Le financement bancaire vient après le recours aux fonds propres : le crédit bancaire pour les PME/TPE pèse entre 60% et 70% des financements empruntés; la situation est différente pour les ETI (autour de 40%) et pour les grandes entreprises (10% à 20%), qui recourent beaucoup aux obligations et à l’actionnariat.
L’encours de crédit bancaire aux PME/TPE s’élève à 385Md€ en décembre 2016 sur un total de 894Md€ selon la Banque de France (43%) et a bénéficié à 1,1 million de PME/TPE en France (25% des TPE/PME). L’encours de crédits bancaires aux PME/TPE a augmenté de 2,7% sur un an, contre + 4,4% pour l’ensemble des crédits aux entreprises (+ 10,2% pour ceux aux grandes entreprises et + 2,7% pour les ETI). Mais l’investissement des PME/TPE recule régulièrement depuis plusieurs années (- 6,5% en 2015) malgré des flux de prêts relativement abondants.
Une part de l’épargne dite réglementée (livrets A, livrets de développement durable, livrets d’épargne populaire) contribue à ce financement bancaire des PME. C’est la partie « non centralisée », c’est-à-dire conservée par les banques et non reversée à la Caisse des Dépôts. S’agissant de celle-ci, la loi fixe une obligation d’un pourcentage d’utilisation en faveur des PME/TPE. Cette utilisation est évaluée d’après les bilans consolidés des banques. Elle serait de 150 Md€ en 2015, selon l’Observatoire de l’épargne réglementée. L’obligation de financement des PME pour au moins 80% des ressources non centralisées a été respectée en 2015.
Par ailleurs, en France, l’épargne des ménages est pour une grande part investie en assurance-vie (1 632 Md€ fin décembre 2016 d’après la fédération française des assurances); une faible part alimente donc le financement des PME/TPE. Il apparaît utile qu’un dispositif, analogue à celui existant pour l’épargne réglementée collectée par les banques, puisse assurer qu’une partie des fonds et réserves de l’assurance-vie soit fléchée vers le financement des PME/TPE, y compris les associations employeuses.
Depuis plusieurs années, le financement des PME/TPE s’oriente vers une pluralité de modes alternatifs de financement au financement bancaire.
– Le premier d’entre eux concerne le financement participatif : 0,3Md€ ont été levés en 2015, dont 0,2Md€ en prêts; le taux de prêt est élevé par rapport au taux bancaire (7 à 8%) et une commission de 3 à 8%, parfois 10%, prélevée par la plate-forme sur le montant emprunté ; le rendement est attractif (de 4 à 12% par an) mais plus risqué.
– Le deuxième concerne les fonds d’investissement dédiés à la prise de participation dans des entreprises non cotées notamment pour accompagner la transformation des PME en ETI sur une période donnée (5 à 10 ans) selon le cycle de vie de l’entreprise (capital-innovation, capital-développement, capital transmission et capital-retournement): 10 Md€ en 2015, 1 600 entreprises (78% sont des PME et TPE, avec une forte prégnance sur le segment du capital développement des PME).
– Le troisième est le placement privé auprès d’investisseurs institutionnels : 2Md€ en 2015
– Le quatrième concerne la bourse et se matérialise par les plates-formes de transaction boursière Alternext (non réglementée) et Euronext (réglementée); 200 PME y sont cotées. (1Md€) ,
– Le cinquième concerne les business angels : 4 500 business angels ayant investi 0,04Md€ en 2015 dans près de 400 PME/TPE (à comparer avec le Royaume-Uni où 20 000 business angels ont investi 0,3Md€ en 2015).
– Le sixième concerne les plates-formes d’aide à l’entrepreneuriat comme par exemple les réseaux Initiative France, France Active, ADIE ou Réseau Entreprendre : 50 000 entreprises concernées
-Enfin le crédit inter-entreprises : près de 100Md€ par an. Mais les délais de paiement sont nettement plus élevés que dans certains pays européens, et pèsent 16 Md€ par an; en Allemagne, 72,1% des entreprises payaient leur fournisseurs sans retard, contre 34% en France, la moyenne européenne se situant à 40,9%. Bpifrance propose le service Avance +, avance de trésorerie, insuffisamment connu de la part des PME et des TPE (7 000 clients de Bpifrance pour 12Md€ de créances dont 80% relèvent du secteur public)..
