« Dans les années 1980, mes clients – les plus jeunes étaient des quadras – me demandaient de leur faire un joli jardin que l’on voyait de la maison. Aujourd’hui, mes clients – les plus jeunes ont 30 ans et exigent le jardin en même temps que la maison – veulent un lieu où ils puissent vivre, faire des fêtes, recevoir. » En même temps, insiste-t-il, « ils veulent un minimum d’entretien.…Il n’y a qu’au jardin que le citadin de 2016, hyperconnecté 24 heures sur 24, ne maîtrise pas son environnement. Le jardin est l’ultime rempart contre la tendance au tout, tout de suite ». Pierre-Alexandre Risser paysagiste.
Le jardin redevient un espace de convivialité où l’on va respirer, se détendre, où l’on est fier de produire ce que l’on mettra dans son assiette. Pour conjuguer ces aspirations multiples, les paysagistes font assaut d’imagination. « Nos clients veulent un jardin-cocon généreux qui offre des ambiances diverses”. Beaucoup se découvrent la « main verte », cultivent leurs propres légumes, deviennent plus « agronomes » même lorsqu’ils n’ont qu’un balcon ou un rebord de fenêtre.
Pour Gilles Clément, cet intérêt retrouvé est la conséquence de l’extension des villes et, parallèlement, du développement d’une conscience écologique. De ce fait, une vision plus positive de la nature s’est développée, suscitant l’envie de consacrer plus de temps au jardinage. Jusque dans les années 2000, l’attachement à certains artifices, notamment à la culture de plantes annuelles, fleuries et très colorées, a persisté.
Depuis, le désir de passer à l’action écologique est devenu très fort; la volonté d’utiliser très peu – ou pas du tout – de pesticides a bouleversé les méthodes de gestion et le choix des végétaux cultivés. Et puis la – ou plutôt les – crise(s) ont provoqué un retour aux jardins potagers et la naissance de jardins participatifs.
Cet intérêt pour les jardins relève d’une aspiration à vivre autrement. “Le choix est entre faire de l’argent ou vivre, Nous avons choisi de vivre.