Les cessions-transmissions dans les DOM : une population vieillissante de dirigeants de PME, avec 2 fois moins de cession qu’en métropole


« La cession-transmission des PME », les carnets de BPCE l’observatoire, mars 2014

 Le réseau d’entreprises, y compris individuelles, des départements d’outre-mer est plus dense que celui de la métropole ; la vitalité de la création d’entreprise a d’ailleurs tendance à maintenir cette supériorité dans le temps (à la Réunion et en Guyane, le taux de création a été plus élevé qu’en métropole depuis le milieu des années 2000.);

 la probabilité de survie à cinq ans (enquête Sine 2006-2011 de l’INSEE) est supérieure en Martinique et en Guadeloupe (respectivement 57% et 54%) qu’en métropole (52%), les créations de la Réunion apparaissant au contraire plus fragiles (42%). 

Cette forte densité d’entreprises tient pour beaucoup aux entités unipersonnelles, (76% contre 67% en France). Si la croissance des entreprises sans salarié y a été moins vive qu’en France depuis l’an 2000, celle des 1 à 9 salariés, presque nulle en France, a été de 38% dans les DOM.

 

Rappelons que le taux de chômage y est supérieur à 25% alors que l’emploi public est important (31,4 contre 20,5% pour la métropole) et l’emploi non salarié plus présent (15,9% contre 12,4%).

 

Les PME et ETI (5 633 en 2012) occupent 153 000 emplois, plus de la moitié des salariés du secteur marchand non agricole dans les DOM ; entre 2000 et 2012, le nombre de PME d’outre-mer a crû de 58% contre 23% pour la métropole (progression  forte et continue en Guyane, vive mais stabilisée depuis 2009 à la Réunion).

Si le nombre de TPE avec salarié et  celui de PME/ETI est en phase avec celui de la métropole, voire meilleur (densité en TPE et PME par ménage, le seul indicateur disponible), les cessions brutes connaissent des taux faibles au regard de la métropole et les disparitions, des taux plus élevés :

2012

France

DOM

Guadeloupe

Martinique

Guyane

Réunion

Nombre de TPE de 1-9 salarié

980 655

25 968

6 796

6 053

2 368

10 751

au regard du nombre de ménage (pour 10 000)

35,3

38,2

41,5

37,6

36,6

37,0

Nombre de PME/ETI

208 807

5 633

1 555

1 267

508

2 303

% au regard du nombre de ménage (pour 10 000)

7,5

8,3

9,5

7,9

7,9

7,9

Nombre de cessions bruts de PME en 2011-2012

22 853

297

64

58

24

151

Nombre de disparitions de PME en 2011-2012

4 657

397

128

84

29

146

Taux de cession brut de PME en 2011-2012

5,5

2,6

2,1

2,3

2,4

3,3

Taux de disparition de PME en 2011-2012

2,3

3,5

4,1

3,6

2,9

3,1

 Certaines activités sont sous-représentées (HCR, notamment en Guadeloupe, mais aussi les activités immobilières, l’information/communication, des activités de services à destination des ménages, celles de conseil et d’ingénierie aux entreprises et encore le commerce de gros) ; l’industrie manufacturière est également sous-représentée mais avec de fortes disparités : les points forts ressortent avant tout de l’économie résidentielle : commerce de détail, transports et BTP

 

Dense et dynamique, le tissu des PME dans les DOM est néanmoins fragile du fait tout d’abord de  la taille (68% des PME ont moins de 20 salariés contre 60% en moyenne nationale) et 23% se situent entre 20 et 49 salariés (contre 28%) tandis que seulement 0,7%, contre 2,3%, sont des ETI ; cette faible taille renvoie pour partie à des marchés souvent étroits et insulaires, rendant difficile et coûteuse une stratégie d’expansion.

Elles le sont aussi en santé financière (18% sont notées A ou B contre 40% en métropole) ; les taux de disparition des PME (en raison d’une liquidation ou sans accident judiciaire), sont plus élevés (3,5% contre 2,3).

 

On note aussi une forte proportion de dirigeants de plus de 60 ans et surtout de plus de 66 ans ; environ 11,3% des salariés de PME en 2012 seraient employés dans une structure dont le dirigeant a plus de 66 ans (contre 7,6% en métropole).

 

La proportion des PME d’outre-mer faisant l’objet d’une cession chaque année est d’environ 2,6% (moyenne 2011-2012), soit moins de la moitié de la moyenne des départements français (5,5%) ; si la Réunion se distingue avec un taux de 3,3%, les trois autres territoires se situent entre 2,1 et 2,4%.

Ce constat est le fait de l’ensemble des secteurs d’activité, certes expliqué partiellement par l’effet taille ; mais les taux de cession par taille montre que ceux-ci, en moyenne 2011-2012, ne dépassent guère dans les DOM la moitié de la moyenne nationale, aussi bien pour les PME de 10 à 19 salariés (1,8% contre 3,7%) que pour celles de plus de 20 salariés (4,3% contre 8,1%). Au-delà des effets structurels liés aux disparités de taille et de secteur, il existe bien une fragilité spécifique à l’outre-mer en matière de cession-transmission des PME ; et pourtant les dirigeants y sont plus âgés qu’en métropole ! Le taux de cession y est beaucoup trop bas.

Dirigeants

France

DOM

Guadeloupe

Martinique

Guyane

Réunion

2005

2012

2005

2012

2005

2012

2005

2012

2005

2012

2005

2012

60-65 ans

9,1

12,4

8,0

12,7

7,4

10,7

7,8

17,2

8,6

15,6

8,6

11,0

66 ans et plus

5,5

7,1

5,6

9,6

6,8

10,7

5,1

9,4

3,2

8,4

5,5

9,2

60 ans et plus dans entreprise

de plus de 20 salariés

17,5

23,4

16,4

29,0

16,4

25,7

16,8

36,9

12,6

29,3

16,9

26,7

                         

 L’analyse comparée des TPE de 2010 devenant des PME en 2011 (les entrées) et, en contrepartie, des PME de 2011 passant au stade de TPE en 2012 (les sorties) montre que l’introduction de cette variable ne compense pas les effets d’une cession faible et d’une disparition élevée.