La situation financière des entreprises en 2022 est plutôt favorable.


"La situation financière des entreprises en 2022 : face aux crises, les entreprises ont résisté", Banque de France, bulletin N°249/5 novembre/décembre 2023

Source : les comptes sociaux du Fichier bancaire des entreprises (FIBEN) de la Banque de France. Le périmètre d’étude couvre les entreprises localisées en France, soumises à l’impôt sur les sociétés, et n’appartenant pas au secteur financier. L’étude exploite les comptes annuels 2022 de 1,627 million d’unités légales, regroupées en 1,396 million d’entreprises au sens % de la LME. 

 

Un chiffre d’affaires et une valeur ajoutée en hausse, mais un taux de marge en diminution.

 

♦ Le chiffre d’affaires a fortement augmenté en 2022, pour la 2éme année consécutive : + 13,3% pour les TPE, + 12,9% pour les PME, + 14,% pour les ETI et + 19,6% pour les grandes entreprises (GE).

La hausse a été importante dans les HCR dont le chiffre d’affaires avait lourdement chuté en 2020 et qui s’est redressé plus tardivement que dans les autres secteurs (+ 50% environ pour les TPE, les autres PME et les ETI, et + 30% pour les GE). La hausse marquée des GE (+ 19,6%) est par ailleurs tirée par les secteurs de l’énergie et du transport.

 

♦ La valeur ajoutée a crû fortement en 2022, aussi bien pour les TPE (+ 13,4%) que pour les PME (+ 10,1%) et les ETI (+ 8,7%), mais pas pour les grandes entreprises (+ 2,8%).
Cette hausse soutenue reflète au moins deux choses : l’impact des aides publiques qui ont contribué à limiter la facture énergétique des entreprises, et la répercussion tout ou partie de la hausse du coût des intrants dans leurs prix de vente. 

 

♦ Le taux de marge a diminué : les évolutions de l’excédent brut d’exploitation (EBE) et du taux de marge (qui rapporte l’EBE à la valeur ajoutée), diffèrent sensiblement selon les tailles d’entreprise. Concernant les TPE, l’EBE diminue de 3,4%, ce qui engendre une baisse du taux de marge du fait notamment de la disparition des aides du fonds de solidarité (les subventions d’exploitation des TPE chutent de 8% de la valeur ajoutée en 2021 à 2% en 2022).  L’impact de cette disparition est un peu moins marqué pour les PME (les subventions d’exploitation passe de 3% de la valeur ajoutée en 2021 à 1% en 2022), de sorte que l’EBE augmente (+ 6%) ; cette hausse étant inférieure à celle de la valeur ajoutée, induit une diminution du taux de marge.
Les ETI sont les seules à voir leur EBE et leur taux de marge augmenter pour  la 2éme année consécutive, alors qu’ils diminuent pour les grandes entreprises.

 

Les taux de marge sont toutefois restés à des niveaux supérieurs à ceux que l’on observait en 2018 ou 2019. Cette résistance s’explique notamment par la réforme des impôts de production de 2021-2022, leur poids dans la valeur ajoutée ayant diminué (-0,7 point de pourcentage pour les PME  entre 2019 et 2022, -1,2 pp pour les ETI et -0,9 pp pour les GE) ; le poids des impôts de production est en revanche demeuré quasi constant pour les TPE.

 

♦ La structure du passif des PME et des ETI est revenue à son niveau d’avant-crise Covid.
Le taux d’endettement brut, qui rapporte l’endettement financier aux capitaux propres, a diminué pour la 2éme année consécutive pour les microentreprises, les PME et les ETI.
Cette baisse s’explique en particulier par un renforcement marqué des capitaux propres (+10% pour les TPE, + 7% pour les PME et + 6% pour les ETI ; ils s’est légèrement accru pour les GE. 

 

♦ Le coût du crédit bancaire est reparti à la hausse : pour les TPE, il atteint 3% en décembre 2022, 3,2% pour les PME, 2,8% pour les ETI et 2,2% pour les GE.  À court terme, l’impact sur le coût de financement des entreprises doit toutefois être relativisé dans la mesure où la majorité de la dette des entreprises françaises est à taux fixe et sera renouvelée sur plusieurs années, alors qu’elles bénéficient de taux réels favorables et plus bas que dans le reste de l’UE. Les enquêtes de la Banque de France montrent, qu’au 1er semestre 2023, l’accès au crédit des PME et des ETI reste comparable à ce qu’il était avant la crise du Covid.

 

♦ La trésorerie s’est érodée mais est demeurée à un niveau élevé en 2022 : la trésorerie médiane, exprimée en jours de chiffre d’affaires, a chuté en 2022 de 18% pour les TPE par rapport à 2021, de 15% pour les PME, de 13% pour les ETI et de 21% pour les grandes entreprises.
Finalement, si l’on se concentre sur les entreprises présentes 4 années de suite dans l’échantillon, 3 TPE sur 5 ont vu leur trésorerie (rapportée au chiffre d’affaires) augmenter entre 2019 et 2022; le ratio est de 2 entreprises sur 3 pour les autres PME et les ETI, et de près de 3 sur 5 pour les GE.
La trésorerie est plus élevée en 2022 qu’avant la crise sanitaire dans tous les secteurs. 

 

♦ La rentabilité a résisté : en matière de rentabilité économique, les résultats diffèrent sensiblement selon la taille d’entreprise ; les TPE et les PME présentent des rentabilités économiques plus élevées que les ETI et les GE. Cette plus grande profitabilité est essentiellement le reflet de leur âge, car les jeunes entreprises sont en moyenne plus rentables.  
La rentabilité des capitaux propres est quasi stable entre 2021 et 2022.
La rentabilité des TPE et des grandes entreprises diminue mais reste supérieure ou égal pour 2022 à ceux d’avant la crise Covid.

 

Les TPE y compris celles qui ne sont pas cotées à la Banque de France ont préservé leur capacité de remboursement ; la cotation Banque de France concerne principalement des entreprises dont le chiffre d’affaires est supérieur à 750 000€ et concerne 300 000 entreprises (80% de la valeur ajoutée des sociétés non financières).   

 

Pour les TPE non cotées, on considère à présent une approche alternative, en examinant l’évolution de trois indicateurs traditionnels de la capacité de remboursement : le ratio de dette nette sur EBE, le ratio de capacité d’autofinancement (CAF) sur dette nette et le ratio de levier net. On décompte près de 135 000 TPE cotées Banque de France, alors que 90% des TPE sont non cotées dans l’échantillon. Elles sont plus petites que les cotées, avec un chiffre d’affaires moyen de 195 000€, contre 990 000€ pour les cotées. Elles sont surreprésentées dans les secteurs de l’immobilier, des services aux entreprises et des HCR et, à l’inverse, sous-représentées dans le commerce.

Au final, TPE cotées ou non cotées résistent, quant à leur capacité de remboursement.

 

Pour en savoir davantage : https://www.banque-france.fr/system/files/2023-12/BDF249-5_Situation_web.pdf