Sources :
– Programme d’indicateurs de l’entrepreneuriat (PIE) OCDE-Eurostat : performance entrepreneuriale (type et quantité d’entrepreneuriat), déterminants de l’entrepreneuriat (facteurs influençant la performance entrepreneuriale), et les impacts sociaux et économiques de l’entrepreneuriat, à partir des données fournies par les instituts nationaux des pays membres
– Enquêtes mensuelles Eurostat sur les force de travail : les dirigeants salariés ne sont pas pris en compte, ni les créations en cours, ni les propriétaires d’entreprise ne l’exploitant pas
– Global Entrepreneurship Monitor, pour lequel les personnes prises en compte sont tout type de créateur, en cours, existant, qu’ils en vivent ou non, qu’ils soient propriétaires exploitants ou non soient 86 327 personnes interrogées en 2013, en moyenne 2 000 par pays) ; les indicateurs utilisés ici sont :
* le taux d’entrepreneuriat naissant : proportion de personnes impliquées dans la création d’entreprise, dont ils seront propriétaires
* Le taux de détention de nouvelles entreprises (depuis plus de 3 mois et moins de 42 mois soit au plus 3,5 ans), et qui verse une rémunération à ses propriétaires (salarié ou indépendant) – Indice d’activité entrepreneuriale totale au stade précoce (TEA) cumulant les 2 taux précédents
* Le taux de détention d’entreprises établies : proportion des dirigeants dont l’entreprise a plus de 42 mois dans la population et qui verse des rémunérations – Eurobaromètre flash ; édition 2012 interrogeant 42 080 personnes (1 000 par pays)
– Les statistiques sur les revenus et conditions de vie (EU-SILC)
Le but de la politique d’entrepreneuriat inclusif de l’Union Européenne est de permettre à toute personne une chance égale de démarrer, ou gérer une entreprise ou une activité indépendante, ou d’utiliser cette expérience pour accroître leurs compétences et leur aptitude à l’emploi ; elles ont pour vocation d’aider des sous-populations en « difficulté » pour créer des entreprises viables (femmes, jeunes, seniors, minorité ethniques, personnes handicapées), mais qui recèlent un potentiel entrepreneurial insoupçonné
Le travail indépendant chez les femmes : En 2012, on compte 9,6 millions de femmes indépendantes pour 21,3 millions d’hommes (31% de femmes), et par ailleurs 8,9 millions d’employeurs (une minorité d’employeur, 28,8%) ; les femmes parmi les employeurs sont 26% (2,3 millions) ; ces différents taux sont sans grand changement au cours de ces 10 dernières années (2002-2012).
Les taux les plus élevés ont en Grèce (23,3%) et en Italie (15,8%) et les moins élevés en Danemark (4,9%) et Suède (5,3%).
Selon GEM, entre 2008 et 2012, les femmes entrepreneurs établies sont 3,6% de la population contre 7,7 pour les hommes (au total 11,3% de la population est indépendante).
Les taux d’employeur femme ont diminué de 14,2% entre 2002 et 2012, comme pour les hommes (baisse de 15,8%) ; mais elles sont 35% en Irlande contre 30% pour les hommes.
Les femmes indépendantes travaillent notamment (pour 68%) en ordre décroissant dans les services aux personnes 22% dont santé/secteur social 11,5% et autres services 10,5%), le commerce (17,6%), l’agriculture et pêche (15,5%), les services aux entreprises (12,6%).
En termes d’entrepreneurs naissant, les femmes sont moins nombreuses que les hommes (2,4% contre 4,5) ; en termes de création d’entreprises (3 à 42 mois), les femmes sont 1,8% de la population contre 3,5 pour les hommes.
D’ailleurs les femmes envisagent moins la création d’entreprise comme un type d’emploi à privilégier (33% contre 42 pour les hommes), ou un choix de carrière possible (26 contre 35). La France se situe un peu plus que la moyenne UE 28 en ce qui concerne le taux d’entrepreneur naissant (les projets d’auto entrepreneuriat paraissent compris) ; pour les hommes, elle se situe au-delà, mieux que la plupart des pays UE10 (hors l’Irlande) ; par contre elle est plutôt en retrait quant au taux de nouvelles entreprises, tant pour les femmes que pour les hommes : il en est de même en ce qui concerne le poids des indépendants.
Les obstacles à la création d’entreprise citent un peu plus que les hommes, le manque de capital financier (22 contre 20) et la difficulté de concilier vie professionnelle et vie de famille (8 contre 4) ; pour les autres motifs (conjoncture économique, manque de compétence pour devenir indépendant, pas d’idée commerciale, risque de faillite, difficultés administratives), les obstacles sont communs.
Les femmes indépendantes travaillent davantage que leurs collègues salariées (45,3 heures contre 39,6), mais moins que les hommes indépendants (45,3 heures contre 48,8) ; les hommes indépendants travaillent aussi plus que les hommes salariés (48,8 contre 41,1 heures).
Au cours des 10 dernières années, on observe une légère tendance à la baisse pour les indépendants, et pas de changement chez les salariés.
Pour 66% des femmes indépendantes, leur revenu principal est ce type de travail (moins que pour les hommes 79%) ; en 2012, les indépendantes gagnaient moins que les salariées (14 000€ contre 18 000), au même niveau que les hommes indépendants. La situation est plutôt plus favorable pour la France, tant du côté des femmes que des hommes, aux côtés des pays de l’UE14 (les pays « les plus avancés »), un peu en retrait au regard des pays du nord (Pays-Bas et Scandinavie).
