L’évolution du nombre de commerces à Paris : -0,1% entre 2003 et 2017 et -1,9% entre 2017 et 2020.


"L’ÉVOLUTION DES COMMERCES À PARIS : INVENTAIRE DES COMMERCES 2020 ET ÉVOLUTION 2017-2021", Apur, avril 2021

Méthodologie : l’enquête 2020 prolonge les recensements réalisés lors des sept précédentes enquêtes de 2000, 2003, 2005, 2007, 2011, 2014 et 2017 en utilisant la même méthodologie afin d’être comparables entre elles.

Cette enquête 2020 s’est déroulée dans un contexte marqué par 2 périodes de fermetures des commerces et activités, dits non essentiels, en raison de la crise sanitaire de la COVID-19. L’enquête a eu lieu entre le 1er et le 29 octobre 2020, c’est-à-dire à un moment où tous les commerces étaient ouverts, juste avant la mise en place du 2e confinement. 20 enquêteurs ont participé.

 

Ce rapport fort précis sur le commerce, certes à Paris, donne toutefois à observer des tendances d’évolution qui se développent déjà ou risque de de développer sur le territoire.

 

Les nouveaux modes de commercialisation (e-commerce, marchés de niche, réseaux d’enseigne…) ont conduit à des mutations au sein du nombre de commerce.

 

83 400 locaux commerciaux dans Paris

83 399 locaux en rez-de-chaussée à Paris (-632 implantations au regard de 2017) : 74% de commerces et services commerciaux, 15,5% de bureaux, activités médicales, commerces de gros implantés dans d’anciens magasins mais qui ne sont plus des commerces et enfin 10,5% de locaux vacants (8 764 locaux).

 

96% des locaux sont en rez-de-chaussée sur rue. Un peu plus de 2 000 établissements se situent dans des galeries, passages, marchés couverts et centres commerciaux (3 %) et un peu moins de 600 sont implantés dans des cours d’immeubles (1%). On dénombre près de 400 kiosques. 97 % des locaux font moins de 50 m2, hors les hôtels.

⇒ Une baisse du nombre de commerces et services commerciaux :

1 164 établissements en moins entre 2017 et 2020 alors qu’ils étaient restés stables entre 2014 et 2017 (+ 95 unités entre 2014 et 2017). C’est le résultat d’un nombre très important de mouvements : près de 27% des commerces (16 700 mouvements) ont été enregistrés en 3 ans et demi (6900 commerces ayant changé d’activité au sein même de l’ensemble des commerces et services commerciaux + 9800 mouvements correspondant aux créations, disparitions et transformations en d’autres types de locaux). un taux plus élevé qu’entre 2014 et 2017, où ce taux était de 23 %

⇒ La progression du nombre de locaux en rez-de-chaussée vacants (911 supplémentaires entre 2017 et 2020).

Le taux de vacance passe de 9,3% à 10,5%, et touche notamment les arrondissements centraux. À l’inverse, dans les arrondissements périphériques, l’action combinée à partir de la fin 2017 du GIE « Paris Commerces » et du Contrat de Revitalisation Artisanale et Commerciale porté par la Semaest, aura permis de limiter des fermetures de commerces, notamment dans les quartiers prioritaires de la Politique de la Ville.

Le taux de vacance n’est plus que de 8,7% en 2020 si l’on prend en compte les commerces en travaux. La vacance de longue durée (1084 locaux vacants sans interruption depuis 2007) totalise 12% des locaux vacants en 2020.

La progression de la vacance dans ces arrondissements centraux est la résultante de plusieurs phénomènes qui se conjuguent : une diminution de la population, la chute brutale du tourisme à Paris Centre, liée à la crise sanitaire, le mouvement des « gilets jaunes” et les gréves.

⇒ L’évolution du nombre de commerces par grands secteurs d’activité (des plus nombreux au moins nombreux)

Le classement par secteur d’activité fait par l’Apur lui est propre, ne s’alignant pas sur les nomenclatures habituelles.

 

Les évolutions montrées par l’enquête 2020 vont dans le sens d’une transformation de la nature des commerces dans les quartiers les plus touristiques de Paris, avec une part de plus en plus importante des commerces tournés vers les touristes que vers la consommation quotidienne. Par ailleurs, le nombre de commerces de gros a diminué des deux-tiers par rapport à 2000 (organisation de la logistique en ville). Par ailleurs, on constate une forte progression du nombre de cafés et restaurants mais aussi un fort taux de rotation au sein de ces établissements. Fait nouveau en revanche, le poids des enseignes recule un peu entre 2017 et 2020, ce qui tient notamment à la perte de vitesse du secteur de l’équipement de la personne.

