De plus en plus de commerciaux prennent le statut d’indépendant, avec moins de contraintes et une meilleure rémunération, mais au risque de favoriser une « ubérisation » du secteur.
“Dopé notamment par des taux d’intérêt très bas, le marché de l’immobilier est toujours en pleine forme, malgré un petit ralentissement dans le neuf. Dans l’ancien en revanche, les ventes continuent d’approcher des niveaux historiques, avec 948 000 transactions en un an à fin juin, contre 968 000 en 2017, un record absolu”.
“Conséquence logique de cette bonne santé, le secteur embauche à tour de bras... Au total, les métiers de la vente et de la gestion immobilière recrutent entre 10 000 et 12 000 personnes par an, dont un peu plus de 3 500 cadres, selon la Fnaim. ...Mais, Il est de plus en plus difficile de trouver des commerciaux. Les bons éléments passent d’une agence à l’autre, afin d’augmenter leurs rémunérations, et dans certaines villes le turnover peut atteindre jusqu’à 30% par an.”
L’immobilier est pourtant l’un des derniers secteurs d’activité où le diplôme n’est pas nécessaire pour s’installer. « La profession joue un rôle très important en matière d’intégration sociale », assure Laurent Vimont, le président de Century 21 France, qui rappelle avoir démarré sa carrière « comme maître-nageur à la piscine de Melun, avec un niveau de diplôme bac moins 2 ». Dans son réseau, la moitié des patrons d’agence (soit 420 sur 850) ont commencé en bas de l’échelle. « Quand on offre des perspectives d’évolution, on a moins de difficultés à trouver du monde », dit-il.
Actuellement, de plus en plus de négociateurs immobiliers sont embauchés comme indépendants; si la part des indépendants est encore à peu près équivalente à celle des salariés pour les négociateurs… le nombre d’autoentrepreneurs augmente rapidement.”
« Cela correspond à une tendance de fond de la société, où les gens veulent être plus libres dans leur travail, avec leurs horaires et un bureau à la maison. La rémunération est aussi plus avantageuse : à chiffre d’affaires égal, elle peut être supérieure de 30% pour l’indépendant…Par ailleurs, les agences y gagnent en termes de trésorerie, car elles ont moins de charges, mais en vitesse de croisière, elles y perdent puisque les commerciaux autoentrepreneurs perçoivent des commissions beaucoup plus importantes.”
“Les réseaux de mandataires, apparus il y a dix ans en France, qui n’emploient que des indépendants, ont pris une importance que les agences n’avaient pas forcément anticipée et qu’elles ont encore du mal à reconnaître. Il y a aujourd’hui environ 20 000 mandataires, qui assureraient entre 10 et 15% des transactions… Le mouvement est lancé et progresse d’autant plus vite que la conjoncture immobilière est porteuse. Mais les désillusions pourraient être fortes en cas de retournement du marché.”