Une conjoncture toujours défavorable, sans espoir de modification à court terme.


"ENQUÊTE DE CONJONCTURE DU SECOND SEMESTRE 2024 AUPRÈS DES TPE-PME. L'ATTENTISME PÈSE SUR LA CONJONCTURE", Bpifrance, janvier 2025

Méthodologie : près de 40 000 entreprises des secteurs marchands non agricoles, de 1 à 249 salariés et réalisant moins de 50M€ de chiffre d’affaires, ont été interrogées à l’automne 2024. 4 979 réponses reçues entre le 11 novembre et le 4 décembre 2024, jugées complètes et fiables, ont été exploitées.
Des questions spécifiques sur les Prêts Garantis par l’Etat, les difficultés d’approvisionnement et les investissements verts ont été introduites pour l’ensemble de l’échantillon. 4 906 réponses complètes à ces questions ont été analysées.

Des questions supplémentaires sur l’intelligence artificielle ont été introduites pour les répondants interrogées numériquement. 3 013 réponses complètes.  Les réponses à ces questions spécifiques ont été redressées sous deux dimensions, de façon à reproduire la démographie des TPE-PME françaises : le nombre de salariés, de façon à corriger la sous-représentation des TPE et le secteur d’activité, de façon à corriger la sur-représentation de l’industrie et la sous-représentation du secteur du tourisme.

⇒ Le chiffre d’affaires et son évolution

♦ Le chiffre d’affaires des TPE-PME estimé pour l’année 2024 se contracte davantage qu’anticipé en milieu d’année. Il rejoint les niveaux atteints en 2013 à l’issue de la crise des dettes souveraines. Cette diminution s’explique essentiellement par une proportion plus élevée de chefs d’entreprise prévoyant une baisse de leur activité (34% contre 26 en mai 2024), alors que 28% anticipent à l’inverse une hausse de leur chiffre d’affaires (stable sur 6 mois) et 38% une stabilisation.

En moyenne, le chiffre d’affaires est attendu plus faible en 2024 qu’en 2023 (−1,8%, après +0,6% en 2023). 

 

♦ Selon  le type d’entreprise : 

– Seules les grosses PME, d’au moins 100 salariés, tablent sur une croissance positive en 2024 (+0,7%), bien que nettement plus faible que le rythme moyen observé dans l’enquête depuis 2000 (+4,5%). Les PME de moins de 100 salariés voit à l’inverse leur chiffre d’affaires se contracter en 2024 en moyenne. Les TPE (1 à 9 salariés), habituellement moins dynamiques, connaissent le recul le plus fort (−3,7%).

 

– Les entreprises exportatrices ou innovantes, qui avaient globalement mieux résisté au 1er semestre 2024, déclarent également une baisse de leur activité ; le recul (−1%) resterait moindre que celui de leurs homologues non exportatrices et non innovantes (−2%).

 

– Tous les secteurs sont confrontés à une activité stagnante ou en baisse : le secteur des services (aux entreprises et particuliers) reste moins affecté ; c’est le seul secteur à voir son solde d’opinion demeurer positif, mais en recul sur le semestre ; il s’établit désormais franchement sous sa moyenne de long terme. Si les dirigeants restent plus nombreux à s’attendre à une hausse (31%) de leur chiffre d’affaires en 2024 qu’à une baisse (26%), la croissance moyenne est estimée légèrement négative (−0,7% après +0,9% en2023).

Les secteurs des transports et de la construction connaissent toujours une situation difficile. Les dirigeants des transports s’attendent à une stabilisation de leur chiffre d’affaires en 2024 (−0,1%) quand ceux de la construction prévoient une contraction (−1,8%).

Le commerce (le plus bas niveau parmi les secteurs étudiés) chute de 3% en chiffre d’affaires. Dans l’industrie et le tourisme, les dirigeants tablent sur une contraction de respectivement −2,2% et −1,4% de leur chiffre d’affaires.

 

♦ Les difficultés d’approvisionnement contraignent significativement l’activité de 29% des TPE-PME, une proportion stable ce semestre après une baisse continue depuis le point haut du printemps 2022 (49%).

L’évolution des effectifs : une baisse marquée ce semestre.

♦  Les dirigeants sont désormais plus nombreux à déclarer une baisse de leurs effectifs en 2024 (18% soit +7 points sur le semestre) qu’une hausse (17% soit−4 points) et ce quelle que soit la taille de l’entreprise ; un peu moins fortement chez les TPE, chez qui l’emploi s’était ajusté plus rapidement au tassement de l’activité.

Comme habituellement, l’emploi est plus dynamique chez les grosses PME mais le ralentissement y est plus important que chez les TPE.  L’emploi affiche un ralentissement marqué chez les PME exportatrices.

