Les TPE, pour se faire une opinion sur la numérisation de leur entreprise, solliciteraient d’abord leurs “semblables”


"Partage des résultats de l'étude sur les besoins des TPE/PME", DGE, BCG, EY, mars 2020

Méthodologie ;

-Etude qualitative : rencontre in situ avec 30 dirigeants de TPE/PME du nord et du centre en  Immersion longue (2h30) pour une observation plus fine du quotidien : contexte spécifique, usages, équipements, culture etc ; le panel couvre une diversité de profils socio-démographiques (régions, tailles, secteurs etc.) et de niveaux de développements numériques différents (en retrait, projet récent etc.) ; 21 TPE ont été auditionnées (dont 9 avec 0 salarié) et 9 PME ( dont 3 de 10 à 19 salariés, 4 de 19 à 49 salariés et 2 au-delà).
-Etude quantitative : questionnaire mené auprès d’un échantillon représentatif de 1 013 TPE/PME françaises, administré en ligne (822) et par téléphone (191) pour garantir la qualité et la représentativité de l’échantillon et construit sur la base des résultats de la phase qualitative, et couvrant les usages et équipements, besoins émotionnels et fonctionnels, freins, sources d’influence etc. ; 95% sont des TPE (dont 65% sans salarié).

Le champ couvre 2,6 millions d’entreprises et exclue les micro-entrepreneurs en activité secondaire, ou avec un très faible chiffre d’affaires (inférieur à 20 K€), soit 1 050 000 ou les TPE/PME dont l’activité est principalement non marchande (250 000 ; on ne sait à quelles activités elles appartiennent).

 

L’échantillon utilisé me pose question : notamment l’importance des femmes y est surévalué, comme le niveau de diplôme ; une catégorie d’activité s’intitule artisan commerçant ? alors que la plupart des autres activités observées sont de ce ressort; de plus on ne sait où sont les libéraux notamment en professions réglementées (sont-elles les 250 000 entreprises écartées ?)

Par ailleurs, l’enquête concerne très essentiellement les TPE, alors qu’elle est présentée comme une enquête en direction des TPE/PME.

 

Les résultats présentés concernent donc essentiellement les TPE, proposant une typologie en 5 groupes, d’où émergent 2 types principaux, ceux inscrits dans le développement de leur entreprise et portés sur le numérique, et ceux chefs de très petites entreprises au moindre projet de développement, beaucoup moins concernés par le digital.

⇒ Une approche globale des TPE interrogées

♦ Les enseignements transversaux, une charge émotionnelle forte qui se décline dans les traits suivants :

  • La fierté, le sens de l’accomplissement,
  • La valeur travail, le sens de l’effort,
  • La liberté, au prix d’une certaine solitude,
  • De l’humain.

♦ Les dirigeants de TPE/PME sont les personnes sur lesquelles reposent l’activité de l’entreprise et la plupart des décisions : ils sont pris par le temps, polyvalents et mobiles, avec une faible frontière entre vie personnelle et vie professionnelle ; ils sont très connectés à leur téléphone portable.

 

Leurs besoins fondamentaux sur le plan émotionnel sont : fierté de leur réussite, prudence, et lien avec leur client ; leurs besoins fonctionnels est de fidéliser leurs clients, d’augmenter leur base clients, d’être conformes à la réglementation, voire de gagner du temps.

 

Les freins pour digitaliser sont le choix du prestataire (le trouver, juger de sa compétence), le budget, l’impact de la digitalisation, la peur de ne pas savoir s’en servir (peur de ne pas comprendre).

 

♦ Qui les ont accompagné ou à qui demanderaient-ils conseil en matière de numérisation de leur entreprise ?

  • Largement leurs “semblables” (clients, pairs et confrères, concurrents, fournisseurs) avec 42%, 
  • puis les “piliers” de l’accompagnement (prestataires et Fournisseurs,  CCI et CMA, leur Réseau, la région-le département-la Ville, les organismes publics et parapublics et l’administration), 25%,
  • Les “intimes” que sont la familles, les amis, mais aussi leurs experts-comptables, leurs avocats, leurs banques et assurances, 18%,
  • Les “pros”, leur groupe d’appartenance (entreprise mère), leurs fédérations ou syndicats professionnels, les lieux de formation, 15%

♦ Le numérique : le principal bénéfice attendu ?

3 items s’imposent, bien plus que le fait de gagner du temps ou d’optimiser les coûts ou suivre l’efficacité de la communication :

  • être plus visible ; les outils utilisés sont davantage le référencement payant et le site internet comme vitrine,
  • faire connaitre son entreprise ; les outils bien plus utilisés sont le site internet comme vitrine, et les réseaux sociaux,
  • Acquérir de nouveaux clients ; les outils utilisés sont davantage le site internet marchand et le référencement payant.

Toutefois le principal bénéfice attendu des outils internes (logiciel de gestion, plateforme de partage sur le web) est le fait de gagner du temps, et de conserver les documents en lieu sur, et peu l’optimisation des coûts.

♦ Ceux qui ne disposent pas de ces outils liés à la numérisation mettent en avant :

  • la pertinence de ces outils au regard de leur activité et de leur modalités de gestion (non prioritaire notamment) ; c’est particulièrement net pour l’outil site marchand web,
  • Le retour limité sur investissement au regard notamment du coût du référencement payant,
  • Son financement, notamment du référencement payant,
  • L’exigence de mise à jour régulière.