En termes d’obtention de crédit au 3éme trimestre 2016, 23% des PME ont demandé un crédit d’investissement et 11% des TPE; 93% des PME et 82% des TPE ont obtenu au moins 75% du crédit demandé. 37% des PME et 7% des TPE ont demandé un crédit de trésorerie; 83% des PME et 69% des TPE ont obtenu au moins 75% du crédit demandé. Mais une partie des dirigeants pratiquent l’autocensure, notamment les les dirigeants des TPE.
Les taux sont plus élevés pour les PME indépendantes, beaucoup plus faibles pour les grandes entreprises et les holdings, et se situent à un niveau intermédiaire pour les PME filiales de groupes; le taux d’intérêt moyen des crédits pratiqués aux PME est de 1,79% en France en novembre 2016, soit en nominal 0,5 point en-dessous de la moyenne de la Zone euro.
Les charges financières comptent pour 40% dans les entreprises de moins de 20 salariés (dont 21% pour les intérêts bancaires), 27% pour les 20-249 salariés (dont 14% pour les intérêts bancaires) et 37% pour les plus de 250 salariés.
Pour suivre les clientèles PME et TPE, l’organisation des banques est segmentée comme suit :
– les chargé.e.s d’affaires « entreprises » pour les PME et les plus importantes des TPE, avec un suivi dans les agences, appuyé le cas échéant par des pôles spécialisés ;
– les chargé.e.s d’affaires « professionnel.le.s » pour la majorité des TPE, suivies en agence, souvent également en charge du suivi des particuliers
La stratégie commerciale des banques peut sembler insuffisamment orientée vers les TPE\PME; les dernières données sociales disponibles sur les banques adhérentes à la Fédération des banques françaises (banques commerciales essentiellement) montrent que les chargé.e.s d’affaires professionnel.le.s représentent 4% des effectifs en 2015 contre respectivement 4,5% pour ceux.celles en charge des entreprises et 18% pour ceux.celles dédié.e.s aux particuliers.
Si Bpifrance est globalement appréciée par les dirigeants de PME, elle reste encore peu lisible pour les dirigeants de TPE, même si la grande majorité de ses 80 000 clients par an sont des PME/TPE : 21 257 PME et 56 803 TPE :
La banque publique se positionne sur les défaillances de marché et en accompagnement des banques, notamment les garanties pour les TPE.
Sur le volet du capital-investissement et de l’innovation, Bpifrance est devenu le principal acteur français du segment du capital-risque et de l’amorçage. Elle intervient notamment dans des PME désireuses d’ouvrir leur capital (tickets compris entre 250K€ et 13 000K€ soit +78% par rapport à 2012).
Sur le volet de l’innovation, les prises de participations ont progressé de 48% entre 2013 et 2015), avec notamment le Fonds national d’amorçage. un fonds de fonds qui réalise des investissements dans des fonds d’amorçage investissant eux-mêmes dans des start-up et des jeunes entreprises innovantes.
Sur le volet du financement, BPI demeure un acteur de taille limitée sur le crédit aux PME/TPE, avec 3,6% de l’encours total des crédits bancaires en 2015. Les prêts de Bpifrance ne sont en principe attribués qu’en cofinancement de prêts bancaires associés, dans la majorité des cas à hauteur de « un pour un », les banques gardant la maîtrise de la décision finale d’accorder ou non leurs concours.
Dans le même esprit, jusqu’à 200 000€ de garantie, les banques disposent d’une délégation de garantie de Bpifrance depuis 2015; le volume des prêts bancaires ainsi garantis par Bpifrance est de 8,4 Md€ en 2016, dont 2 Md€ en délégation complète de décision aux banques.
Le système bancaire allemand et l’accompagnement des entreprises du Mittelstand industriel offre un paysage très concurrentiel avec 2 080 banques indépendantes contre 590 en France; les délais de paiements y sont bien meilleurs qu’en France (en 2013, 83,2% des entreprises du Mittelstand sont payées à moins de 30 jours, en moyenne); on constate aussi un partenariat interbanque important, une forte présence des banques locales qui a lui aussi un profil d’entrepreneur enraciné sur le terrain) dans la relation d’affaires (dans 83% des cas, mais pas de façon exclusive, puisque les grandes banques sont présentes dans 72% des cas); les banques publiques et les banques de Land sont par ailleurs présentes en relation d’affaire dans 35% des cas.
Les points forts sont : proximité, long terme, confiance et responsabilité, un système public de financement de l’État-Région structuré autour de 3 organisations (banque publique d’investissement du Land, société de participation, banque de garantie et de cautionnement).
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