Un nouvel article sur les start-up (innovantes, levées de fonds, gazelles).


"Caractéristiques et dynamiques de l’emploi dans les start‑up en France", Insee, les entreprises en France, édition 2021, lu décembre 2021

Source : Cette étude porte sur les unités légales présentes au moins une année dans les fichiers approchés du résultat d’Esane (Fare) de 2015 à 2018. Sont exclues les unités légales ayant été au moins un an des micro-entreprises au sens fiscal, repérées à l’aide des liasses fiscales, ainsi que les unités légales ayant été des entreprises individuelles au moins un an.

 

Une comparaison intérressante entre les innovantes, les gazelles, celles ayant levé des fonds importants avec la population des jeunes entreprises en société (estimées en mesure de développer selon l’Insee).

⇒ La définition de la start-up

Une start‑up est une entreprise nouvelle qui porte un projet d’innovation et présente un potentiel de croissance. Cependant, ce concept recouvre plusieurs aspects ;  il n’existe pas de définition unique sur laquelle la statistique pourrait s’appuyer.

 

4 définitions non exclusives l’une de l’autre sont utilisées :

 

Les jeunes entreprise (1 059 034 entreprises), définies comme les entreprises en société de moins de 8 ans : 95% sont des TPE, et ont souvent moins de 3 ans.
Leur CA moyen est relativement faible (277 000€) et peu réalisé à l’export (6%). Près des 2/3 ont un excédent brut d’exploitation (EBE) positif, traduisant une rentabilité opérationnelle.

 

Peut-on identifier les nouvelles sociétés comme des start-up, je ne le pense pas, au risque de continuer la confusion permanente sur ce terme, qu’il faudrait réserver aux innovantes, aux gazelles et à celles qui font des levées de fonds importantes.

 

♦ Les entreprises innovantes (12 854 entreprises), définies comme les entreprises de moins de 8 ans ayant bénéficié d’au moins une aide à la R&D ou à l’innovation.

Noter que de très nombreuses jeunes entreprises, parmi l’ensemble des entreprises, n’ont pas de dimension innovante : seules 1% ont recours aux dispositifs d’aide à l’innovation (0,1% sont des gazelles). On pourrait dire toutefois que 36% des jeunes entreprises sont innovantes au sens large.

 

Ces entreprises sont plus jeunes que les gazelles et les entreprises ayant levé des fonds (3,5 ans en moyenne). 82% sont des TPE et 2% des gazelles. 74% exercent dans les secteurs des services aux entreprises dont l’informatique‑communication, et 11% dans l’industrie. Le chiffre d’affaires moyen des entreprises innovantes est de 1,3M€ dont 20% réalisés à l’export. Seules 42% sont rentables (avec un EBE positif).

 

♦ Les entreprises ayant levé des fonds (5 758 entreprises), sont définies comme des entreprises de moins de 8 ans ayant un capital social supérieur à 200 000€ mais qui était inférieur à 100 000€ 3 ans auparavant.

Elles sont relativement jeunes (4 ans en moyenne). La quasi‑totalité sont des PME et en majorité des TPE et 2% des gazelles. Si 32% exercent dans les services aux entreprises, 31% le font dans les activités financières et d’assurance. Leur chiffre d’affaires moyen est de 1,4M€ dont 10% à l’export. Moins de la moitié d’entre elles ont un EBE positif. 36% avaient une idée nouvelle de produit, de service ou de marché à leur création en 2014 et 53% étaient innovantes entre 2016 et 2018.

 

♦ Les entreprises à forte croissance, ou gazelles (1 583 entreprises), définies comme les entreprises de moins de 8 ans dont le chiffre d’affaires (CA) augmente en moyenne de plus de 20% par an sur les 3 dernières années et ayant au moins 10 emplois salariés en équivalent temps plein.

Elles sont en moyenne plus âgées (5 ans). Ce sont majoritairement des PME (88%), mais aussi des TPE (9%). 40% sont dans le secteur des services aux entreprises, mais aussi 30%  dans des secteurs moins innovants (commerce, transport, l’hébergement) et 14% dans la construction. Une gazelle sur cinq est aussi une entreprise innovante. Leur chiffre d’affaires est élevé (7,6M€), mais peu issu des exportations (8%).

Et par secteur d’activité :

⇒ En termes d’emploi

En 2018, les start-up emploient 1,7 million de salarié : les jeunes entreprises 1,5 million de salariés en équivalent temps plein, les entreprises innovantes 114 000 emplois (en majorité des CD et des cadres), les gazelles 75 000 salariés, les entreprises ayant levé des fonds 39 000 salariés.

Les start-up, en excluant les jeunes entreprises, n’emploient en 2018 que 228 000 salariés (à peine 1% des salariés du secteur privé en 2018).

 

♦ La part de l’emploi en CDI est plus faible chez les jeunes entreprises (77% de l’emploi) que pour les trois autres populations (84% chacune).

 

♦ Toutes populations confondues, les emplois occupés par des femmes se situe entre 35 et 38%, alors qu’elles représentent 48% de la population active.

L’écart est surtout marqué chez les gazelles pour les cadres et ingénieurs ; il l’est aussi pour les ingénieurs au sein des entreprises innovantes.
Les femmes sont particulièrement sous‑représentées parmi les techniciens chez les jeunes entreprises et celles qui innovent. Les emplois d’employés et ouvriers sont eux aussi moins féminisés, particulièrement en entreprises innovantes.

