Méthodologie : le questionnaire a été envoyé à 29 988 dirigeants de PME et d’ETI, tirés aléatoirement dans la base des 112 0000 PME et ETI déposant des comptes aux greffes des tribunaux de commerce et ayant affiché lors du dernier exercice comptable disponible un chiffre d’affaires compris entre 2M et 1,5Md€.
Les entreprises du secteur de l’agriculture, des entreprises financières et les activités de holding ont été exclues.
Un « dirigeant » est une acceptation large regroupant le président, le directeur général, le directeur associé ou tout membre du comité exécutif ou du comité de direction de l’entreprise.
A ce jour, 1 814 réponses ont été analysées (taux de retour de 6,05%). 20 entretiens ont été conduits et un atelier a réuni 17 dirigeants en juin.
Le panel de répondants est globalement représentatif de la population ciblée, avec quelques différences notables :l’industrie est surreprésentée (28% contre 18 dans la population mère) et le commerce sous-représenté (29%, contre 37 dans la population mère). La région Île-de-France est sous-représentée (18% vs 26). Noter que les services sont peu nombreux (23%).
une étude inédite : plus de 1 800 répondants, dirigeants de PME et ETI françaises. Aucun baromètre comparable n’existe en France; avec des questions orientées sur les pratiques en termes d’innovation, de management et d’organisation plutôt que sur le niveau d’équipement technologique de l’entreprise.Dommage que les tailles d’entreprise n’aient pas donné lieu à des exploitations publiées.
⇒ Le profil des répondants :
Les TPE constituent 17,4% des répondants, et les petites entreprises 61% (les 10-19 collaborateurs 24,1%, les 20-49 collaborateurs 36,8%); les plus de 50 collaborateurs sont 21,6% des répondants.
Les entreprises en BtoB sont très largement représentées (81%).
Les 3/4 des répondants ont au moins 46 ans (43% les 46-55 ans, 26% les 56-65 ans et 5% les 66 ans et plus); 22% ont de 36 à 45 ans.
⇒ L’impact de la révolution digitale reste encore peu perçu : 73% des dirigeants sont en retard dans la digitalisation de leur entreprise
Pour 47%, l’impact du digital sur leur activité ne sera pas majeur à 5 ans : “Nous pourrions considérer que les secteurs qui ont déjà connu d’importantes ruptures liées au digital ces dernières années sont ceux qui anticipent un impact moindre à 5 ans et plus. Mais c’est en réalité l’inverse qui semble se produire : c’est dans les services, le commerce et le tourisme que les dirigeants sont les plus nombreux à avoir répondu que l’impact de la révolution digitale sur leur activité sera majeur d’ici 5 ans et plus (respectivement 63%, 59% et 55%).
55% ont une vision de la transformation digitale de leur entreprise; 2 autres questions directement reliées permettaient d’affiner l’analyse : « Avez-vous construit et partagé votre vision avec vos collaborateurs ? » (66% fortement ou très fortement) et « Avez-vous établi une feuille de route claire pour mener cette transformation digitale ? » (63% pas du tout ou modérément). Parmi les 55% qui ont une vision de leur transformation digitale, 37% ont répondu avoir établi une feuille de route parfaitement claire de leur projet.
85% (dont 31% pas du tout et 54% un peu) déclarent ne pas avoir mis en place, ou de manière modérée, une veille formalisée sur leurs concurrents, les nouvelles offres ou les innovations technologiques. C’est l’un des marqueurs traduisant un manque d’ouverture vers l’extérieur.
9% seulement estiment que la digitalisation de leur entreprise est très avancée.
La transformation digitale est un sujet largement porté par la direction générale (dans 77% des cas), à laquelle les équipes opérationnelles sont associées dans 25% des cas; 19% y ont toutefois une équipe dédiée et 18% un DSI ou un collaborateur dédié.
Or “selon notre enquête, la transversalité est un marqueur important de maturité digitale, et un levier pour mieux performer dans un contexte digital. Le travail en mode projet est un moyen pour promouvoir cette transversalité; il n’est fortement favorisé que par 39% des répondants.”
Elle n’est affichée et communiquée comme une priorité stratégique pour l’entreprise que dans 13% des cas; seuls 12% des dirigeants ont mis en place des formations dédiées au digital et 10% procédé à des recrutements spécifiques.
⇒ Différentes raisons expliquent ce retard :
La complexité est le frein le plus fréquemment cité (par 34% d’entre eux), puis le manque de ressources, à la fois humaines et financières (respectivement par 32% et 28%); enfin, les freins culturels et psychologiques (20% estiment que le temps de la transformation n’est pas encore venu pour leur entreprise et 12% expriment un manque d’intérêt pour le sujet).
⇒ Leur rapport à leur clientèle, et à leur environnement
57% associent leurs clients à la conception des offres et produits, afin de mieux répondre à leurs besoins; c’est un levier de différenciation important.
39% déclarent s’être fortement engagés dans la collecte et l’exploitation des données et 29% modérément. La difficulté est la complexité du pilotage en interne (37%), le coût (34%), le manque de compétences en interne (24%), le manque d’informations disponibles (16%) et 19% autres (dont 6% le manque de temps).
