Méthodologie :
Le Dispositif Défis associe le suivi d’une cohorte de salariés sur 5 ans et l’interrogation des entreprises qui les emploient initialement. Elle comporte ainsi 2 volets :
– Le volet « entreprises » : environ 3 700 entreprises représentatives des structures de 10 salariés et plus (en France métropolitaine) et des entreprises de 3 à 9 salariés pour certains secteurs. Au total, 4 500 entreprises ont été interrogées.
– Le volet « salariés » : environ 16 000 individus, salariés en décembre 2013 des entreprises répondantes, ont été interrogés entre juin et septembre 2015, puis sont réinterrogés chaque automne jusqu’en 2019. Les résultats présentés dans ce document portent sur les salariés employés au 31/12/13 dans les entreprises répondantes de 3 salariés et plus, observés jusqu’en août 2016.
L’étude CEREQ permet de suivre les trajectoires des salariés pendant 33 mois : 84% sont toujours en activité et 8% au chômage.
68% des répondants fin 2013 sont toujours employés dans la même entreprise 33 mois plus tard (quasiment 3 ans); en août 2016. Ils étaient plus de 80% jusqu’en mai 2015 (17 mois après). Parallèlement, la part de salariés ayant rejoint une nouvelle entreprise ou se retrouvant au chômage augmente.
Ainsi en août 2016, 68% sont salariés de l’entreprise d’origine, 16% salariés d’une autre entreprise, 1% sont travailleurs indépendants, 8% chômeurs, 3% inactifs et 5% retraités; soit hors retraités et inactifs, 85% actifs.
Les enquêtés sont répartis au sein de 10 trajectoires professionnelles types, pouvant être regroupées en 4 grandes catégories :
-Trajectoires marquées par l’emploi (79%), avec 4 trajectoires dont :
*trajectoire entreprise d’origine (65,9%),
*trajectoire autre entreprise (9,3%), en moyenne 21 mois dans une autre entreprise : 17% d’entre eux connaissent une période de chômage, et 2% une période d’inactivité, très courte pour la majorité d’entre eux,
*trajectoire sortie tardive (salariés passant une majorité du temps de l’enquête au sein de l’entreprise d’origine mais la quittant au moins un mois) pour 3,1% ; en moyenne, ils passent 29 mois sur 33 dans l’entreprise d’origine ; en août 2016, 11% sont à nouveau salariés de l’entreprise d’origine après une interruption d’au moins un mois, 45% salariés d’une autre entreprise, 38% au chômage et 5% ont le statut d’indépendant,
* trajectoire indépendance (0,8%) : en moyenne 18 mois comme travailleur indépendant avec au minimum 8 mois sous ce statut ; 66% sortent directement de l’entreprise d’origine ou d’une autre entreprise pour l’indépendance vs 32% après une période de chômage.
-Trajectoires marquées par le chômage, l’inactivité et l’instabilité (11,5%), avec 3 trajectoires :
*trajectoire chômage durable (5,8%), en moyenne, 18 mois au chômage ; 92% passent directement de l’entreprise d’origine au chômage ; 8% déclarent, avant le chômage, une courte période de salariat dans une autre entreprise (7%) ou d’inactivité (1%),
*trajectoires mobiles (salariés quittant l’entreprise d’origine pour un parcours en 2 temps : un statut de chômage/inactivité/indépendance plutôt long puis l’intégration d’une autre entreprise ou un retour dans l’entreprise d’origine (4,1%) ; en moyenne, ils passent 12 mois dans une nouvelle entreprise, 8 à 12 mois au chômage et à 4 mois d’inactivité et 1 mois en tant qu’indépendant.
*trajectoire inactivité durable (1,5%) : ce sont des individus en reprise d’études, en stage, ainsi que des hommes et femmes au foyer ; une moyenne de 16 mois d’inactivité ; 74% sortent de l’entreprise initiale directement pour une séquence d’inactivité et 73% restent dans cette situation jusqu’en août 2016.
-Trajectoire retraite (4,8%) : 93% passent directement de l’entreprise initiale à la retraite et 7% par une séquence de chômage, d’inactivité, d’indépendance ou de salariat dans une autre entreprise.
–Trajectoire formation initiale (4,6%) : ce sont des étudiants salariés et des contrats d’apprentissage ; en moyenne 17 mois sur 33 dans la même entreprise, 6 mois dans une nouvelle entreprise, 7 mois en inactivité et 3 mois au chômage.
Quelques spécificités connues de ces populations :
⇒ Les femmes vs les hommes (40 vs 60) : elles sont plus fréquentes en trajectoire formation initiale (44%), moyenne dans la trajectoire marquée par l’emploi (39% comparé à 40%), et moins dans la trajectoire départ en retraite (28%), du fait du rythme d’entrée plus tardif des femmes dans la vie active,
Elles sont plus présentes dans la trajectoire chômage, inactivité et instabilité (50%), notamment dans la trajectoire inactivité (59%), la trajectoire mobilité (53-57%), le chômage durable (44), mais aussi dans la trajectoire autre entreprise (45).
⇒ En termes d’âge,
-les 15-29 ans (23%) : 100% en formation initiale, 41% en chômage, l’inactivité et l’instabilité vs 17% en emploi ; ils sont très nombreux dans le groupe des très mobiles (72), nombreux en inactivité durable (41), en chômage durable (34), et dans la trajectoire autre entreprise (45).
