Les entreprises artisanales sont assez peu présentes dans les Quartiers Politique de la Ville.


"L’ARTISANAT DANS LES QUARTIERS PRIORITAIRES DE LA VILLE DES HAUTS-DE-FRANCE", CMA Hauts de France, novembre 2019

Méthodologie : “la Chambre de métiers et de l’artisanat Hauts-de-France, les agences d’urbanismes régionales et certaines collectivités locales ont conduit ce travail. Pour la première fois en région on y trouve un état des lieux de l’artisanat dans l’intégralité des Quartiers Prioritaires de la Ville des Hauts-de-France à partir du traitement des données issues principalement du Répertoire des métiers et des bases de données sur l’apprentissage, à l’échelle des quartiers.
Une approche qualitative complète ce travail et s’intéresse à la situation de cinq quartiers, sous l’angle de la présence artisanale et de sa dynamique.”

 

Si la structure artisanale (type d’activité, nature juridique, évolution des immatriculations…) est assez proche que l’on soit en QPV ou non, la densité en entreprises artisanales est bien plus faible et les entreprises plus récentes.

 

Au 1er janvier 2017, les entreprises artisanales dans les Quartiers Politique de la Ville en Hauts-de-France sont 6,2% des entreprises et 6,1% des établissements soit 4 838 entreprises artisanales et 5 043 établissements artisanaux, contre, dans la région Hauts-de-France, 78 182 entreprises et 82 222 établissements.

 

⇒ La structure des entreprises artisanales est assez proche en QPV de celle de l’espace régional (poids économique, répartition des activités, natures juridiques , évolutions des immatriculations)

 

l’artisanat en QPV compte pour 25,4% des entreprises contre 26,8% pour la région Hauts-de-France. Par contre, il faut constater des disparités selon les départements, surtout en ce qui concerne les activités.

 

* En ce qui concerne les départements, le Nord est le département des Hauts-de-France où le poids de l’artisanat est le plus faible, que ce soit en QPV (23,5%) ou global (23,3%). Dans les autres départements, la part des établissements artisanaux  varie de  28,4 à 31,9% au global et de 27,9 à 31,6% en QPV.

Le poids de l’artisanat est proche entre espaces QPV et département, en ce qui concerne le Nord, la Somme et l’Oise; le département du Pas-de-Calais fait figure d’exception puisque le poids de l’artisanat est plus important dans les QPV (31,6%) que dans l’ensemble de l’économie départementale (28,4%); à l’inverse, il est plus faible dans l’Aisne (27,9 en QPV vs 31,9%).

 

* En ce qui concerne les activités

L’artisanat est majoritairement présent dans les secteurs du BTP (36,4% globalement) et des services (36,3%), loin devant l’artisanat de production (14,8%) et celui de l’alimentation (12,5%); Cette répartition est assez proche en ce qui concerne les QPV, avec quelques différences.

De fait, dans les QPV, l’alimentation est proportionnellement plus présente (16,5% des entreprises artisanales vs 12,2 dans le hors QPV), ainsi que les services, mais tout juste (36,8% vs 36,3), alors qu‘elle l’est moins dans le BTP (35,8% vs 36,4%) et dans l’artisanat de production (10,9% vs 14,8%).

 

On observe toutefois des décalages entre le poids de l’artisanat pour certains secteurs d’activité entre QPV au sein d’un département et le département (global).

-Dans les QPV de l’Aisne, il y a surreprésentation du secteur des services (43,7% des établissements artisanaux en QPV contre 35,7% en moyenne départementale et 36,4 au niveau régional) et une sous-représentation du BTP (30,2% contre 40,3% en moyenne départementale et 36,4 au niveau régional).

-Dans les QPV de l’Oise, une nette sous-représentation de l’artisanat de production (5,3% vs 13,4 et 14,8).

-Dans les QPV de la Somme, une forte surreprésentation du secteur alimentaire (29,7% vs 16,2 et 12,5), alors que l’artisanat de production est nettement sous représenté (6,1% vs 15 et 14,8%).

-Dans les QPV du Nord et du-Pas-de-Calais,on observe fort peu de variation significative dans la comparaison avec les départements.

