite de leur diplôme (18%). Noter que les alternants sont toujours en deçà des réponses des entreprises.

 

Par contre les alternants estiment que l’école les prépare bien quant à leurs compétences techniques (85% dont très 31) et humaines (77% dont très 24), un jugement plus modéré chez les entreprises : compétences techniques (72 et 10%) et compétences humaines (64 et 11%).

Pour les compétences techniques, les alternants de niveau CAP et de contrat pro se perçoivent mieux préparés encore (92%), et ceux de CAP (83%) pour les compétences humaines. Les entreprises estiment que leur préparation par l’école est meilleure pour les activités de commerce (85% vs 72 pour les compétences technique et 64 pour les compétences humaines).

 

Les alternants sont plus sensibles à la professionnalisation (47%) permettant une solide expérience professionnelle, la mise en application des théories apprises, la découverte du monde professionnel, la facilitation de l’insertion professionnelle plus que la formation (acquisition des compétences..). 

Les avantages financiers (avoir un salaire, financer ses études..) ne requièrent que 12% des répondants.

Noter aussi que 11% ont bénéficié d’un stage Erasmus, alors que 29% auraient aimé en bénéficier, 23% ne le souhaitant pas ; 37% n’avaient pas eu connaissance de cette possibilité.

⇒ Pourquoi ce choix pour l’alternant ?

Pour 63% c’était un choix recherché de réaliser cette formation en alternance, en formation continue et pour 30% un choix possible.

 

Ce choix visait :

– Pour 66% une motivation financière (toucher un revenu tout en continuant ses études, financer sa formation, prétendre à un salaire plus élevé par la suite). Cette motivation est plus marquée pour les étudiants effectuant 3 ans d’alternance ou plus (84%), pour les Bac+3 ou plus (78-80%), pour ceux entreprise de 250 salariés et plus (75%) et pour ceux de 20-24 ans (73%).

– A égalité avec un levier d’insertion professionnelle pour 65% (acquérir une première expérience professionnelle, trouver plus facilement, plus rapidement un travail).

Cette motivation est plus marquée pour ceux du BTP (84%), les étudiants de 18-19 ans (80%), les Bac+3 ou plus (72-73%), et ceux en entreprise 250 salariés et plus (73%).

– A égalité aussi avec une découverte l’entreprise et la confrontation au monde du travail. Mieux appréhender le monde du travail pour 59% c’est confronter ses connaissances acquises à la réalité de l’entreprise, confirmer et/ou préciser le projet professionnel, aller vers un nouveau métier ou nouveau secteur, voire créer une entreprise plus facilement par la suite.

Cette motivation est plus marquée pour les Bac+2 (75%), les alternants en santé/éducation (73%), les étudiants en alternance longue (69%), les Bac+3 (66%).

⇒ La charge de travail et les postes proposés.

♦ La charge de travail : 64% jugent le rythme école-entreprise intense (dont 10% trop intense) et 34% adapté. 45% disent n’avoir pas de problème pour adapter leur rythme de vie vs 16 souvent et 39 parfois.

60% jugent leur charge de travail importante à l’école (dont 15 trop) et 50 en entreprise (dont 21 trop). Face à une charge de travail trop importante, 55% en ont parlé en entreprise avec leur
tuteur, 42% en école avec un professeur référent ; 25% n’en ont pas parlé. Pour 69% en parler a eu des effets positifs.

 

♦ Les postes proposés :

-64% des CSP-  : 38% employés administratifs ou de commerce, 26% ouvriers, 7% personnels des services directs aux particuliers,

-31% des professions intermédiaires, notamment en santé (48%), dans des entreprises de 50 à 249 salariés (52%) et en contrat pro (40%); on y trouve des techniciens (19%) et des professions intermédiaires administratives et commerciales ou de santé, contremaîtres, agents de maîtrise (14%),

-25% des CSP+ (43% dans l’industrie) : cadres administratifs et commerciaux (16%),  Ingénieurs et cadres techniques (7), professions de l’information, des arts et du spectacle (4), professeurs, professions scientifiques (3).

⇒ Suite à l’alternance, l’emploi ?

Du coté alternants

 

♦ Pour 95% des entreprises l’alternance facilite l’insertion sur le marché du travail de ceux passés en alternance. Pour les alternants, l’alternance est hyper positive (85 à 93%), notamment très positive en termes de professionnalisant (55%), utile à l’entreprise (50), adapté à leurs compétences (36), en adéquation avec leur formation (42), varié (40), motivant (39).

 

♦ Mais 51% seulement des alternants en cours envisagent d’être embauchés par leur employeur (dont 38% en CDI ou CDD de plus de 6 mois, 13% en CDD de moins de 6 mois,) alors que 18 disent non et 31 ne savent pas.

