Tout au long de la décennie 2000, la compétitivité de la France s’est dégradée, avec pour conséquences l’accumulation de déficits extérieurs et une augmentation de l’endettement extérieur net. Des mesures d’ampleur ont été mises en oeuvre en son nom, notamment le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) et le Pacte de responsabilité (baisse du coût du travail de 6%).
Un rééquilibrage s’observe : nos parts de marché se sont stabilisées, le déficit commercial a diminué, l’écart de compétitivité-coût avec l’Allemagne, principal concurrent sur les marchés tiers, s’est réduit, et les entreprises reconstituent leurs marges. Pour autant, il n’est pas possible de dire que notre problème de compétitivité est désormais derrière nous : le rétablissement des coûts salariaux est à confirmer, le secteur exportateur continue de souffrir d’un coût élevé des intrants non salariaux, en particulier des prix de l’immobilier et des services aux entreprises, la compétitivité hors prix des entreprises est insuffisante.
Comment expliquer l’insuffisante performance qualité des exportations françaises ces quinze dernières années ? La population active française accuse, par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE, un déficit systématique sur les différents indicateurs des compétences requises dans un cadre professionnel. Les enquêtes de l’OCDE révèlent une obsolescence rapide des compétences acquises lors de la formation initiale. L’accès à la formation continue bénéficie peu aux personnes dont les besoins sont les plus importants (en 2013, 36% de la population active adulte en bénéficie contre 50% en moyenne dans l’OCDE et 70% dans les pays nordiques. Alors que 56% des diplômés de l’enseignement supérieur y participent, contre 17% chez ceux qui n’ont atteint que le deuxième cycle.
Les enquêtes sur la qualité du management et des pratiques organisationnelles au sein des entreprises révèlent un déficit important : l’indicateur synthétique du World Management Survey place la France assez loin des économies anglo-saxonnes, de l’Allemagne ou des économies nordiques; le retard est important dans ce qui influence positivement la qualité du management (autonomie des salariés, encadrement des managers, organisation du travail…). En cause, la qualité du capital humain, l’intensité insuffisante de la concurrence et des facteurs d’ordre culturel (rigidité de nos structures hiérarchiques).
Un déficit d’entreprises de taille intermédiaire capables d’exporter (4 600, deux fois moins que l’Allemagne qui en recense 10 000, quand le Royaume-Uni en totalise 8 000.) est une autre cause : sur 3 millions d’entreprises, seules 125 000 exportent; l’Italie en compte le double et l’Allemagne près de trois fois plus.
Le moindre diffusion du numérique dans l’économie pourrait s’expliquer, là encore, par le déficit de compétences de la population active et la faiblesse du management