Entrons plus avant par grand secteur d’activité :

 

♦ Le nombre de cafés et restaurants (15 247 établissements, 25% des commerces en activité), en forte hausse depuis 2003 (+20,2%, une des plus fortes hausses), sans faiblir entre 2017 et 2020 (+4,5%). Cette hausse est le fait des restaurants asiatiques, et des restaurants européens mais surtout la restauration rapide assise. En 2020, un grand nombre d’établissements franchisés ou appartenant à un réseau d’enseignes coexistent avec les restaurants indépendants, mais ce sont ces derniers qui augmentent le plus. Dans le même temps, la lente baisse des brasseries et des cafés-tabacs se poursuit.

Noter que 8% seulement appartiennent à une enseigne.

 

♦ Les services aux particuliers (12 552 établissements, 20% des commerces) sont plutôt stables entre 2003 et 2020 (-3,1%), mais avec des évolutions assez marquées pour certaines activités : baisse des agences de voyages, de l’artisanat du bâtiment (habituellement classé dans une rubrique spécifique), des blanchisseries et, à l’inverse, hausse des activités de services liées aux soins du corps. Un étrange mélange des activités très en décalage avec la nomenclature habituelle.

 

♦ Le secteur alimentaire (7 682 commerces, 12,5% des magasins) : le nombre de magasin progresse de 10,2% entre 2003 et 2020 (et même entre 2017 et 2020 avec+1,5%). 34% sont le fait d’enseigne (davantage que la moyenne 23%).

Le nombre des commerces alimentaires spécialisés est stable (5 469 boulangeries, boucheries, crémeries, poissonneries, primeurs, 71% de ce sous-groupe) ; un millier d’entre eux se sont regroupés depuis très longtemps dans les rues “marché ».

Par contre, on constate une hausse des commerces dit de « niche » : les glaciers (+117% depuis 2003), les torréfacteurs (+64%), des magasins de produits surgelés (+52%), dont 90% appartiennent à l’enseigne Picard, la vente de produits étrangers ou régionaux (+52%) ou les pâtisseries (+ 45%).

 

La progression la plus forte en nombre du nombre de magasins alimentaires depuis 2011 est due principalement aux magasins généralistes (+5%, +105 établissements entre 2017 et 2020) : petites épiceries de quartier de moins de 120 m², supérettes (entre 120 et 400 m²), supermarchés (de 400 à 2500 m²), des Monoprix (surface variable entre 800 et 5000 m²) et de 3 hypermarchés (plus de 2500 m²). Les supérettes « classiques » représentent plus de la moitié des créations (55 sur 105), dont la plupart (40) vendent uniquement des produits « bio » (+67%).

 

 

♦ Les commerces d’équipement de la personne (7 325 magasins, 12% des commerces), dont le nombre baisse depuis 2003 (-12%), dont -13% entre 2017 et 2020. La cause principale est due à la montée en puissance du commerce en ligne (les ventes de textile et d’habillement augmentent de 11% pour le e-commerce mais diminuent de 26% pour celles effectuées en magasin). Depuis 2017, c’est le secteur qui perd le plus de magasins, notamment dans l’habillement, la chaussure, et la bijouterie et les montres. Seul le nombre de magasins proposant des vêtements de seconde main augmente légèrement.

 

♦ Les commerces culturels et de loisirs (5 290 magasins, 8,6% des commerces), sont en diminution depuis 2003 (-17%) dont -5% entre 2017 et 2020, impactés notamment par la concurrence de la vente en ligne. Sont en baisse la vente d’articles souvenirs, les librairies, la vente de presse, les galeries d’art, les magasins d’informatique et de jouets. Certaines activités enregistrent des progressions :  la téléphonie discount et vente d’accessoires, les magasins de cigarettes électroniques (apparus entre 2011 et 2014, dont le nombre avait connu une baisse entre 2014 et 2017, ils se remettent à augmenter sur cette dernière période).

 

♦ Les agences (4 240 établissements) sont en baisse depuis 2007, concurrencées par la digitalisation des services : on y trouve les banques, les assurances, alors que les agences immobilières progressent.

 

♦ La santé-beauté et le bien-être (2 852 magasins, 4,6% des magasins) progressent depuis 2003 (+24% la plus forte hausse), sans se démentir entre 2017 et 2020 (+1,5%) avec une augmentation des parfumeries, des magasins de vente de prothèses auditives, des ongleries, des instituts de beauté, des salons de massage, salles de sport spécialisées et, dans une moindre mesure, de coiffeurs : mais aussi une baisse du nombre de pharmacies du fait de la concurrence qu’exercent les parapharmacies en hausse de 18% depuis 2017). 90% des Parisiens habitent à moins de 5 minutes d’une des 899 pharmacies présentes à Paris.

 

♦ Les magasins d’équipement de la maison (2 666 magasins, 4% des commerces) sont en baisse continue depuis une quinzaine d’années (-39% entre 2003 et 2020 la plus forte baisse, repérée aussi entre 2017-2020 avec -10%). Elle concerne les magasins de meubles, les antiquaires et les bazars.

