Cet article est le résumé d’un texte de Xavier Fontanet Professeur affilié d’honneur à HEC et président de la Fondation Fontanet, ancien président d’Essilor International. Â
La qualité fondamentale de l’entreprise familiale est la considération du long terme, qui permet d’appuyer des stratégies supérieures dans les métiers ayant des durées de vie importantes. La stratégie financière dans laquelle les actionnaires familiaux, pendant dix ans, ont accepté un fort endettement et aucun dividende permet de croître beaucoup plus vite que tous les concurrents. Seule une famille propriétaire, passionnée par son métier, assumant la modération de ses dividendes, pouvait prendre un risque que les marchés financiers n’auraient pas pris. Â
Autre caractéristique capitale : le fait que l’entreprise familiale est souvent attachée à une région ou à une ville; cet ancrage territorial est fondamental pour l’acceptation du capitalisme, la richesse étant comprise parce qu’associée à une prise de risque et un bénéfice sur une très longue durée. Â
 La question de la cotation change beaucoup de choses puisque qu’elle introduit la logique du marché financier, alors que la logique familiale n’est pas toujours compatible. Mais se développer sans avoir recours à ces marchés peut aussi être risqué; quand le marché est trop grand et croît très vite, alors que l’actionnaire veut garder le contrôle du capital de l’entreprise, le risque de faillite n’est pas loin. L’exemple de la croissance externe d’Essilor est édifiant, en trouvant des familles partenaires soucieuses de s’allier à des groupes internationaux, et en s’appuyant sur l’actionnariat salarié, qui, quand il est organisé et tient sur la durée, s’apparente au capitalisme familial.
 L’un des grands rendez-vous de l’entreprise familiale est la succession du fondateur de l’entreprise, qui est forcément quelqu’un d’exceptionnel. L’histoire est remplie de cas où la transition se passe très harmonieusement, avec la famille prenant un rôle d’actionnaire stable en choisissant des managers professionnels.  Â