 

♦ Selon les secteurs d’activité : l’emploi industriel ne fait plus figure d’exception, alors qu’il était encore nettement supérieur à sa moyenne de long terme au printemps 2024. 
Les embauches ralentissent fortement dans les services mais resteraient plus dynamiques que dans les autres secteurs avec une hausse de leurs effectifs (20% contre 17% tous secteurs confondus), mais bien dessous de sa moyenne de long terme.
La dynamique d’embauche est à l’arrêt dans la construction, le commerce et le tourisme. Il se stabilise dans les transports.

⇒ Les investissements.

♦ Les dirigeants sont de moins en moins nombreux à réaliser des investissements (43% en 2024 après 46 en 2023 et 55 en moyenne depuis 2001).

 

♦ On constate un recul dans tous les secteurs, plus particulièrement dans le tourisme (−10 points à 41% contre −2 à −4 points dans les autres secteurs). Par contre l’industrie reste le secteur avec la plus forte concentration de TPE-PME réalisant des investissements (55%), mais en baisse de 2 points. 

 

♦ Les exportatrices restent plus nombreuses à investir (50%) que celles tournées uniquement vers le marché domestique (41%) mais cette proportion est en plus forte baisse par rapport à 2023 (−5 points contre −2 points pour les non-exportatrices).

Les innovantes restent également plus enclines à investir que les non innovantes (54% vs 39%) mais la différence d’évolution sur le semestre entre les deux catégories est peu marquée (−1point vs +1point).

 

♦ La part des dépenses allouées aux investissements mobiliers diminue sur un an (59% après 64%) au profit des investissements immobiliers (32% après 29%) et incorporels (9% après 7%).

 

La part de TPE-PME déclarant avoir réalisé des investissements verts se stabilise en 2024, après avoir fortement reculé en 2022 et 2023 ; 29% auraient réalisé des investissements verts en 2024 après 28% en 2023, 35% en 2022 et 42% en 2021.

⇒ La situation de trésorerie.

♦ Celle-ci est jugée moins favorablement que 6 mois auparavant et rejoint son niveau moyen de long terme. 27% des PME jugent désormais leur trésorerie difficile, tandis que 13% la jugent aisée et 60% normale.
La trésorerie est jugée nettement moins favorable qu’au printemps dans la construction, avec la plus forte proportion de dirigeants jugeant leur trésorerie difficile (29%).

 

♦ Les difficultés d’accès au crédit de trésorerie ont essentiellement progressé dans le secteur des services (+3 points ce semestre à 15), seul secteur avec celui des transports où cette proportion est plus élevée qu’avant la crise sanitaire (moyenne 2018-2019). Elles ont moins varié dans les autres secteurs : stables dans l’Industrie et en très légère hausse (+1 point) dans les autres secteurs. Le tourisme comptabilise toujours la plus forte proportion de dirigeants rencontrant des difficultés d’accès au crédit de trésorerie (18% toutefois moins qu’en 2018-2019, 26%).

 

♦ Une large majorité de TPE-PME (59%) expliquent ces difficultés d’accès au crédit de trésorerie par :

– le niveau insuffisant de leur activité et/ou des perspectives incertaines (+5 points sur le semestre, +9 points sur 1 an). L’Industrie est particulièrement concernée (67%, +11 points sur le semestre).

– Le risque associé au secteur d’activité apparaît désormais comme la 2e source d’explication (31%) ; mais 50% dans les transports et 58% dans le tourisme.

– Le niveau élevé des garanties exigées est la 3e raison (29%), en baisse de 2 points sur le semestre et 8 points sur un an.

⇒ La rentabilité diminue.

Son niveau est inférieur à sa moyenne de long terme ; 25% des dirigeants jugent leur rentabilité mauvaise et 20% bonne. 

 

Tous les secteurs sont confrontés à une baisse de leur rentabilité, plus particulièrement le tourisme et le commerce. Si le secteur de la construction voit également sa rentabilité baisser, celle-ci reste relativement bonne par rapport aux autres secteurs (là où elle était particulièrement mauvaise en 2022) ; 21% jugent leur rentabilité mauvaise.

⇒ Les PGE.

Plus de la moitié ayant obtenu un PGE déclarent l’avoir entièrement consommé, alors que 29% l’aurait intégralement remboursé fin 2024.
La consommation des PGE a progressé ce semestre : 71% déclarent en avoir consommé la majorité, une proportion en hausse de 4 points. 56% l’ont même entièrement mobilisé ou en quasi-totalité, en forte hausse par rapport au printemps 2024 (47%).

