Que pensent les Français de leurs entreprises ?


"Les Français et les entreprises en 2024", CCIfrance, Opinion Way, janvier 2024

Méthodologie : échantillon de 1005 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, interrogé par questionnaire auto-administré en ligne sur système CAWI.  L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence. Les interviews ont été réalisées les 3 et 4 janvier 2024.

 

A partir de cette interrogation développée dans l’analyse, je propose une comparaison entre les opinions des indépendants et des salariés.

⇒ La confiance dans les entreprises

La confiance est toujours le fait de la proximité : 54% ont confiance dans les entreprises de leur territoire vs 27 à 31% pour les entreprises en France, en Europe ou dans le monde.

Noter que les 18-24 ans sont ceux qui font le plus confiance aux entreprises de leur territoire (70% vs 47 à 58 pour les autres tranches d’âge) ; il en est de même plus modestement des hommes (59% vs 50 les femmes). Cette confiance est à peine plus importante pour les CSP+ (54, et 58% pour les cadres supérieurs) vs 50 pour les CSP- et 58 pour les retraités ; noter qu’elle chiffre 57% pour les indépendants vs 50 pour les salariés.

⇒ Les sujets sur lesquels les entreprises sont attendues

♦ Quels sujets  ? 

-Le pouvoir d’achat (55%) : davantage les 25-34 ans (64%), et les CSP- (62%), moins les retraités (46%),

-La production locale et les circuits courts (41%) : davantage les femmes (46 vs 36 les hommes) et les 50 ans et plus (48%), 

et dans la même veine, le made in France (39%) : là encore les femmes (42% v 36), les 65 ans et plus (47%) mais peu les jeunes (29%), ou encore la transition écologique (26%) sans grand écart entre les items,

-L’accélération de l’industrialisation (25%) : davantage les hommes (32 vs 18), les cadres supérieurs (30), les plus de 65 ans (42) mais peu les jeunes (9), les CSP- (19), les ouvriers (13) ou les chômeurs (10), et dans la même veine la redynamisation des territoires (21%), mais peu les jeunes (12),

-la progression sociale des salariés (26%), bien sûr les jeunes (31), les professions intermédiaires (35) et dans la même veine, l’inclusion des salariés en difficulté au sein des entreprises (15%), notamment les jeunes (27%)

 

♦ Les entreprises devraient en 2024 avoir un impact sur :

-Du coté de la transformation du territoire : la production du made in France (71%), les circuits courts (71%), la réindustrialisation (64%), la redynamisation des territoires (63) et la transition écologique (54),

-Plus modeste du coté de ceux en lien avec les entreprises : l’inclusion au sein des entreprises (jeunes, sénior, handicapés ..) avec 58%, les prix des produits et services qu’elles vendent (51), le lien social au sein de la population (48), le pouvoir d’achat des consommateurs (44).

 

Les entreprises ne prennent pas assez en compte : en ce qui concerne leur personnel, de l’inclusion de tous les publics parmi leurs salariés (handicapés, seniors, chômeurs longue durée…) selon 21%, notamment les moins de 35 ans (30-35%), les CSP+ (30), ni encore les mobilités douces pour leurs salariés (13),

 

Et par ailleurs en ce qui concernent leurs productions et leurs impacts :

– Le recyclage des biens qu’elles produisent (17%), 

– La relocalisation de leurs activités (15) et même 26 les 18-24 ans, 
– La décarbonation dans leur fonctionnement, leur processus de fabrication (14) dont seulement 6 les indépendants,
-La réparabilité des biens qu’elles produisent dans leur processus de fabrication (13), mais 19 les indépendants, et 8 les retraités.

 

♦ Des attentes indispensables à propos de leurs personnels :

-S’investir davantage dans la formation des jeunes (87 importants dont 59 indispensables), mais 75% des 18-24 ans le jugent moins importants, alors que c’est l’inverse pour 96% des 65 ans et plus,
-Assurer davantage la parité femmes/hommes dans les entreprises (83%, dont indispensables )45) mais observer l’écart femmes (87) et hommes (77), 
-Trouver des solutions à l’emploi des seniors (77, dont indispensables 42).

 

Et par ailleurs jugés peu indispensables :

– Inciter les consommateurs à avoir des pratiques plus vertueuses (76 dont indispensables 37), 
– Prendre modèle sur des entreprises à impact (69, dont indispensables 20), mais 76 pour les CSP-,
– Avoir recours à l’intelligence artificielle pour optimiser leurs services et leurs prix de vente (42% dont 10 indispensables),
-Proposer des services intégrant l’intelligence artificielle (39 dont 9 indispensables).