Les écarts de rémunération hommes‑femmes sont de 2 400€ inférieurs en moyenne pour les cadres en entreprises innovantes et de 2 700€ pour les ingénieurs en gazelles.

 

La part de cadres est relativement faible chez les jeunes entreprises (13%, dont 40% d’ingénieur), 30% (dont entre 14 et 16% d’ingénieur) chez les gazelles et les entreprises ayant levé des fonds. contre 49% (dont 67% d’ingénieur) chez les innovantes.

 

Les ingénieurs, cadres techniques d’entreprise et les techniciens sont globalement plus présents au sein des start‑up que chez non start‑up (20,5 points de plus que leurs homologues non start‑up), avec une surreprésentation des profils à haut niveau de technicité au sein des entreprises innovantes (+ 24,2 points pour les ingénieurs et + 4,3 points pour les techniciens en comparaison à leurs homologues non innovantes). Le recours aux techniciens est également plus élevé dans les gazelles (+ 1,2 point) et les entreprises levant des fonds (+ 0,5 point) ; en revanche, les jeunes entreprises ont relativement moins recours aux techniciens que leurs homologues non start‑up (– 0,3 point).

 

À l’inverse, les ouvriers représentent 32% chez les jeunes entreprises, contre 25% chez les gazelles et les entreprises ayant levé des fonds, et seulement 10% dans les entreprises innovantes. Ces différences se retrouvent chez les employés, moins présents chez les entreprises innovantes (17%) que chez les gazelles et entreprises ayant levé des fonds (28%) ou chez les jeunes entreprises (37%).

 

♦ Chez les jeunes entreprises, le salaire brut moyen s’élève à 32 000€ par an, 42 000€ chez les gazelles, 46 000€ chez les entreprises levant des fonds et 51 000€ chez les innovantes. 

 

Les cadres des jeunes entreprises gagnent en moyenne 1 500€ de moins que s’ils travaillaient dans des entreprises plus âgées (- 2 000€ pour les ingénieurs), les professions intermédiaires environ 1 100€ de moins (-940€ pour les techniciens), les employés et ouvriers, 720€ de moins ; l’écart est légèrement moins important pour les salariés en CDI.

 

L’avantage salarial annuel brut est de 4 500€ pour les salariés en entreprises levant des fonds (4 900€ pour ceux en CDI) ; cette moyenne est tirée à la hausse par les chefs d’entreprise qui gagnent en moyenne 22 900€ de plus que chez leurs homologues non start‑up.

Les cadres  gagnent en moyenne 2 900€ de plus que dans des entreprises non start‑up (2 500€ annuels de plus s’ils sont en CDI) ; parmi eux, les ingénieurs et cadres techniques gagnent 1 800€ de plus (2 300 euros pour ceux en CDI), les techniciens en CDI (1 700€ de plus) pour les techniciens en CDI) et 2 000€ pour les employés et ouvriers.

 

Globalement les entreprises innovantes valorisent mieux leurs salariés en CDI (en moyenne + 1 700€), en particulier, les employés et ouvriers (+1 000€, et même 2 800€ pour les CDI). À l’inverse, les cadres sont les seuls à gagner moins que s’ils travaillaient dans des entreprises non start‑up (-5 600€ et -5 000€  pour les seuls ingénieurs et cadres techniques d’entreprise).

 

Les gazelles valorisent leurs employés et ouvriers en CDI de 1 300€ de plus qu’ailleurs, mais elle rémunèrent leurs ingénieurs et cadres techniques 2 200€ de moins qu’ailleurs.

⇒ L’évolution de l’emploi et la capacité à recruter

Les start‑up créent plus d’emplois que les autres entreprises :

Alors qu’elles avaient des effectifs en 2015 similaires, les start‑up sont en moyenne plus grandes en 2018 que leurs homologues non start‑up : l’écart est de 2 emplois pour les jeunes entreprises, de 8 pour les entreprises levant des fonds, de 18 pour les gazelles et de 52 pour les entreprises innovantes.

 

♦ Le caractère innovant de l’entreprise est un facteur déterminant dans sa probabilité d’anticiper des difficultés d’embauche.

En 2019, entre 55 et 64% des entreprises identifiées comme start‑up déclarent anticiper des tensions à l’embauche, soit de 2 à 11 points de plus que les non start‑up. Parmi les jeunes, 55% des gazelles et 61% d’entreprises ayant levé des fonds anticipent des tensions à l’embauche, contre 64% chez les entreprises innovantes. Cela pourrait être lié au manque d’attractivité des entreprises innovantes qui rémunèrent moins en moyenne leurs cadres.

⇒ La crise sanitaire de 2020

Pour les gazelles, les entreprises innovantes et les jeunes entreprises, l’effectif a baissé respectivement de 14, 7 et 4% entre le dernier trimestre de 2019 et le premier de 2020, alors que celui des entreprises ayant levé des fonds est resté stable.

 

Pour en savoir davantage : “Caractéristiques et dynamiques de l’emploi dans les start‑up en France” page 56-67 dans Caractéristiques et dynamiques de l’emploi dans les start-up en France − Les entreprises en France | Insee