 

60% des alternants ayant terminé leur formation ont été embauché (dont 10% en CDD de moins de 6 mois). Parmi les 40% non embauchés, 78% estiment que leur formation leur sera très profitable et 68%  disent avoir été embauché dans une autre entreprise (dont 48% en moins de 3 mois).

Pour ceux n’étant plus en alternance, 80% sont en poste (91% les contrats pro et 90 les bac +3). 58% sont en CDI, 11% en CDD de plus de 6 mois, 11% en CDD de moins de 6 mois ou en Intérim, 13% au chômage, et 4% en formation.

 

♦ Pour ceux n’ayant pas trouvé d’emploi après leur formation,  les raisons : 32% n’ont pas trouvé dans leur zone géographique de recherche, 18% n’ont pas trouvé d’emploi au niveau de la rémunération attendue ou au niveau de qualification, 22% ont dû s’arrêter de travailler pour des raisons personnelles, 33% ont changé de voie professionnelle pour poursuivre des études. 

 

Du coté employeur,

51% n’ont pas recruté leur alternant (65% des moins de 10 salariés, 64% dans la santé et éducation). 49% les ont recruté, notamment les entreprises de 50 à 249 salariés (66%), celles du BTP (66%) et ceux en contrat pro. (64%).

 

Le non recrutement provient de l’alternant dans 56% des cas  : l’alternant ne souhaite
pas forcément rester, notamment dans les HCR (71%) et chez les 10 à 49 salariés (44%) ou celui-ci a trouvé un autre emploi (34%).

Le non recrutement provient aussi de l’entreprise dans 50% des cas : pas les moyens financiers de proposer un poste pérenne (22%), l’alternant n’a pas donné satisfaction (19%) et pas de recrutement d’alternant dans ce type de poste (15%).

⇒ Pourquoi l’entreprise a ou a eu recours à l’alternance ?

50% des entreprises interrogées ont recours à l’alternance depuis au moins 5 ans et 28% depuis 1 à 2 ans.

 

♦ Pourquoi ce recours ?

-88% pour des raisons de ressources humaines et de compétences : former de nouveaux salariés pour les fidéliser à moyen-terme (gestion prévisionnelle des emplois et compétences) 51%, embaucher sur des métiers présentant des difficultés de recrutement (29%), répondre à un besoin immédiat en compétences (23%), faire rentrer dans l’entreprise des compétences jusqu’ici pas ou peu présentes (21%), faire face à la politique générationnelle de l’entreprise (développer une politique des ressources humaines à destination des jeunes,19%, et éviter la perte de compétences et/ou gérer la population senior (10%).

Ces besoins sont 100% chez les HCR, et 94 dans le BTP. 29% y embauchent sur des métiers présentant des difficultés de recrutement, notamment les plus de 10 salariés (36-38%).

-Un manque de candidats (34%).

-58% pour un motif financier : embaucher tout en maîtrisant les coûts salariaux (43%), pouvoir bénéficier des aides exceptionnelles de l’Etat (24%) et pouvoir bénéficier d’autres aides (Pôle emploi, AGEFIPH…) 14%. C’est le fait notamment du commerce (83%).

 

♦ Certaines entreprises renoncent à recourir à l’alternance :

-Elles ont connu de  mauvaises expériences avec des alternants (23), un manque de savoir-être des alternants (17), un manque de savoir-faire des alternants (17),

-Elles n’en n’ont plus le besoin (baisse d’activité, réorganisation…) 25%, ou une organisation trop prenante en termes de temps pour les équipes/l’entreprise (17), ou un rythme d’une alternance pas adapté au(x) poste(s) 10%.

-La pénurie de candidats avec le diplôme recherché (59%), le déficit de candidat avec le profil recherché (39%), et la personnalité des candidats (13%) posent problème,
-Le déficit d’attractivité du secteur d’activité (37%) et la situation géographique de l’entreprise (16%),
-La rémunération proposée ne convenait pas aux potentiels recrutés (18%) et une durée du contrat inadaptée à la situation des candidats (9%),
– le manque d’information sur l’alternance (10ù) et le fait de ne pas savoir où trouver les candidats (5%).

 

Signalons que pour 56%, l’alternance remplace des CDD (26%), des stages (19%) des missions d’Intérim (15) et des CDI (15).

⇒ Les difficultés lors du recrutement.

Pour les employeurs :

-61% des difficultés dans la recherche de candidats (50%) ou de formation (11%),

-25% des difficultés liées aux dispositif : lourdeur des démarches administratives (18%), manque de connaissance des dispositifs d’alternance (9%), 

-22% des difficultés liées à l’entreprise : 12% un engagement sur une longue période et 11% le manque d’attractivité de l’entreprise et/ou du secteur,

-23% aucun de ces freins.

 

♦ Pour les alternants

-51%, des difficultés dans la recherche de l’entreprise (44%) et de la formation (17%) ; noter que 56% n’ont pas été accompagnés par l’école pour aller vers les entreprises, notamment les niveaux CAP et bac.