⇒ Prêt à faire connaitre et à payer davantage les produits ou prestations ?

♦ De fait “si une entreprise dont vous êtes déjà client décidait d’intégrer dans son fonctionnement l’ensemble de ces enjeux environnementaux et sociaux (réparabilité, recyclage, mobilités douces, décarbonation, inclusion..), cela vous donnerait il envie de… ?”

– de recommander cette entreprise à son entourage (74%) , mais 81 pour les 65 ans et plus, vs 68 pour les ouvriers,

– consommer davantage de produits / services de cette entreprise (68), mais 74 pour les femmes et les cadres supérieurs,

– Par contre payer plus cher les produits /services de cette entreprise, seulement 37% y souscrivent (toutefois les cadres sont 48% à souscrire), 

 

♦ Pour arbitrer entre le prix des produits et le financement de la RSE, 2 solutions sont proposées :

– 49% l’entreprise augmente ses prix pour financer davantage d’actions en faveur de l’environnement, de la RSE ou du Made In France (les femmes y sont davantage favorables avec 52 vs 46 et les 50 ans et plus (50-62) ; 62% les indépendants, 55 les retraités mais nettement moins les salariés du public, 44),

– 46% l’entreprise qui réduit ses prix et met la transition écologique, la RSE ou le Made In
France au second plan (49 les hommes vs  43 les femmes ; 52-55 les 30-49 ans  mais 35 les 65 ans et plus ; 56% les CSP- mais 32 les indépendants).

⇒ Quels investissements pour les Français ?

♦ Prêts à investir dans une entreprise locale/française en contrepartie des avantages suivants ?

-65% un avantage fiscal : 72 les hommes et 59 les femmes ; 73 les CSP+ , 72 les indépendants vs 68 les CSP- et 65 les retraités,

-71% des conditions d’achat préférentielles sur les produits ou services élaborés par l’entreprise  : là encore 74% les hommes vs 66 les femmes vs 65 les 65 ans et plus ; 91 les indépendants et 83 les CSP+ .

 

♦ le soutien pour le projet entrepreneurial d’un proche (88% dont 46 avec conviction) ; 91% des 18-24 ans (dont 56 avec conviction) et 93 les 65 ans et plus ; les indépendants le feraient davantage avec conviction (57% vs 38 à 50 les autres items), mais tous se disent prêts à le faire.

 

Noter que 50% estiment que les jeunes ont les moyens de faire ou non les bons choix en ce qui concerne leur orientation professionnelle (61% des cadres supérieurs le disent aussi comme 61% des indépendants). 

 

A leur sens ceux qui agissent le plus pour les y aider sont :

– Les établissements d’enseignement (universités, écoles) selon 69%, moins les indépendants (62) et les salariés du public (71) ; 28% les citent en 1er,

– Le cercle familial et les proches selon 63% : 72 les femmes, 72 les 18-24 ans, 75 les 65 ans et plus, 70 les indépendants ; mais nettement moins les CSP- (55) et les salariés du privé (58); 30% les citent en 1er,

– Les branches professionnelles selon 55% : moins les 18-34 ans (40-46), les CSP+ (47), et les salariés du public (45) davantage les 50 ans et plus (62-65), 

-Les entreprises (39), l’Etat (23) et les CCI (19) comptent moins.

⇒ Un zoom sur la comparaison indépendants et salariés.

Les indépendants font davantage confiance aux entreprises sur leur territoire. Ils ont plus conscience des transformations attendues (accélération de la réindustrialisation, développement du made in France) et sont optimistes sur l’impact positif des entreprises sur toutes les transformations en cours, même s’ils sont plus réservés sur la décarbonation ou sur la transition écologique. Les salariés sont plus demandeurs de redynamisation des territoires et de transition écologique, en préférant toutefois réduire les prix d’achat des producteurs en les conduisant à diminuer leurs dépenses de RSE et transition écologique.

Plus que les salariés, ils croient davantage au cercle familial ou à celui des proches, et aux entreprises pour orienter les jeunes au mieux, alors que les salariés placent plus leur confiance dans l’Etat. Ils soutiennent aussi davantage avec conviction les porteurs de projet entrepreneuriaux.

Cette comparaison aurait pu être faite entre les jeunes, les retraités et les autres classes d’âge ou entre les femmes et les hommes faisant apparaitre des écarts significatifs.

 

Pour en savoir davantage : https://www.cci.fr/actualites/enquete-exclusive-cci-france-ce-que-les-francais-pensent-et-attendent-des-entreprises-en-2024