Les rémunérations des fondateurs de start-up ne sont pas seulement liées à la rentabilité.


"SALAIRES DES FOUNDERS : ÉTAT DES LIEUX ET BONNES PRATIQUES", The Galion project, lu septembre 2019

Méthodologie : enquête à la fois quantitative (sondage auprès de la communauté des Galions) auprès de 147 répondants (22 femmes, 125 hommes) et qualitative (ateliers de discussion entre Galions). Au-delà du salaire, l’enquête a aussi porté sur la pratique de vente de titres en secondaire (« cash-out partiel »), qui est un outil potentiellement complémentaire, permettant d’aborder le sujet de la rémunération des fondateurs par un angle différent.

“Les profils et les contextes variant largement d’une situation à l’autre, cette enquête n’a pas la prétention d’édicter des vérités absolues. Il s’agit avant tout d’un guide de bonnes pratiques, que chacun pourra adapter selon sa situation particulière.”

The Galion Project est le think tank de référence des entrepreneurs en hyper-croissance. Leur mission est d’accompagner les entrepreneurs de la tech dans leur ambition de devenir les licornes de demain.

 

147 fondateurs interrogés font état de leur rémunération et des différents critères qui la fondent (fonds levés, effectifs de la start-up, rentabilité) mais aussi âge, sexe, nombre d’enfants au foyer du fondateur

⇒ Les premiers temps de l’émergence de la start-up

Avant la première levée de fonds avec des investisseurs, l’immense majorité des fondateurs ne se paye aucun salaire; l’essentiel de la trésorerie de l’entreprise vient de ses économies personnelle.

Avec la première levée de fonds significative réalisée, vient un engagement fort des fondateurs de s’impliquer à long terme dans l’entreprise (typiquement 3 ou 4 ans au minimum); il devient indispensable de les doter d’un salaire pour adosser cet engagement à une sécurité financière au quotidien.

 

Le salaire des fondateurs relève de la compétence du conseil d’administration et fait partie des décisions sur lesquelles le pacte d’actionnaire prévoit pratiquement toujours un droit de veto des investisseurs financiers. Dans la pratique, la majorité des fondateurs Galions interrogés témoignent que leur rémunération, souvent proposée à leur initiative, a été traité de manière consensuelle. L’expérience montre que les propositions des fondateurs ont été considérées la plupart du temps comme raisonnables par les investisseurs. 

Dans les start-ups les plus matures, une bonne pratique consiste à mettre en place un comité de rémunération.

⇒ Quels sont les critères à prendre en compte pour définir la rémunération ?

Le stade de développement de la start-up est un élément essentiel pour fixer le salaire des dirigeants, et le réévaluer par la suite; le contexte personnel des fondateurs (nombre d’enfants à charge et expérience) rentre aussi en ligne de compte pour déterminer un salaire qui va permettre aux fondateurs de se concentrer à 100% sur le développement de leur start-up et subvenir aux dépenses du quotidien de l’entrepreneur.

Dans le cas où il y a plusieurs co-fondateurs, celui qui occupe le poste de CEO est censé avoir un salaire supérieur

 

À taille comparable d’entreprise, les salaires pratiqués sont nettement inférieurs à ceux d’un CEO manager salarié; mais l’espérance principale de gain financier se concentre sur la valorisation du capital.

⇒ Le montant des rémunérations

Pour les analyses quantitatives sur les salaires, les résultats sont présentés par centile, plutôt que la moyenne, .souvent fortement impactée par quelques cas hors norme. 3 seuils sont particulièrement structurants :

– 25ème centile : 25% des gens sont moins payés, 75% sont mieux payés que ce seuil

– 50ème centile : il y a autant de gens au-dessus et en dessous de ce seuil

– 75ème centile : 75% des gens sont moins payés, 25% sont mieux payés que ce seuil

Si pour simplifier l’on considère la valeur médiane, les 2 critères les plus différenciateurs sont à quasi égalité la taille des effectifs et la levée de fonds (2,3 à 2,1 fois plus entre les plus faibles et les plus élevés), alors que les autres critères sont assez proches (un écart de 1,2 à 1,4); ce sont par ordre l’âge du fondateur, la rentabilité, le sexe du fondateur et le fait des enfants.

⇒ La pratique du cash out partiel

Il s’agit d’une clause dite de respiration pour permettre à un fondateur de vendre une fraction de ses titres en cours de route (typiquement 10% de ses actions fondateurs, jusqu’à 20% dans certains cas particuliers) afin de diminuer son risque.

Dans l’enquête, 29% ont déjà fait un cash-out partiel, une pratique en émergence souvent pratiquée pratiquement dans le cadre d’une levée de fonds; une partie de l’argent investi par les nouveaux entrants, plutôt que d’abonder la trésorerie de l’entreprise, sert alors à racheter des titres d’actionnaires existants, fondateurs ou autres.

Cette pratique est concentrée avant tout sur les start-ups les plus ambitieuses, qui combinent en général une croissance très rapide à des investissements financiers importants; le montant moyen des fonds levés est de 54 M€ parmi les start-ups dont les fondateurs ont bénéficié d’un cash-out partiel, contre seulement 11 M€ levés pour ceux qui n’en ont pas fait.

 

Dans l’interviewe donnée aux Echos le 12 septembre 2019 par le fondateur du project Galion, Jean-Baptiste Rudelle met en avant quelques constats qui peuvent surprendre :

-l’influence de la rentabilité : les start-uppeurs sont plutôt récompensés par leurs investisseurs pour leur bonne gestion; en témoigne le delta plutôt modeste de 30% entre le salaire d’un fondateur d’une jeune pousse non rentable et celui d’une start-up qui gagne de l’argent; par ailleurs, 60% des entrepreneurs ne déclarent pas de revenus variables annuels basés sur leur performance, contrairement à ce qui se pratique dans les entreprises plus traditionnelles.

-l’influence de l’âge et du nombre d’enfants du fondateur sur son salaire : après 35 ans, sa rémunération fixe brute annuelle augmente de 30% (voire de 70% pour le quart des répondants qui touchent les plus gros montants). Dans l’enquête 37% ont trois enfants et plus, ce qui est largement supérieur à la moyenne nationale (16%).

-le « cash-out » en émergence : 29% des répondants ont eu recours à cette pratique qui était encore taboue chez les investisseurs il y a peu.

Et toujours un décalage de rémunérations entre femmes et hommes :  pour la moitié des femmes, le médian se situe à 75.000€ annuels, contre 96.000€ pour les hommes.

 

Pour en savoir davantage : https://thegalionproject.com/blog/story/1898/salaires-des-founders-etat-des-lieux-et-bonnes-pratiques