La part ayant remboursé leur PGE poursuit son augmentation : 22% ont intégralement remboursé (+3 points sur le semestre et +6 points sur un an). 6% ont par ailleurs l’intention de le rembourser dans son intégralité d’ici la fin d’année 2024. Elles sont à l’inverse 68% à amortir sur plusieurs années (+1point sur le semestre).

 

♦ Le remboursement total progresse particulièrement ce semestre dans l’industrie, le commerce et les transports (+6 à +8 points) et concerne respectivement 22%, 27% et 31%, contre 20% environ dans les autres secteurs.

 

♦ Les craintes de non remboursement restent stables (4% des TPE-PME l’ayant obtenu) ; ce sont les entreprises rencontrant des difficultés financières qui sont les plus inquiètes (8% des TPE-PME ayant contracté un PGE), une proportion en baisse toutefois de 3 points ce semestre, tandis que cette proportion est quasi nulle chez celles jugeant leur trésorerie normale voire aisée (1%).

⇒ L’accès au crédit.

♦ L’accès au crédit de trésorerie s’est légèrement durci au second semestre. 14% des dirigeants déclarent rencontrer des difficultés pour financer leur exploitation courante (+1 point sur le semestre et proche du niveau observé avant crise sanitaire).

 

Les difficultés d’accès au crédit d’investissement restent stables et à bas niveau (11%), une proportion stable sur le semestre, similaire à celle observée juste avant la crise sanitaire. Les difficultés d’accès au crédit d’investissement progressent dans les services (+3 points à 13%) tandis qu’elles refluent dans l’Industrie (−2 points à 9%) et se stabilisent dans les autres secteurs.  Les TPE-PME du tourisme sont un peu plus nombreuses en proportion à rencontrer des difficultés pour financer leurs investissements (17%). 

 

– Les raisons explicatives à ces difficultés de financement à long terme :

* La fragilité financière de l’entreprise (66%,+5 points sur un an).

* Le risque associé au secteur d’activité (31%), en hausse également sur un an (+3 points).

Ainsi l’insuffisance de la demande est de loin le premier frein à l’investissement des TPE/PME, en forte progression ce semestre (59%, en hausse de 8 points en 6 mois). 6% la jugent même insurmontable (en hausse de 2 points ce semestre). C’est un frein particulièrement puissant dans les transports (65%), dans l’industrie et la construction (63%).

 

* La rentabilité et la concurrence sont davantage perçus comme un obstacle à l’investissement qu’au semestre précédent. Ils sont perçus comme tels par respectivement 41 et 34%, en hausse de 4 et 5 points sur le semestre. La concurrence se fait notamment de plus en plus pesante dans l’Industrie (34%, une hausse de 10 points sur le semestre), et plus particulièrement dans l’industrie agroalimentaire (39%,+14 points).

* Le manque de fonds propres et le niveau d’endettement sont cités dans des proportions similaires à celles observées depuis un an (respectivement 30 et 22%). 

 

Le coût du crédit pèse un peu moins qu’au semestre précédent mais reste le 2e obstacle à l’investissement (45%, en baisse de 4 points sur le semestre et de 11 points sur un an), mais toujours nettement supérieur à son niveau d’avant crise (9% en novembre 2019). C’est un obstacle plus puissant dans le secteur des transports (59%) et, dans une moindre mesure, ceux de la construction (50%) et du tourisme (51%).

 

♦ La part de l’autofinancement continue de progresser (44%, +3 points sur un an et +9 points par rapport à la moyenne 2015-2019). 35% sont financés par le crédit bancaire (−2 points) et 16% par le crédit-bail (−1 point), les 5% restants étant financés grâce à des apports de la maison mère principalement.

⇒ Perspectives 2025.

♦ L’indicateur prévisionnel d’activité perd 7 points en un an pour s’établir à −3 contre +16 en moyenne entre 2000 et 2023. 25% prévoient une baisse de leur activité et 22% une hausse.

Ils s’attendent à voir leurs carnets de commande, déjà peu remplis en 2024, se dégarnir encore un peu plus début 2025.

 

♦ Aucun secteur n’échappe à cette morosité. notamment dans le tourisme, et l’industrie ; dans les services, le seul à présenter un solde d’opinion positif (+7), assez nettement supérieur à ceux observés dans les autres secteurs (entre−17 et−2), mais 15 points sous sa moyenne de long terme.
La dégradation serait plus modeste dans la construction et le commerce (respectivement−2 et−4 points), où elle se situait déjà à très bas niveau,  inférieur d’environ 20 points à sa moyenne de long terme.
Seul les transports voient ses perspectives s’améliorer sur un an (+3 points), mais elles sont sous son niveau moyen de long terme.

