L’automatisation des emplois: à 20 ans, 42% ou 9% ?


"L'effet de l'automatisation sur l'emploi", La note d'analyse de France Stratégie N° 49, juillet 2016

Le débat sur la menace qui pèserait sur l’emploi du fait de l’automatisation a été fortement influencé par la publication en 2013 d’une étude réalisée par Carl Benedikt Frey et Michael A. Osborne, deux chercheurs de l’université d’Oxford; ’après leurs travaux, 47% des emplois aux Etats-Unis (320 professions) et 35 % au Royaume-Uni présenteraient un risque élevé d’être automatisés au cours des 10 ou 20 prochaines années, soit une estimation de 42% pour la France et 54% pour l’UE; ces chercheurs se fondent sur le caractère répétitif (40% des salariés en France en 2013, contre 20% en 1984)  

 

Une équipe de recherche allemande ayant travaillé pour l’OCDE pointe des limites à cette analyse, limites qui conduisent à surestimer le nombre d’emplois automatisables et propose non de mesurer le risque d’automatisation par profession mais, à un niveau plus fin, celui des tâches; il en conclue que « seuls » 9% des emplois aux Etats-Unis ont un risque élevé (supérieur à 70%) d’être automatisés (10% au Royaume-Uni, 9% en France). 

 

De fait,  40% des salariés occupent un emploi qui nécessite de répondre immédiatement à une demande extérieure et, pour ce faire, ne doivent pas toujours appliquer strictement des consignes; de plus en plus d’emplois apparaissent peu automatisables (33% passant de 6,9M en 1998 à 9,1M en 2013); on compte par ailleurs 200 000 emplois automatisables de moins qu’en 1998. La désindustrialisation et la transformation des métiers expliquent la hausse des emplois peu automatisables.  

 

Enfin l’automatisation est susceptible de créer des emplois directs dans la R&D, la conception, la production, la commercialisation et la maintenance d’automates (en France, les ingénieurs informatiques et des télécoms sont 310 000 de plus qu’au début des années 1980) et des emplois indirects, du fait de gain de productivité.   Les informations disponibles en France sur les conditions de travail (Dares) confortent les résultats de l’enquête OCDE.