 

Un autre indicateur est aussi utilisé : celui de l’artisanat de proximité

L’économie de proximité se caractérise par un ensemble d’échanges directs entre les consommateurs et les entreprises ayant un ancrage territorial commun et donc certaines entreprise localisées sur ce marché.

L’offre artisanale présente dans les QPV régionaux est un peu plus orientée vers la proximité (40,4% des établissements artisanaux vs 38,4% en moyenne régionale).

Dans l’Aisne, l’artisanat de proximité y est la plus élevée (46,2% vs 36,4 pour l’ensemble de l’artisanat départemental), alors que dans l’Oise, cette part est très inférieure (25,4% vs 32,5 au niveau départemental); les départements du Pas-de-Calais et de la Somme présentent les profils les plus homogènes.

 

Les élements fournis dans l’étude en permettent pas d’analyser le pourquoi de ces différences.

 

* En ce qui concerne les formes juridiques

On observe peu de variations significatives entre les entreprises artisanales en QPV et les autres de la région. Que ce soit en QPV ou hors QPV, les entreprises artisanales des Hauts-de-France sont majoritairement constituées en société (entre 44,4 et 45,1% des entreprises artisanales); en revanche, on observe une part plus importante de microentreprises parmi les entreprises artisanales installées en QPV (32,9%) comparativement au niveau régional (26%). On aurait pu s’attendre à un poids plus marquant.

L’une des explications tient dans la relative jeunesse des entreprises artisanales en QPV. De fait les entreprises de 3 à 5 ans d’ancienneté sont en QPV 50% à être autoentrepreneur (vs 42,7% la globalité), mais les moins de 3 ans 57,1% vs 59,2.

 

Cette observation est à nouveau corrigée si l’on observe les immatriculations 2016, la répartition étant très proche : création en société (60% pour les QPV et 62,1 hors QPV), en  autoentrepreneur (34,5% vs 30,7) et autre entreprise individuelle (5,5% vs 7,2). C’est dire que l’autoentrepreneuriat a davantage attiré les nouveaux installés dans les premières années de ce régime

 

* En ce qui concerne l’évolution du nombre d’immatriculations entre 2012 et 2017

Le nombre d’établissements artisanaux en QPV a progressé de +15% entre 2012 et 2017, un peu moins que la progression constatée sur l’ensemble du territoire régional (+16,4%). Certes, il y a de fortes différences selon les départements :

 

Au niveau de la région, la croissance des établissements artisanaux en QPV est portée par le secteur des services (+32,5%) et dans une moindre mesure par le secteur de l’alimentation (+21,1%); dans le bâtiment, la progression est modérée (+7,8%) tandis qu’on enregistre une diminution dans le secteur de la production (-2,8%).

⇒ 5 différences majeures

* La densité par habitant en entreprises artisanales

La densité en entreprises artisanales pour 10 000 habitants est bien plus faible : de 1,4 fois moins dans le Nord, à 2 à 3 fois moins dans les autres départements.

 

 

* Des entreprises artisanales globalement plus jeunes : dans les Hauts de France, l’ancienneté moyenne des entreprises artisanales est de 9 ans (calculée au 1er janvier 2017, à partir de la date d’immatriculation de l’entreprise) vs 7,1 ans les QPV de la région; noter qu’elle est de 6,2 ans dans la Somme et de 5,1 ans dans l’Oise.

La proportion d’entreprises artisanales de moins de 3 ans est nettement plus importante en QPV que celle constatée au niveau régional (34,9% contre 25,2%), alors que les 10 ans et plus sont 32,9% dans les espaces hors QPV vs 21% dans les QPV.

* Des dirigeants plus jeunes dans les QPV : 43,7 ans (43,1 pour les femmes 43,8 pour les hommes vs dans la région 45,6 ans (44,2 pour les femmes et 46,1 pour les hommes) contre ). En QPV, 39,5% ont moins de 40 ans alors qu’ils ne sont que 30,6% au niveau régional ; 9,3% moins de 30 ans contre 7,2% au niveau régional; à contrario, 19,6% ont au moins 55 ans vs 24,3%.

* Moins de femmes : elles sont 20,7% des dirigeants d’entreprises artisanales en QPV alors qu’au niveau régional elles constituent 26,2% de cette population.