Quant il y a eu accompagnement de l’école, celui-ci s’est traduit par la mise à disposition d’une plateforme d’offre d’alternance de l’école (35%), un évènement organisé par l’école (journée de rencontres, job dating, …) 30%, un partenariat de l’école avec l’entreprise (28%), grâce au réseau d’anciens étudiants animé par l’école (26%), par la recommandation d’un enseignant ou d’un intervenant (23%), par un accompagnement à la rédaction de CV et/ou de préparation aux candidatures et entretien (17%).

 

-28%, des difficultés liées aux dispositifs : la complexité des démarches administratives (20%), le manque de connaissance des différents dispositifs d’alternance (11%, 26 le BTP),

-Et l’éloignement géographique entre établissement et entreprise (20%, 41% les bac +3),

-25% aucune de ces difficultés (CAP 40%).

⇒ L’intégration :

♦ Selon les alternants :  53% des entreprises prévoient un parcours d’intégration (69% contrat pro et 64% Ile-de-France). Il se traduit par :

-De la formation  (41% ), dont formation qualifiante (23%), formation d’intégration (14%) et développement des compétences (10%),

-Accueil (40%), dont présentation de l’entreprise (l’organisation des services, découvertes des activités et produits, rencontre et échange avec le personnel..) 26%,  intégration progressive dans l’entreprise (parcours d’intégration, journée d’intégration) 19%,
-Suivi et accompagnement (31%), dont par un tuteur ou parrain (27%), points réguliers sur le parcours / bilan (6%).

 

Toutefois, 77% des entreprises ne forment pas de tuteur. Celles qui le font insistent sur la formation au suivi, à l’accompagnement, à la pédagogie (54%), sur les modalités de formation (20%), sur le contenu du travail, les bases du métier (11%) et sur l’intégration de l’alternant (11%).

 

Et 21% des entreprises ont difficulté pour trouver un collaborateur qui soit tuteur : du fait de manques de compétences en interne ou désintérêt pour cette missions d’encadrement (45%), du manque de temps (43%), ou du manque de valorisation (5%).

 

♦ Les alternants et l’intégration

Seulement 7% des alternants disent avoir bénéficié d’un parcours d’intégration, alors que 76% avaient un professeur référent et 78% un tuteur en entreprise. 88% des alternants estiment avoir été suffisamment accompagnés par leur tuteur et 90% bien intégrés.

Ceux qui ne l’ont pas été mettent en avant l’indisponibilité du tuteur (33%), son manque d’implication (25%), son manque d’accompagnement (pas de conseil, pas d’aide, pas assez pédagogue…) 19%, ou son incompétence (11%), voire son manque de communication (8%).

⇒ les ruptures de contrat.

♦ 35% des entreprises ont déjà mis fin à des contrats en cours (notamment au sein des HCR 66% et dans les entreprises de 50 à 249 salariés 61%), alors que 14% des alternants disent y avoir mis fin (niveau CAP 27%). 42% des fins de contrat ont eu lieu au moment de la période d’essai selon les entreprises et 32% selon les alternants. Dans 40% des cas (41 selon l’alternant), la rupture a été décidée par l’entreprise, dans 43% par les 2 parties (43% selon l’alternant) et dans 17% par l’alternant (32% selon l’alternant).

 

♦ D’où vient la rupture ?

Selon l’entreprise la rupture provient du souhait de l’entreprise, l’alternant n’ayant pas donné satisfaction dans son comportement (61%) ou dans la réalisation de ses tâches (60%). Mais elle provient aussi, du fait de l’alternant dans 47% des cas (l’alternant n’a pas souhaité aller au bout de son année d’étude 25%, ne souhaitait plus rester dans l’entreprise 22% ou a trouvé un emploi dans une autre entreprise 15%).

 

Vu du coté de l’alternant, la raison principale de la rupture provient de son fait (78%, mais pour 97% ceux de l’enseignement supérieur), notamment parce qu’ils ne souhaitent plus rester dans l’entreprise (48%), que l’intégration dans l’entreprise s’est mal passée (17%), que les missions ne correspondaient pas à leurs attentes (16%), parce qu’ils ne souhaitaient pas aller au bout de leur année d’étude (15%) ou avaient trouvé un emploi dans une autre entreprise (8%), voire un contrat d’alternance requalifié en contrat classique (CDI, CDD ) 7%.

Mais elle est conjuguée avec une raison émanant de l’entreprise (61%) : insatisfaction dans la réalisation des tâches (23%) ou dans le savoir-être (14%), conditions de travail insatisfaisantes (19%), l’entreprise n’avait plus les moyens financiers de garder l’alternant (16%).

 

Pour en savoir davantage : https://www.walt-asso.fr/wp-content/uploads/2024/02/Barometre-complet-3eme-edition-Observatoire-de-lalternance.pdf