Réalisé avec CSA du 27 août au 4 septembre 2012 par téléphone. L’enquête a été menée parallèlement auprès de 524 femmes chefs d’entreprises et d’un sur-échantillon de 124 femmes créatrices de moins de 3 ans et 301 hommes chefs d’entreprise (auto-entrepreneurs et exploitants agricoles exclus) ; les données ont été redressées en fonction de la région, du secteur, de l’ancienneté, de la taille salariale de l’entreprise et de la structure juridique de l’entreprise.
Le grand intérêt de cette enquête est d’aborder des questions inhabituelles posées à des femmes chefs d’entreprise sur les difficultés au quotidien, la gestion vie privée/vie professionnelle, la perception des banques. Toutefois, la faiblesse de l’échantillon, au regard du million de femmes chefs d’entreprise concernées et celui relatif aux hommes, conduit à se limiter aux tendances que d’autres travaux (notamment une version renouvelée l’an prochain) pourraient confirmer.
Les femmes (de l’ordre du 1/3 des chefs d’entreprise) créent ou reprennent davantage en entreprise individuelle (55% contre 48 pour les hommes). 25% sont sous forme de société ; la moitié y sont salariées. 27% des femmes interrogées vivent seules et 25% travaillent avec leur conjoint.
Leur clientèle est très habituellement celle de particuliers (69% contre 56 pour les hommes). 31% ont repris une activité (hommes, 28), essentiellement par le rachat à des tiers.
57% sont issues de l’enseignement supérieur (49% pour les hommes) ;
Dans l’échantillon, les entreprises crées ou reprises par des femmes, ont en moyenne 10 ans d’ancienneté (dont 27% moins de 3 ans) contre 14 ans pour les hommes (dont 17% moins de 23 ans) ; leurs chiffre d’affaires sont plus modestes (80% inférieur à 80 000€ contre 60% pour les hommes), avec un CA moyen de 70 639€ contre 150 468€ pour les hommes.
75% des entreprises n’ont pas de salarié (66% chez les hommes) et 9% trois salariés et plus (16 chez les hommes); en moyenne, les chefs d’entreprise femmes ont 0,7 salarié contre 1,1 pour les hommes. Peu souhaitent embaucher (10% des femmes et 13% des hommes).
Les motivations pour créer ou reprendre sont assez proches de celles des hommes (sauf le rapport à l’argent et à l’indépendance) ; les motivations « positives » sont nettement plus présentes que les motivations « contraintes » :
-
Motivations
Femmes
Hommes
Motivations « positives »
Epanouissement professionnel
86
83
Gout d’entreprendre
80
77
Indépendance
76
83
Être plus libre dans le temps ou lieu de travail
63
69
Vouloir gagner plus d’argent
27
37
Motivations « contraintes »
C’est la norme dans le métier
33
35
Difficulté de trouver un emploi
21
20
Volonté d’accompagner un conjoint ou un parent
12
8
Pas vraiment le choix, obligation de reprise
10
7
Question complémentaire sur les craintes au moment de la création ou de la reprise (pour les chefs d’entreprise de moins de 3 ans d’activité) ; là encore, peu de décalages entre les femmes et les hommes ; les craintes au regard des problèmes à affronter dans l’entreprise sont plus fréquentes que les peurs personnelles, les inquiétudes au regard de la famille, et celles de manque de soutien :
Craintes |
Femmes |
Hommes |
|
Les peurs au regard de sa personne ou de la famille |
Peur d’échouer, de ne pas être à la hauteur |
45 |
42 |
Peur de mettre en péril le budget familial |
34 |
36 |
|
Peur de rompre l’équilibre familial |
17 |
21 |
|
Les craintes au regard des problèmes à affronter dans l’entreprise |
Les problèmes administratifs |
39 |
39 |
La concurrence |
38 |
33 |
|
Les difficultés de financement |
37 |
35 |
|
Manque d’expérience dans la gestion |
35 |
38 |
|
Manque d’expérience dans l’activité |
24 |
19 |
|
Le soutien |
La difficulté à trouver du conseil, de l’information |
35 |
27 |
Le manque de soutien des banques |
32 |
33 |
|
Le manque de soutien des proches |
8 |
6 |
|
Pas de crainte en particulier |
13 |
15 |
Les difficultés rencontrées à ce jour par l’ensemble des répondants : sont nettement plus fréquentes les difficultés propres à l’entreprise ; deux difficulté sont plus présentes chez les femmes que chez les hommes, une rentabilité moins bonne, et plus de peur d’échouer.