Le travail indépendant chez les jeunes (15-24 ans) : en 2012, sur les 30,8 millions de travailleurs indépendants, les jeunes sont 820 000 (2,6%), entre 12,2% en Italie et 1,2% au Danemark. Au sein des jeunes, ils sont en 2012, 4,3% contre 14,5 pour les autres tranches d’âge. 11,3% employaient un salarié (soit 92 400), contre 18,9 en 2002.Entre 2008 et 2012, les 18-30 ans avaient un peu plus l’envie de créer une entreprise (4,1% contre 3,4 pour les autres âges) ;
45% préféraient l’entrepreneuriat au salariat (contre 37 pour les autres âges) et estimaient ce souhait réalisable (41 contre 30%). Mais 2% étaient au même moment indépendant.
En ce qui concerne le taux de création en cours, la France est proche de la moyenne UE24, un peu mieux que l’UE14, et moins bien que les pays de l’ex Est. Par contre, elle est en retrait de l’UE24 et plus modestement de l’UE14 quant au taux d’entreprises nouvelles et d’indépendants installés.
Les entraves plus citées par les jeunes sont le manque de financement (26 contre 21) et le manque de compétences (18 contre 8) ; pour les autres freins, peu de différences sont constatées. En termes de revenu, les 15-24 ans ont des revenus inférieurs aux 25-64 ans, ce qui conduit 20% à exercer un emploi partiel ; pour 65% en effet la source principale de revenu est l’activité indépendante (contre 79% pour les autres âges).
Le travail indépendants chez les seniors (55-64 ans) : Ils sont 6,5 millions d’indépendants (21% de leur classe d’âge, contre 14,5 en moyenne), toutefois en recul au regard de 2002 (25,2%) ; ils sont 51,8% en Grèce.
30% avaient des employés (1,9 million), contre 32% en 2002 ; en Allemagne, ils sont 46,6% d’employeurs contre seulement 18,8% au Royaume-Uni.
2,2% de leur classe d’âge (contre 3,4% pour les adultes) ont été concerné par l’intention de création d’entreprise, 1,6% par une création effective (contre 2,6) ; 7% étaient dirigeants (contre 5,7). 35% préféraient le travail indépendant au salariat (comme les adultes, 37%), mais ne sont que 16% à l’envisager comme carrière (contre 30%). La France est proche de la moyenne UE24 en ce qui concerne les intentions de création mais en retrait pour les créations nouvelles et le nombre d’indépendants installés.
Peu de freins identifiés pour créer : 10% le manque de capital (contre 21% pour les adultes), 5% le manque de qualification (contre 8), 4% l’absence d’idée commerciale (contre 7).
Pour 70% le revenu principal provenait du travail indépendant (moins que pour les « adultes » 79%) ; ces revenus sont complétés pour 20% par la retraite, pour 10% par des revenus locatifs, et 10% un emploi extérieur, sans oublier l’épargne cumulée.
La localisation des activités indépendantes : 46% étaient exploitées dans un établissement fixe hors leur domicile, contre 38% pour les créations nouvelles (1/3 sont au domicile, 25% sans localisation) ; les femmes choisissent davantage une localisation autre que le domicile (41 contre 37%) et leur domicile (36 contre 32) et moins la localisation itinérante (20 contre 28).
La sécurité sociale et l’entrepreneuriat inclusif : beaucoup de différences selon les pays. Les systèmes les plus évolués et les plus complexes semblent avoir une influence négative sur l’activité entrepreneuriale. Les taux de cotisation sont pour les pays de l’UE14 les suivants ; ces taux intègrent les cotisations vieillesse, incapacité, maladie, maternité, accidents du travail, chômage, allocations familiales quand ils existent ; certains pays comme la France chargent beaucoup l’employeur, d’autres chargent bien plus le salarié que la France tels l’Autriche, l’Allemagne, les Pays-Bas ; d’autres pays affichent des charges globalement faibles tels l’Irlande ou le Luxembourg (23,75%), la Grande-Bretagne, la Finlande :
Taux en 2010 | France | Autriche | Pays-Bas | Italie | Allemagne | Belgique | Espagne | Portugal | Grèce | Suède | Finlande | Grande Bretagne | Irlande |
Total dont | 42,48 | 42,35 | 40,00 | 39,36 | 38,86 | 37,84 | 37,33 | 34,75 | 33,65 | 30,43 | 27,48 | 23,80 | 12,50 |
employeur | 32,68 | 25,15 | 17,50 | 30,17 | 19,61 | 24,77 | 31,08 | 23,75 | 22,10 | 23,43 | 20,38 | 12 ,80 | 8,50 |
assuré | 9,8 | 17,20 | 22,50 | 9,19 | 19,25 | 13,07 | 6,25 | 11,00 | 11,55 | 7,00 | 7,1 | 11,00 | 4,00 |
Les indépendants, en ce qui concerne leurs propres cotisations, sont proches de celles des salariés, avec souvent moins de prestations en retour (chômage, maternité, garde d’enfant, absence au travail pour maladie/accident). De plus, les indépendants craignent de perdre les droits acquis dans leur activité précédente.