Le numérique bouscule : la France n’est qu’au 11éme rang en Europe


"Tirer partie de la révolution numérique: enjeux", France Stratégie, mars 2016

  En moins de dix ans, le numérique a révolutionné notre accès à l’information, transformé notre vie quotidienne et bousculé les positions acquises dans plusieurs secteurs économiques comme le transport et le tourisme. Qu’en sera-t-il dans la décennie 2017-2027 ?

La France se classe  globalement en 11éme position derrière l’UE15 et au même niveau que l’UE 28, alors que les pays du nord sont dans les 1ères places (Danemark, Pays-Bas, Suède, Finlande) suivi notamment du Royaume-Uni et de l’Allemagne.  

 

Les entreprises pourraient transformer leur organisation et faire davantage appel à des compétences extérieures intégrées aux processus de production, conduisant à une entreprise étendue, associée à des écosystèmes locaux plus agiles, innovants, répondant à de nouveaux standards de personnalisation, offrant des services et des biens pensés pour les usages, et entrant en concurrence avec les industries traditionnelles.  

 

Cette transformation peut s’accompagner de manière plus disruptive avec la contribution volontaire des utilisateurs, assimilable à un travail gratuit fourni par les internautes. Les fractures importantes qu’ont provoquées Uber ou Airbnb dans leur secteur pourraient se reproduire dans d’autres où des rigidités actuelles, notamment réglementaires, freinent les innovations, comme les secteurs de la santé, de l’éducation, de la banque ou de l’assurance.  

 

Ces perspectives invitent à repenser notre modèle social fondé sur le salariat, qui cohabitera de plus en plus avec des nouvelles formes d’emploi, plus proches du statut d’indépendant. Aujourd’hui, l’intermédiation est souvent centralisée au sein de plateformes qui captent une partie significative de la valeur créée (vente de biens et services en ligne, taxi, hébergement…); Les commissions demandées actuellement vont de 3 à 30%, plus habituellement entre 8 et 25% (Kisskiss bankbank 8%,  Airbnb 9 à 15%, Blablacar 12%, Price minister 4 à 22%, Uber 20%…). 

Mais la forme que prendra l’intermédiation dans les années à venir reste incertaine; les développements technologiques pourraient favoriser l’essor de services fournis de façon plus décentralisée, de pair à pair, sans autorité centrale organisatrice, redonnant du pouvoir à la multitude d’internautes qui les utilise et les nourrit.  

 

Aujourd’hui, les données numériques, à caractère souvent personnel, sont essentiellement collectées et exploitées par des entreprises. Leur contrôle est alors transféré à un gestionnaire qui laisse peu de maîtrise aux personnes sur l’usage qui en est fait. Demain, ces données pourraient revenir davantage entre les mains des internautes, du fait de leurs exigences plus fortes, de la réglementation et du développement de nouveaux services intégrant par construction le respect de la vie privée. Par ailleurs, une démocratie numérique pourrait voir le jour; les citoyens se sont déjà saisis des outils numériques pour s’exprimer et se mobiliser, que ce soit par des pétitions en ligne ou via les réseaux sociaux. Les institutions publiques pourraient utiliser ces outils en faveur d’une démocratie plus participative, leur permettant de bénéficier, comme les entreprises privées, des contributions et initiatives de la multitude.  

 

Si les Français ont des pratiques du numérique plutôt au-dessus de la moyenne européenne dans leur vie quotidienne, les entreprises investissent cependant peu dans les compétences numériques de leurs employés; ceci étant, la part des salariés dont le rythme de travail est imposé par un contrôle ou un suivi informatisé, est passée de 25% en 2005 à 35% en 2013.