Les restaurants et les cafés permettent une progression du commerce de proximité en nombre d’établissements.


"Petits commerces : un panorama en demi-teinte", Conseil d'Analyse Economique, Focus N°95, mai 2023

Méthodologie : le champ n’est pas celui usuellement retenu par l’Insee, la présente étude s’attachant à ne prendre en compte que les commerces de détail, au sens commerce de proximité, mais incluant les réseaux d’enseigne, et donc des entreprises de toutes tailles. Les données utilisées sont notamment les comptes bancaires d’un large échantillon anonymisé de très petites entreprises (TPE) et d’entreprises individuelles (EI) mis à la disposition par le Crédit Mutuel Alliance Fédérale, les données issues du BODACC et celles de l’Urssaf pour les entreprises avec salariés au niveau communal.

 

Les aides financières mises en place dès le mois de mars 2020 semblent avoir permis de maintenir, voire d’améliorer, la situation financière des petits commerces. D’ailleurs, la première moitié de l’année 2023 semble marquer un retour à des niveaux de santé financière proches de ceux de 2019.

⇒ Quelques données chiffrées sur le commerce de détail, au sens commerce de proximité

En 2019, le commerce (dans cette étude) représente 12% de l’emploi total (1 824 000 salariés et 710 000 non-salariés), et 6% du PIB. Il compte 435 000 établissements ; 94% sont des TPE (moins de 10 salariés), qui ne représentent que 20% des effectifs salariés, 5% des PME avec 31% des effectifs salariés ; les ETI, peu nombreuses regroupent 22% des effectifs salariés, et les grandes entreprises environ 25%.

 

Au sein du commerce de détail, le commerce alimentaire représente environ la moitié du chiffre d’affaires et des emplois, et plus du 1/3 de la surface et des points de vente. On y trouve de grandes surfaces et des petits commerces, souvent indépendants (à l’exception des supérettes et magasins de petite taille opérés par les grands groupes). Les 3/4 des ventes de produits alimentaires se font en grandes surfaces.

 

Dans le commerce de détail, les réseaux d’enseignes regroupent un peu plus d’1/4 des points de vente mais représentent les 2/3 de la surface de vente et du chiffre d’affaires total ; le chiffre d’affaires moyen par établissement est 6 fois plus élevé en réseau que hors réseau (2,8M€ contre 500 000€) ; les commerces appartenant à un réseau d’enseigne sont davantage pérennes (74% exercent toujours leur activité 5 ans après la création en réseau, contre seulement 58% ceux hors réseau). Ils bénéficient de moyens financiers plus importants lors de leur création, et emploient plus vite des salariés que les commerces hors réseau.

⇒ L’évolution du commerce de proximité entre 2008 et 2019

♦ En termes de localisation

À la croissance soutenue mesurée entre 2008 et 2013 (+ 4,5%) a succédé une période de 6 ans (2013-2019) de très faible croissance (+ 0,7%) ; leur nombre ne diminue pas, mais il régresse sur certains territoires ruraux, et progresse souvent dans les banlieues. avec une augmentation des bars et des restaurants dans quasiment tous les type de localisation. Par contre, on observe une forte baisse des commerces d’équipement à la personne (notamment habillement et chaussures) et la stagnation dans les autres commerces de biens et de services aux ménages. 

 

Les évolutions les plus favorables se sont faites dans les banlieues, suivies par les localisations dans les villes centres (en situation plutôt stables), alors que les commerces en milieu rural ont connu des évolutions négatives, à peine entre 2008-2013 nettement plus entre 2013 et 2019.

Dans le secteur du commerce de détail alimentaire, le nombre de salariés des commerces des villes-centres a augmenté de près de 20% entre 2006 et 2021, la baisse de l’emploi dans les petits commerces traditionnels (boucherie-charcuterie, boulangerie, primeur, poissonnerie) étant plus que compensée par la croissance des commerces de boissons, de confiserie et le
développement des petites surfaces généralistes, notamment les supérettes bio.

 

♦ Densité et vacance commerciale

 

L’évolution de la densité commerciale (nombre de commerces par habitant) diminue dans tous les types de zone, y compris les banlieues (hors les restaurants et cafés. Dans les villes-centres, la densité commerciale augmente de près de 7% entre 2013 et 2019 après avoir crû de 10% sur la période 2008-2013.

Depuis 2013, la vacance commerciale est en hausse pour tous les types d’emplacement. La pandémie ne paraît pas l’avoir accrue. Certaines situations locales sont préoccupantes et l’étaient déjà avant la pandémie ; c’est notamment le cas dans les villes de moins de 40 000 habitants et les petits centres commerciaux (ceux avec moins de 30 emplacements).

⇒ Leur situation financière

♦ La situation financière nette des petits commerces s’est sensiblement améliorée, notamment celle des bars et des restaurants en s’appuyant sur l’exploitation de comptes bancaires anonymisés de 90 000 entrepreneurs individuels (EI) et de TPE entre novembre 2019 et fin 2021. La première moitié de l’année 2023 semble marquer un retour à des niveaux de santé financière proches de ceux de 2019. Par rapport à la situation d’avant la pandémie, le pourcentage de petits commerces en situation financière faible ou très faible en avril 2023 a diminué, alors que le pourcentage de ceux en bonne ou très bonne situation augmente. 

 

♦ 51,6% des bars et restaurants et 36,5% des autres petits commerces ont souscrits des PGE contre 32,9% des TPE et des entreprises individuelles des autres secteurs) ; en avril 2023, la part des petits commerces ayant remboursé totalement ou partiellement ces prêts était plus élevée. De plus, ils ont été moins nombreux à souscrire de nouveaux prêts garantis par l’État entre janvier 2021 et avril 2023.

♦ Sur l’ensemble de l’année 2022, les défaillances des entreprises du commerce sont largement inférieures à leur niveau de 2019 et des années précédant la pandémie. Elles avaient beaucoup diminué au cours de l’année 2020, plus que dans l’ensemble des activités y compris dans les activités ayant subi des pertes de chiffre d’affaires, signe des effets d’amortisseurs des aides gouvernementales.

 

Pour en savoir davantage : https://www.cae-eco.fr/staticfiles/pdf/focus94-petits-commerces-web3.pdf