Noter que nombre de craintes se sont atténuées si l’on compare avec celles du démarrage dont le manque d’expérience, les problèmes administratifs, la peur d’échouer, celle de ne pas trouver les soutiens nécessaires ; par contre les difficultés de marché ont nettement cru et celle de rompre l’équilibre ou le budget familial sont toujours aussi présentes.
Difficultés |
Femmes |
Hommes |
Femmes au regard du démarrage |
|
au regard des problèmes à affronter dans l’entreprise |
Marché/concurrence |
55 |
53 |
+17 |
Rentabilité de l’entreprise |
54 |
46 |
NC |
|
Financement |
31 |
26 |
-6 |
|
Problèmes administratifs |
26 |
31 |
-13 |
|
Manque d’expérience dans la gestion |
11 |
7 |
-24 |
|
Manque d’expérience dans l’activité |
3 |
3 |
-21 |
|
Les peurs au regard de sa personne ou de la famille |
Les contraintes horaires ou de présence |
40 |
34 |
NC |
La peur de mettre en péril le budget familial |
32 |
28 |
+2 |
|
La peur d’échouer, de ne pas être à la hauteur |
23 |
15 |
-22 |
|
La peur de rompre l’équilibre familial |
18 |
16 |
+1 |
|
Le soutien |
Le manque de soutien des banques |
28 |
31 |
+4 |
La difficulté à trouver du conseil, de l’information |
19 |
21 |
-16 |
|
Le manque de soutien des proches |
7 |
6 |
+1 |
|
Aucune difficulté |
11 |
15 |
-2 |
La rémunération tirée de l’entreprise est jugée moins satisfaisante par les femmes (56% la juge insuffisante contre 48 pour les hommes) ; les 2/3 des femmes, qui jugent leur rémunération suffisante, souhaitent toutefois l’augmenter.
Les femmes passent moins de temps au travail dans leur entreprise (en moyenne 50 heures contre 55 pour les hommes) :
-
Moins de 39 hres
De 39 à 44 hres
Sous-total
De 45 à 55 hres
Plus de 55 hres
Total
Femmes
17
17
34
37
30
100
Hommes
11
9
20
33
43
100
Les ¾ se disent optimistes pour l’avenir de leur entreprise (92% pour les moins de 3 ans et 68% pour les plus de 3 ans) ; on constate peu de différences avec les hommes. 80% seraient prêtes à créer ou reprendre si c’était à refaire (91% pour les moins de 3 ans et 82% pour les plus de 3 ans).
La majorité des femmes jugent que le fait d’être femme ne rend ni plus facile, ni plus difficile certaines activités, à l’exception de la conciliation vie personnelle-vie professionnelle ; toutefois une petite minorité estime plus difficile la plupart des domaines d’intervention, à l’exception au fait de trouver des clients :
-
Ni plus facile, ni plus difficile
Plus difficile
Plus facile
Recruter
81
13
6
Obtenir des financements
71
28
2
Trouver des clients
68
12
19
Traiter avec des fournisseurs
68
20
12
Manager des équipes
66
25
9
Démarrer l’activité
64
33
3
Concilier vie professionnelle et vie personnelle
23
63
14
45% des femmes estiment mieux gérer les relations clients que les hommes (51% pas de différence) et 43% mieux gérer les ressources humaines (47% aussi bien que les hommes) ; en ce qui concerne la gestion financière, les 2/3 ne voient pas de différence entre femmes et hommes (27% affirment qu’elles gèrent mieux); idem pour 70% en ce qui concerne le développement commercial (seules 14% disent qu’elles gèrent mieux).