 

♦ Les hôtels (1 894 établissements, 3% des établissements) sont en baisse de 6% depuis 2003.

 

♦ Les magasins de bricolage et jardinage (907 magasins, 1,5% des commerces), eux aussi en constante diminution depuis 2003 (-24%) : baisse des commerces de bricolage et des fleuristes.

 

♦ Les magasins de vente et réparation automobile (823 établissements, 1,3% des établissements), sont en diminution continue depuis 20 ans (-29% depuis 2003, dont -8 entre 2017 et 2020) : baisse du nombre de garages et concessionnaires, de location de véhicules et de stations-service. Par contre, la vente, réparation, location de vélos et vélos électriques augmente.

 

Deux spécificités

 

♦ Le développement du e-commerce 

Le changement d’habitude de consommation et la crise sanitaire ont grandement contribué à son développement. En 2020, les places de marché ont vu leur activité augmenter de 27%, deux fois plus vite qu’en 2019. Pour s’adapter aux spécificités du contexte parisien, les distributeurs ont développé, depuis 2018, le concept de « drive piéton » où les clients ne viennent plus en voiture mais à pied pour retirer leurs paquets : l’avantage pour le client est de disposer, par internet, d’une offre beaucoup plus importante de produits (12 000 à 15 000 au lieu de 3 000 à 5 000 dans un supermarché parisien), et de payer moins cher que dans une supérette ou un supermarché traditionnel.

 

♦ Les réseaux d’enseigne sont en perte de vitesse.

Ils représentent 23% du nombre de commerces à Paris (14 000), mais 38% des surfaces de vente. Si le nombre de commerces en réseaux n’a cessé de progresser jusqu’en 2017 (+31,6%), il diminue de 7,9% entre 2017 et 2020. Ce sont sur Paris 3 700 enseignes différentes.

 

La proportion de réseaux est très variable selon les différents secteurs d’activité. Certains secteurs ont une part nettement plus élevée que la moyenne calculée à Paris (23%), c’est le cas pour les agences (banques, assurances) ou encore les commerces liés à l’auto-moto pour lesquels la part des réseaux est deux fois plus élevée que la moyenne parisienne (respectivement avec 53% et 47%). D’autres secteurs sont fortement concernés également par la présence des réseaux comme les commerces d’équipement de la personne (habillement, chaussures, bijoux…) avec 42% et les commerces du secteur alimentaire (34%). À l’inverse, ils le sont peu dans les cafés et restaurants (8%), les magasins culturels et de loisirs (13%), les services aux particuliers (16%), voire les commerces de bricolage et jardinage (18%).

 

Cette baisse du nombre de réseaux commerciaux trouve une partie de son origine dans la diminution des effectifs de certaines activités fortement pourvoyeuses de magasins appartenant à des chaînes (magasins d’habillement notamment, avec une perte de 1 000 établissements).

⇒ Une observation fine des activités en croissance et celles en décroissance

 

⇒ Paris est la ville française qui compte le plus grand nombre de commerces, y compris rapporté à son nombre d’habitants

Paris se caractérise par une densité de commerces très élevée, ces commerces s’adressant non seulement à la population qui réside dans la capitale (2,2 millions) mais aussi à celle qui vient y travailler (1 million d’actifs qui travaillent chaque jour à Paris sans y habiter), à celle des étudiants et la clientèle touristique très nombreuse en temps normal.

Les grandes villes ont une densité de population supérieure à 4 500 habitants au km² et l’écart avec Paris va de 1 à plus de 4 pour Lyon, Marseille, Nancy, Lille, Nice, Bordeaux et Nantes.  

 

Paris compte principalement plus de bars, cafés et restaurants ; dans le secteur de la restauration où l’on ne dénombre pas moins de 10,2 restaurants pour 1000 habitants à Paris on en compte 9,3 à Bordeaux, 8 à Lille et même deux fois moins à Nantes avec 5,1. Autre secteur, celui des commerces non alimentaires avec un total de 9,9 commerces pour 1000 habitants contre 6,8 à Bordeaux, 6,5 à Nice. La poursuite de la hausse du nombre de commerces alimentaires à Paris entre 2017 et 2020 explique que leur densité soit une nouvelle fois la plus élevée des 8 communes analysées après celle observée en 2016; elle est de 3,2 commerces pour 1000 habitants en 2019 contre 3 à Nice ou encore 2,9 à Marseille

 

D’après les recherches qui avaient été faites en 2014, sur la densité comparée du nombre de commerces à Paris et à Londres, il apparaissait que cette densité était plus forte à Paris en excluant les services commerciaux, on comptait 19 commerces pour 1000 habitants à Paris pour 12 commerces pour 1000 habitants à Londres.

 

Le rapport décrit aussi les différentes formes d’aides publiques pour soutenir les commerces parisiens et fournit de nombreuses cartes.

 

Pour en savoir davantage : Inventaire des commerces à Paris en 2020 et évolution 2017-2020 | Apur