-Les 40-49 ans (30%) sont ceux qui sont le plus souvent dans l’entreprise d’origine (37).
-Les 50 ans et plus (24%) sont plus souvent dans l’inactivité durable (31) mais pas plus dans le chômage durable (24).
⇒ En termes de contrat de travail
-Globalement, les enquêtés sont 87% en CDI, 10% en CDD ou intérim et 3% en contrat de professionnalisation ou d’apprentissage.
-93% des salariés ou anciens salariés s’inscrivent dans une trajectoire marquée par l’emploi, alors que ceux inscrits dans les trajectoires marquées par le chômage, l’inactivité et l’instabilité n’y sont que 62%, et par ailleurs 20% en CDD, saisonniers ou contrats aidés et 15% en intérim.
-Ceux en formation initiale sont pour 43% en contrat de professionnalisation ou d’apprentissage, 30% en CDI, 23% en CDD, 4% en intérim.
-Si 97% ont toujours été en CDI dans leur entreprise d’origine, 71 à 74% l’ont été dans les trajectoires autre entreprise et chômage durable.
⇒ La répartition par CSP
19% sont des cadres, 24% des professions intermédiaires, 32% des ouvriers (dont qualifiés 22%), 24% des employés (dont 13% des employés de commerce).
-Les professions intermédiaires (24%) sont nettement plus portées vers l’indépendance (39) et connaissent plutôt moins le chômage durable (14),
-Les employés de commerce (13%) sont plus souvent en formation initiale (37% du fait de l’apprentissage…), mais aussi en situation difficile : mobilité (32% très mobiles), inactivité (24), durabilité du chômage (22), autre entreprise (18),
-Les employés administratifs (11%) sont aussi en mobilité (très mobiles 21), et ont choisi plus souvent une autre entreprise (16),
-Les ouvriers qualifiés (22%) comme les non qualifiés (10%), sont plus souvent en chômage durable (27 et 16); par contre ils s’inscrivent assez peu dans les trajectoires autre entreprise et indépendance (18 et 15), alors que les non qualifiés sont plus mobiles (19) et en inactivité (16).
⇒ Les personnes de la trajectoire emploi sont plus anciens dans la trajectoire entreprise d’origine (12 ans), que ceux de la trajectoire autre entreprise (6 ans) ou de la trajectoire chômage durable (7 ans).
Dans la trajectoire entreprise d’origine, 46% y ont plus de 10 ans d’ancienneté et 67% au moins 5 ans ; dans celle autre entreprise 40% y ont au plus 2 ans et 66% au plus 5 ans, tout comme en chômage durable (42% au plus 2 ans, 61% au plus 5 ans).
2 approches moins connues, et pour lesquelles j’ai choisi de ne traiter que de quelques types de trajectoire :
⇒ En ce qui concerne les tailles d’entreprise,
-Globalement, les différentes tailles ne montrent pas de différence en ce qui concerne l’intensité de leur présence en 2016 dans l’entreprise d’origine ou dans l’autre entreprise,
-Par contre, les répondants au sein des moins de 50 salariés (39%), sont plus impliqués à la fois dans l’indépendance (65 vs la moyenne de 39), à la fois dans le chômage durable (50) et au sein des très mobiles (54),
-Les plus petites (3-9 salariés, sachant que cette taille n’est pas représentative, avec 16% des répondants) contribuent le plus à la trajectoire formation initiale (32),
–Les répondants au sein des 50 salariés et plus (60% des répondants) sont moins concernés dans la trajectoire chômage/inactivité.
⇒ Et les activités
-Les activités information/communication, les activités scientifiques et techniques (l’une et l’autre activité appartenant aux services aux entreprises), le commerce, et les IAA (en fait pour bonne part des boulangeries) sont proportionnellement les plus concernées par l’indépendance,
–Une plus forte mobilité est constatée, en termes de passage de l’entreprise d’origine vers une autre entreprise dans les services administratifs et de soutien aux entreprises (du fait de l’intérim), dans les activités scientifiques et techniques, et dans les HCR, et une forte mobilité plus globale pour le commerce et l’éducation/santé.
-L’industrie, les activités finances et assurances, voire la construction montrent une stabilité plus grande des emplois.
⇒ Les formations pendant ces 33 mois
-Le taux de personnes formées est de 52%,avec un taux plus élevé au sein des entreprises autres (64) et plus faible pour le chômage durable, sachant que cette derniére trajectoire a bénéficié à la fois de formation en entreprise (45), via le chômage (51) et par la personne elle-même (16).
-La durée des formations pour 72% ne dépassent pas 30 heures (au plus une semaine), dont 1/3 au plus 2 jours. Ces situations sont spécifiques aux salariés en activité, sachant que ceux en partance pour l’indépendance auront bénéficié un peu plus de formations plus longues. Par contre ceux en chômage durable ou les très mobiles sont pour moitié dans des formations d’au moins 120 heures (plus d’un mois).
-Quels objectifs avaient ces formations ?
Avant tout l’efficacité au travail (81%), nécessitant de mieux connaitre l’environnement du travail (68%), de préparer des adaptations (52%), de prendre davantage de responsabilité (43) ou de renforcer l’esprit d’équipe (41%). Ces objectifs sont bien plus ceux des salariés en activité, alors que pour les chômeurs durables et les très mobiles, il s’agira de s’insérer dans l’emploi voire de se préparer à un nouveau métier.