83% des femmes ont une seule banque (77% pour les hommes) ; 56% ont choisi une banque coopérative ou mutuelle comme banque principale, tout comme les hommes. Les créatrices de moins de 3 ans disent avoir eu recours à une banque dans 69% des cas pour un emprunt (moins de 40% pour l’ensemble des créatrices selon les enquêtes SINE).
La moitié disent avoir rencontré des problèmes de trésorerie ces 3 dernières années (dont 21% souvent) ; il en est de même pour les hommes.
Si globalement les femmes disent que le banquier leur fait confiance, mais elles estiment qu’il a une autonomie quelque peu limitée :
Le banquier |
Femmes |
Hommes |
||||||
Tout à fait |
plutôt |
Oui |
Non |
Tout à fait |
plutôt |
Oui |
Non |
|
Vous fait confiance dans votre projet professionnel |
46 |
32 |
78 |
12 |
43 |
29 |
72 |
18 |
Vous écoute et vous comprend |
31 |
35 |
66 |
26 |
23 |
35 |
68 |
19 |
A une bonne autonomie dans ses décisions |
29 |
28 |
57 |
29 |
24 |
26 |
50 |
38 |
71% ne perçoivent pas que l’accès au financement leur est plus difficile ; 28% estiment le contraire, parce que les banques font plus confiance aux hommes pour réussir dans leur projet, parce que les femmes hésitent plus à faire appel au banquier et que les projets des femmes génèrent moins de bénéfice.
55% des femmes aimeraient des prêts qui leur soient spécifiques (45% non) ; 11% connaissent le FGIF
Au quotidien, les femmes chefs d’entreprise disent avoir été beaucoup aidées par leur conjoint (46% contre 66 pour les hommes), par d’autres membres de leur famille ou des proches (12 contre 11), et 6% par d’autres personnes ; si l’on ajoute celles qui déclarent avoir été un peu aidées, les chiffres pour les femmes chefs d’entreprise deviennent alors 67, 36 et 27%.
60% estiment avoir été suffisamment accompagnées au démarrage (25% pas assez) et 53% dans leur activité de chef d’entreprise (pas assez, 34%).
Au moment de la création, en ce qui concerne les chefs d’entreprise de moins de 3 ans, les aides viennent surtout du conjoint, des proches, puis en second rang de structures consulaires et d’experts privés, voire de collègues chefs d’entreprise, d’ex collègues ou de fournisseurs :
conjoint |
Famille, proches |
Conseils privés, Comptables… |
Consulaires Organisations professionnelles |
Collègues, fournisseurs |
Administrations, Collectivités locales |
Réseau d’appui création |
|
Oui |
85 |
63 |
60 |
46 |
40 |
34 |
15 |
Dont beaucoup |
67 |
40 |
24 |
17 |
14 |
7 |
9 |
78% ont continué à gérer leur entreprise tout en élevant leurs enfants. Et 38% disent avoir attendu de créer, le temps d’avoir les enfants.
63% se sentent dépassées (dont 21% très souvent) par tout ce qu’elles ont à faire, plus que les hommes chefs d’entreprise (56% dont 16 très souvent) ; ceci étant, 84% sont satisfaites (dont très 34%) de la façon dont elles concilient leur vie professionnelle et familiale.
Les 2/3 de celles qui ont au moins 3 ans à la tête de leur entreprise se préservent du temps personnel et 57% pour les moins de 3 ans. En cas d’arbitrage, 55% privilégient le professionnel et 35% la vie privée (39% pour les hommes en ce qui concerne la vie privée).