La complexité et le risque de malveillance ne sont pas perçus comme des freins essentiels.

⇒ 5 segments de TPE/PME ont été définis  :

Les statiques (29%), et les prudents (15%) d’une part, les demandeurs (28%), les réceptifs (25%), les opportunistes (3%) d’autre part.

Les variables discriminantes sont les perspectives de développement, l’autonomie vis-à-vis du numérique et la capacité à lever les freins et bien sûr la santé financiére de l’entreprise et les compétences numériques des équipes dirigeantes.

Alors que sont peu ou moins discriminants la taille de l’entreprise, le secteur d’activité, la localisation de l’entreprise et celle des clients et fournisseurs, les caractères sociodémographiques du dirigeant.

 

♦ Les caractéristiques des entreprises interrogées (selon les 5 types) :

-Il s’agit donc avant tout de TPE (entre 91 et 98%), voire d’entreprise sans salarié (entre 55 et 73%); les sans salarié sont plus présents dans les types statique et prudent, alors que les PME sont plus présentes dans le type réceptif, quoique très relatif (9% des interrogés ont au moins 10 salariés).

-Ces entreprises sont juridiquement indépendantes (pas de filiales), entre 89 et 96% d’entre elles. Paradoxalement le type statique est celui où les entreprises dépendantes sont les plus nombreuses (11%).

-L’analyse des secteurs d’activité est faussée par le choix des répondants ; exemple les demandeurs sont 52% à ressortir de l’agriculture, ou encore les réceptifs sont 44% à appartenir à l’industrie.

-Mais majoritairement leur clientèle est une clientèle de particuliers (entre 69 et 76% dont 47 à 54% exclusivement de particuliers).

-Ce sont des entreprise d’au moins 3 ans d’ancienneté (entre 63% les réceptifs et 88% les prudents)

 

♦ Les caractéristiques selon le profil des dirigeants et leur mode de management

-Le sexe du dirigeant : majoritairement des femmes (alors que ce n’est pas le cas au sein de la population des TPE),

-Le  niveau de diplôme est majoritairement de l’enseignement supérieur (alors que ce n’est pas les cas au sein de la population des TPE),

-Les perspectives de développement sont en lien important avec la numérisation et les attentes de ces apports.

♦ Les besoins et les freins selon les 5 types apportent peu d’éléments nouveaux au regard de la vision globale exprimée plus haut.

En ce qui concerne les besoins émotionnels prioritaires, les items “être fier de sa réussite” concerne la quasi totalité des 5 types, alors que le items “fidélité à ses fournisseurs”, “être prudent” et “gagner de l’argent” ne concernent qu’un type.

En ce qui concerne les besoins fonctionnels prioritaires, l’approche clientèle est prioritaire (fidélisation, acquisition de nouveaux clients et réputation de l’entreprise), devant le coût et le fait de produire plus.

Les freins sont le temps,  la connaissance et les compétences pour les types statique et prudent, alors que pour les types demandeur et réceptif, ils sont la mise en relation et le financement.

♦ Les attitudes devant le numérique

Paradoxalement les types réceptif et statique sont les plus positifs pour communiquer avec les clients, avec les employés et faire des économies; les prudents sont les plus en retrait.

Les réceptifs sont les plus utilisateurs des outils numériques suivis par les demandeurs, et peu par les prudents ; ils ont largement recours aux réseaux sociaux, au site internet en tant que vitrine, et aux logiciels de gestion; les prudents sont toujours en retrait.

♦ Vers qui se tourneraient-ils ? Qui leur semblent légitimes pour les accompagner ?

38% se tournent ou se tourneraient vers leurs semblables (personnes travaillant dans le même secteur, auxquels on peut ajouter leurs fournisseurs) pour s’interroger sur l’opportunité de développer le numérique au sein de leur entreprise, contre 15-17% un professionnel de l’entreprise ou du numérique (expert-comptable, partenaire spécialisé du privé) et peu les partenaires institutionnels (10%), les centres de formation (7%), ou les structures professionnelles (5%).

 

Paradoxalement, les structures légitimes pour les accompagner différent : 53% les syndicats et organisations professionnelles, 46% les consulaires, les spécialistes des nouvelles technologies (36 et 41%) et les administrations de type conseil régional, mairie (36%) et les prestataires privés (leurs banques et assureurs, experts-comptables, 35%).

Ces décalages proviennent-ils du terme “légitimité” et de sa compréhension, auquel cas il ne nous apprennent rien sur ceux vers qui il se tournent pour être accompagnés ?

♦ Ceux qui sont les plus nombreux à avoir suivi des formations  au cours des 12 derniers mois sont les réceptifs et les demandeurs (53 et 41%), nettement moins les autres (statiques 36% et prudents 26) ; mais très peu ont suivi des formations à l’utilisation d’outils numériques.

 

En ce qui concerne les types d’accompagnement souhaités, une diversité de formes intéresse. Les plus demandeurs et les plus pragmatiques sont les réceptifs, suivi de prés par les demandeurs, mais en net décalage avec les statiques et les prudents, plus portés sur les formations, peu sur la mise en relation, l’accès à des financements, voire l’audit de l’entreprise, qui indiquent la maturité de leur demande.

 

Pour en savoir davantage : https://www.francenum.gouv.fr/files/2020-09/DGE%20France%20Num%20rapport%20de%20l%27%C3%A9tude%20TPE%20PME.pdf