Les femmes en start-up : profil de l’entreprise et de la dirigeante.


"Le "gender gap" dans l'entrepreneuriat" Willa, Roland Berger, lu janvier 2024

Méthodologie : une enquête, menée en partenariat entre WILLA et France Digitale, auprès de plus de 500 entrepreneurs de l’écosystème innovant dont des profils féminins, et 15 entretiens qualitatifs auprès de 15 fondatrices et fondateurs de startups afin d’analyser leur parcours, leurs objectifs et leurs attentes.

WILLA est une association qui accompagne depuis 2005 plus de 500 femmes par an dans leur désir d’entreprendre et 150 start-upeuses partout en France.

 

Les femmes y sont moins nombreuses, ont moins accès aux financements, et ont choisi l’entrepreneuriat moins par vocation et plus par changement de vie professionnelle.

⇒ La place des femmes dans cet écosystème.

On ne compte que 8% de femmes parmi les dirigeants d’entreprises de plus de 100 salariés, et 6% lorsqu’on dépasse 250 collaborateurs, alors que 30% sont chefs d’entreprise. En ce qui concerne les postes de direction,18% des postes de direction sont occupés par des femmes.

 

Du côté des startups, les femmes sont encore moins représentées : 84% des équipes fondatrices sont 100% masculines (homme seul ou cofondateurs hommes), 12% sont mixtes, et 5% sont 100% féminines.

 

Seuls 2% des fonds investissent dans des startups fondées par des femmes. Elles sont en moyenne 3,4 fois moins valorisées que celles fondées par des hommes en France après une série A.

⇒ Les profils issus de l’enquête.

Femmes comme hommes, créateurs de startup sont tous particulièrement diplômés (plus de 70% ont au moins un niveau Master), un degré d’éducation en partie lié à leur milieu familial : 43% ont au moins un parent qui a exercé des responsabilités de cadre ou une profession intellectuelle supérieure, et 25% d’entre eux sont filles ou fils de chefs d’entreprise, vs 15% avec des parents employés et 7% ouvriers.

Par ailleurs, 51% se sont identifiés à un profil “initié à l’écosystème tech”, c’est-à-dire, issus de grandes villes, à l’aise avec les codes de l’entrepreneuriat et le networking, maîtrisant les outils numériques et ayant étudié dans une grande école.

 

♦ Toutefois quelques différences :

-1/4  des femmes entrepreneuses sont issues du marketing et de la communication, alors que le secteur du conseil prédomine chez les hommes (22% d’entre eux).

Les femmes se lancent plus tard dans l’entrepreneuriat ;  2 types de raisons expliquent cet
écart :

 *Les femmes expriment le besoin de faire leurs preuves dans le monde professionnel avant de devenir entrepreneuses : 44% attendent d’avoir au moins 10 ans d’expérience pour entreprendre, vs 25% pour les hommes : elles souhaitent se constituer un réseau et acquérir un niveau minimum de compétences ; noter toutefois que 8% se lancent après leurs études vs 12% les hommes et 48% dans leurs 10 1éres années de vie professionnelle vs 63 les hommes,
* Mais aussi des raisons personnelles : 1/3  des femmes entreprennent après avoir eu un enfant, alors que seuls un cinquième des hommes attendent leur premier enfant pour se lancer.

 

– les femmes n’envisagent pas l’entrepreneuriat comme un choix initial de carrière : les facteurs déclenchant la décision d’entreprendre sont tous exogènes. Les femmes ont par ailleurs davantage tendance à attendre un moment clé, un tournant dans leur vie professionnelle pour se lancer. 

⇒ Les conditions de réussite pour les femmes

♦ Les femmes ont une conception de la performance qui n’est pas uniquement financière. Seules 6% déclarent entreprendre dans le but premier de gagner de l’argent (vs 25% des hommes). Elles entreprennent surtout dans les secteurs environnementaux (le développement durable, premier pôle d’entrepreneuriat féminin avec 22% vs 14 chez les hommes) ou sociétaux (bien-être, santé, éducation, alimentation, 34%), alors que le 1er secteur chez les hommes est celui des services financiers (15%), suivi de la tech (14% vs 6 pour les femmes).

 

♦ Les principaux critères de réussite à 5 ans sont la rentabilité (77% des répondantes vs 63 pour les hommes), manifestant la volonté de garder le contrôle sur leur entreprise, de lui assurer une viabilité économique en misant davantage sur une croissance organique. Les entreprises dirigées par des femmes sont souvent plus rentables que celles dirigées par des hommes (les femmes, qui représentent seulement 15% des dirigeants de PME contribuent à 21% des profits). Suivent l’atteinte du leadership dans son secteur (56%  pour les femmes vs 65 pour les hommes), le recrutement de nombreux collaborateurs (47% vs 28), l’obtention d’un label attestant de l’impact positif (30% vs 20) et l’internationalisation (27% vs 35).

⇒ Le financement de leur start-up.

Les femmes sont plus susceptibles que les hommes de se lancer alors que leur revenu annuel était nettement inférieur : 47% des hommes avaient une rémunération supérieure à 60 000€ annuel vs 26% des femmes et 50% des femmes entre 25 et 60 000€ vs 29% des hommes.

 

Elles sont plus nombreuses à investir moins de 10 000€ au démarrage de leur entreprise (55% contre 44% chez les hommes) et moins nombreuses à investir 30 000€ au moins (22 vs 31% des hommes). Tous les entrepreneurs, femmes comme hommes, éprouvent la difficulté d’accès aux financements.

 

♦ Les moyens de financement :

Les hommes bénéficient bien plus de levées de fonds, voire de subventions et de prêts bancaires, alors que les femmes ont plus souvent recours au crowdfunding.

De fait, les hommes recourent plus de 2 fois plus aux levées de fonds que les femmes (40% pour les hommes face à 17% pour les femmes) ; lorsqu’ils lèvent, les hommes obtiennent des sommes beaucoup plus élevées (38% des hommes franchissent la barrière symbolique du million d’euros vs 22%). La part la plus importante des montants levés se situe sous les 50 000€ pour les femmes (32%) contre une tranche comprise entre 1 et 10 millions d’euros pour les hommes (29%).

 

Les femmes, du fait des difficultés qu’elles rencontrent à lever des fonds, se font davantage accompagner par des structures dédiées que les hommes (77%, contre 64%). Elles évoquent même une certaine méfiance vis-à-vis de ce mode de financement, craignant notamment de perdre le contrôle de l’entreprise et de devoir renier leurs valeurs.

Noter que parmi les 30 business angels les plus actifs en France, on ne compte que 4 femmes.

⇒ Comment améliorer le parcours entrepreneurial ?

Hommes et femmes ne mettent pas l’accent sur les mêmes actions : les hommes sont plus nombreux à recommander une sensibilisation à l’entrepreneuriat (32%) que les femmes (20%). Ils accordent aussi plus d’importance à la levée des freins administratifs (19% vs13 les femmes) et demandent un meilleur accès aux financements (20% vs 10).

Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à estimer qu’un meilleur accompagnement est souhaitable (18% contre 10).

 

Pour en savoir davantage : https://www.rolandberger.com/fr/Insights/Publications/Le-%C2%AB-gender-gap-%C2%BB-dans-l-entrepreneuriat.html