 

♦ Les dirigeants de très grosses PME sont plus confiants. Les perspectives d’activité s’améliorent légèrement chez les PME de 100 à 249 salariés (+2 points, à +22), là où elles se dégradent chez les PME plus petites.
Les perspectives d’activité se dégradent, qu’elles soient exportatrices ou non. 

 

♦ L’indicateur prévisionnel d’emploi poursuit sa baisse (−7 points). Les embauches conserveraient leur dynamisme chez les PME d’au moins 100 salariés, un niveau similaire à sa moyenne de long terme. Il recule chez les plus petites PME (employant moins de100 salariés) à un niveau bien inférieur à celui observé en moyenne depuis 2000.

 

Les embauches ralentiraient aussi bien chez les TPE-PME exportatrices (−6 points) que non exportatrices (−7 points), et chez les innovantes (−8 points) et les non innovantes (−5 points). Elles resteraient toutefois nettement plus dynamiques, 1/4 prévoyant des embauches en 2025, 2 fois plus que chez les non exportatrices ou les non innovantes

 

L’indicateur prévisionnel d’embauches recule plus fortement dans le tourisme et l’industrie (resp.−15 et−10 points), dans le commerce (−9 points) et moins dans la construction (−3 points). Les embauches ralentiraient globalement dans les services (−5 points) mais se maintiendraient à leur rythme de croisière dans les services aux particuliers (+1point, proche de sa moyenne de long terme). Elles s’améliorent dans les transport où l’indicateur gagne 7 points. 

 

La trésorerie : l’érosion de la trésorerie observée depuis 2021devrait se poursuivre au 1er semestre 2025 (recul de 8 points sur le semestre et de 4 points sur un an pour atteindre −16, un niveau très en-deçà de sa moyenne de long terme (−5). 25% s’attendent à une dégradation (hausse de 5 points sur le semestre). L’indicateur prévisionnel de trésorerie recule dans tous les secteurs, plus fortement dans l’industrie et le tourisme (−10 et−9 points sur un an).
Les PME d’au moins 100 salariés sont plus optimistes (stabilité) que les PME de plus petite taille. 

 

♦ La rentabilité est attendue moindre dans l’ensemble des secteurs : 23% des dirigeants anticipent une baisse de rentabilité contre14% une hausse.
La baisse est plus marquée dans l’industrie et la construction (−8 points sur un an). 

Les dirigeants de TPE sont un peu plus confiants. 

 

♦ Les dirigeants comptent de nouveau ralentir leurs dépenses d’investissement. 47% ont l’intention de réaliser des investissements en 2025, baisse de 3 points sur un an, inférieur de 5 points à sa moyenne de longue période. Cette baisse est le fait de tous les secteurs.

⇒ Les PME et l’intelligence artificielle.

♦ 31% y ont recours vs 15% un an auparavant. 8% déclarent l’utiliser régulièrement (contre seulement 3% un an auparavant). 69% n’ont à l’inverse pas recours à l’IAG, mais 19% projettent toutefois de l’utiliser prochainement tandis que 51% n’ont aucune intention d’y recourir.

 

♦ Les secteurs qui ont le plus recours à l’IAG sont les services et le tourisme (40%), l’industrie, la construction et le commerce (21et 24%) et les transports (9%)

L’utilisation est croissante avec la taille de l’entreprise : de 29% chez les TPE (vs 14% un an plutôt) à 53% chez les PME d’au moins 100 salariés (vs 28% fin 2023).

 

♦ Le principal usage, en forte progression, est la génération de contenus écrits, sollicitée par 68% (vs 54 un an avant) des ayant recours à l’IAG, puis la recherche, collecte et analyse de données ou d’informations (57%) ; 36% l’utilisent pour la traduction et 31% la génération de contenus visuels divers.

 

♦ Les dirigeants n’ayant pas recours à l’IAG l’expliquent avant tout par l’absence d’identification d’usage au sein de leur entreprise (70%). Un quart relèvent le manque d’expertise de leurs collaborateurs ou d’eux-mêmes et 13% craignent un mauvais usage des outils (partage de données confidentielles de l’entreprise, manque de vérification des contenus produits par les applications, etc.).10% n’ont pas les moyens financiers pour le déployer et 10% craignent que son utilisation affecte la capacité à raisonner de leurs collaborateurs.

 

Pour en savoir davantage : https://presse.bpifrance.fr/bpifrance-le-lab-presente-la-80eme-enquete-de-conjoncture-aupres-des-tpe-pme-une-enquete-sur-la-situation-des-tpe-pme-a-fin-2024-et-leurs-perspectives-pour-2025-dans-un-contexte-dincertitude-politiqu