A mesure de l’avancement dans l’âge, la proportion de femmes se réduit de manière importante, passant progressivement de 38,9% de moins de 25 ans à 22,2% des 55 à 59 ans
En QPV, la proportion de femmes se réduit plus modérément, passant de 25,8% des chefs d’entreprise artisanale de moins de 25 ans à 23,1% des 30 à 34 ans pour se stabiliser ensuite dans une fourchette se situant entre 19,3% et 22,5% de la classe d’âge .

 

*En 2016 le taux d’immatriculation (nombre de création comparé au stock) est plus élevé pour les QPV (18,1% vs 14,1 pour la région), mais le taux de radiation est aussi plus élevé (15,8% vs 11).

 

*Une densité en emplois salariés pour 10 000 habitants bien plus faible

 

Au 1er janvier 2017, on compte 6 775 salariés de l’artisanat dans les QPV, dans 1 572 établissements employeurs (4,3 salariés par employeur). Dans la région Hauts-de-France, on dénombre 151 554 emplois salariés de l’artisanat pour 32 087 établissements employeurs (4,7 salariés par employeur). Assez peu de différences, en termes de structure.

Toutefois, les établissements artisanaux emploient en moyenne moins de salariés en QPV que dans la région : -1 dans l’artisanat de production, -0,6 dans l’alimentation et -0,3 dans le bâtiment.

Mais rapporté à la population des territoires, l’emploi artisanal dans les QPV est moins présent : la densité d’emplois artisanaux est plus de deux fois moins élevée (101,4 emplois artisanaux pour 10 000 habitants dans les QPV) vs au niveau régional (252,3 pour 10 000 habitants). L‘analyse par département  révèle de grands écarts.

 

En termes d’activité, dans les QPV, comparativement à la situation régionale, la répartition est plus favorable aux secteurs des services (32,3% des emplois artisanaux en QPV contre 27,4% au niveau régional) et de l’alimentation (23,9% des emplois artisanaux en QPV contre16,6%); le constat est inverse pour les secteurs du bâtiment (29,7% des emplois artisanaux en QPV contre 35,7% à l’échelle régionale) et de l’artisanat de production (14,1% des emplois artisanaux en QPV contre 20,4% au niveau régional).

⇒ Un zoom sur l’apprentissage

Au1er janvier 2017, on dénombre 1 093 apprentis résidant en QPV dans 346 établissements; ces derniers ont conclu 495 contrats d’apprentissage (11 869 dans la région).

 

Les contrats d’apprentissage dans les établissements artisanaux situés en QPV se répartissent avant tout dans le secteur alimentaire (43,2% des apprentis), bien plus qu’au niveau régional (33,5% des apprentis), mais moins dans le BTP  (26,1% vs 31,3) ou la production (2% vs 6,8); par contre la part des apprentis des services (28,7%) est sensiblement équivalente à celle constatée au niveau régional.

 

Le taux d’accès à l’apprentissage (nombre d’apprentis pour 1 000 habitants de 15 à 24 ans) est inférieur dans les QPV des Hauts-de-France que dans l’ensemble de la région (10,6‰ contre 15,2‰).

Ils sont par ailleurs proportionnellement plus nombreux à suivre une formation de niveau 5 (74,8% contre 66% pour les apprentis de la région) et moins nombreux à suivre une formation de niveau supérieur, surtout de niveau 3 (20,1% contre 26,1% pour les apprentis de la région).

 

Les établissements en QPV recourent moins à l’apprentissage : 9,8 contrats d’apprentissage pour 100 établissements artisanaux vs 14,4 pour pour l’ensemble de la région.

 

Les apprentis en QPV résident plus souvent à proximité de leur lieu de travail (19,4% vs 7,3) ou à proximité (46% à au plus 10 km vs 25,5); peu au-delà de 20 km (30,4% vs 50,5).

Ce constat sur l’apprentissage pourrait fournir une 6éme différence entre les espaces QPV et la globalité des entreprises de la région

 

L’étude se termine par un examen des entreprises artisanales en QPV par activité au sein des EPCI.

 

Pour en savoir davantage : https://www.cma-hautsdefrance.fr/sinspirer/les-publications/etudes/