14% n’utilisent pas du tout les données dont ils disposent pour personnaliser leurs offres et leur relation client, 46% le font modérément et 40% le font fortement
Noter que 54% n’ont pas recours en interne à des outils de travail collaboratif (vs 14% un recours fort et 31 modéré) tels un réseau social d’entreprise, une plateforme d’idées, un cloud partagé.
⇒ La situation varie selon les secteurs d’activité
53% des dirigeants estiment que l’impact de la révolution digitale sera majeur à 5 ans : dans l’Industrie (45%), le BTP (44%) et les Transports (48%), mais 55% dans le tourisme et 63% dans les services.
Ceci étant 55% disent s’être forgés une vision sur la transformation digitale de leur entreprise : 71% dans les services, 68% dans le tourisme, mais 41% dans le BTP et 43% dans les transports. Mais seuls 13% en font une priorité stratégique (20% dans les services).
39% des dirigeants se sont engagés fortement (21% pas du tout) dans la mise en œuvre d’outils et de process pour collecter des données et dans l’utilisation de ces données pour personnaliser leur offre et leur relation client; il sont 21% fortement engagés dans les BTP vs 49% dans les services. C’est que 40% utilisent ces données pour personnaliser leurs offres et relation client (entre 36 et 43% en moyenne vs 29% dans le BTP, 34 dans les transports).
57% associent régulièrement leurs clients pour concevoir leurs offres, plus dans l’industrie (69%), mais moins dans le tourisme (39%).
25% associent leurs équipes (35% dans les services, 18% dans le BTP); 19% y ont une équipe dédiée (29 dans les services, 14 dans le BTP, 16 dans les transports, 17 dans le commerce). 12% ont mis en oeuvre des programmes de formation ad hoc et 10% ont fait des recrutements spécifiques.
⇒ 3 profils de dirigeants relatifs à leur “maturité digitale” ont été repérés : les apprentis (52%), les sceptiques (38%) et les conquérants (10%)
Les Apprentis (52%) ont compris la nécessité de se transformer et ont déjà lancé des actions en ce sens. 50% exploitent fortement ou très fortement les données pour personnaliser leurs offres, contre 86% chez les Conquérants.
Leur priorité est de fixer une ligne directrice à leur projet de transformation.
Plus que les autres, ils manquent de compétences internes, voire de moyens financiers.
Seuls 14% font fortement appel à des outils pour favoriser le travail collaboratif.
Ils sont peu présents dans le BTP (32%).
Les Sceptiques (38%) ne croient pas en la révolution digitale ou demandent encore à en être convaincus. 21% manifestent peu d’intérêt vs 12% pour l’ensemble.
72% disent ne pas avoir de vision de la transformation digitale de leur entreprise, contre 45% pour l’ensemble.
Ils sont les moins ouverts sur leur environnement : 40% font de la veille concurrentielle, contre 86 % chez les Apprentis). Ils ne sont que 34% à associer régulièrement leurs clients à la conception de leurs offres (contre 68% des Apprentis).
88% ont déclaré ne pas favoriser, ou peu, la collecte et l’exploitation des données liées à la vente et/ou à la relation client vs 48% à le faire fortement chez les Apprentis.
Leur priorité est d’initier le projet de transformation.
Ils sont légèrement surreprésentés parmi les entreprises de 0 à 49 salariés (entre 40 et 44% chez les 0-9 collaborateurs, chez les 10-19 et les 20-49), et sous représentés parmi les entreprises de 50 à 499 salariés (entre 20 et 29%).
Ils sont surreprésentés dans les secteurs du BTP et des transports (respectivement 63% et 50%); ce sont les deux secteurs les plus en retard en matière de maturité digitale.
Les Conquérants (10%) sont pleinement engagés dans leur transformation digitale; 95% ont construit une vision de leur transformation digitale; 92% ont fortement partagé cette vision avec leurs collaborateurs. 91% ont fortement entrepris des chantiers en faveur de la digitalisation de leur entreprise (vs 32% parmi les Apprentis et 3% parmi les Sceptiques).
Leur priorité est de fédérer leurs équipes autour du projet de transformation. 83% favorisent fortement le travail en mode projet et la prise d’initiatives de leurs collaborateurs (vs 39% pour l’ensemble).
Ils sont sous-représentés parmi les entreprises de 0 à 49 salariés, et surreprésentés parmi les entreprises de 50 à 499 salariés.
Ils sont sur-représentés dans les secteurs du tourisme et des services (18% dans les deux cas); ce sont les deux secteurs les plus en avance en termes de maturité digitale
Parmi les 3 profils, ceux qui estiment que les freins à la digitalisation sont d’abord culturels sont 39% chez les conquérants, contre 32% chez les Apprentis et 21% chez les Sceptiques).
Les 2 variables qui contribuent le mieux à expliquer le score de maturité digitale sont le secteur d’activité et la taille de l’entreprise; le poids de la variable « sexe » est moindre dans l’explication du score de maturité digitale, tout comme l’âge et la région d’implantation. L’enquête révèle une corrélation positive entre le score de maturité digitale et la dynamique du chiffre d’affaires : plus cette dernière est positive, plus la probabilité d’être avancé dans sa digitalisation est élevée.
Un rapport complémentaire a été publié pour proposer une synthèse et des propositions.