L’installation de nouveaux établissements en ZUS est en baisse, tout comme la création d’entreprise non auto-entrepreneur ; l’appui à la création ne bénéficie que de 8% des crédits de l’ACSE


« Rapport 2013 », observatoire national des zones urbaines sensibles, février 2014

Quelques constats de cadrage :

– La part des ménages non imposés en Zus (60%) dépasse celle observée au sein de leurs agglomérations (39%).

Les habitants des Zus se caractérisent plus généralement par une plus grande pauvreté ; en 2011, la part des personnes vivant sous le seuil de pauvreté (977 euros mensuels) y est de 36,5%, un taux 2,9 fois plus élevé que dans le reste du territoire (12,7%) ; les personnes bénéficiant de dispositifs sous conditions de ressources sont en conséquence surreprésentées (couverture maladie universelle complémentaire, revenu de solidarité active, aides au logement). La pauvreté touche particulièrement les jeunes en 2010-2011 puisque plus de 40% des 18-24 ans et plus de 50% des moins de 18 ans vivent en dessous du seuil de pauvreté.

12,1% des contrats uniques d’insertion (CUI) signés en 2012 et des emplois d’avenir, une part supérieure à leur poids parmi les demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi (10 %). 55 000 résidents des Zus ont ainsi été embauchés, tous contrats aidés confondus,

Dans le secteur marchand, 9,2% du total des entrants de 2012 en contrat unique d’insertion-contrat initiative emploi (CUI-CIE) résident en Zus (4 800)

Dans le secteur non marchand, les résidents des Zus représentent 12,5% des entrées en contrat CUI-CAE), soit un peu plus de 50 000 des 400 610 salariés recrutés en 2012, et 18% des jeunes en emplois d’avenir.

 

Un zoom sur les jeunes

La période de la jeunesse se traduit par trois transitions principales :

– la fin des études et l’accès à une indépendance économique, notamment par l’entrée sur le marché du travail

– le départ du domicile des parents et l’accès à un logement autonome

– la constitution de sa propre autonomie familiale pour constituer un couple ou vivre seul.

Les jeunes de 16 à 25 ans résidant en Zus ont tendance à décohabiter du logement parental de manière plus précoce par rapport aux jeunes des autres quartiers : 18,6% des jeunes filles âgées de 20 à 21 ans et 17,1% des garçons résidant en Zus avaient quitté le foyer parental contre 14,3% de celles résidant en dehors des Zus et 13,9% pour les garçons ; les jeunes femmes de Zus sont deux fois plus nombreuses à avoir déjà un enfant (17,8% des moins de 25 ans) par rapport à celles vivant à l’extérieur de ce quartier (7,7%).

 

Les jeunes, habitant encore avec au moins un de leur parent, vivent dans un cas sur trois dans une famille monoparentale; ils vivent plus souvent au sein de fratries de plus grande taille (avec au minimum deux frères ou sœurs).

Les jeunes de 16 à 25 ans cohabitant en Zus vivent moins fréquemment avec leurs deux parents (54,1%) que dans les unités urbaines englobantes (62,7%), la part d’enfants qui vivent dans des familles monoparentales est supérieure de 30 % dans les zones urbaines sensibles (36% des enfants cohabitant, contre 27,6% ailleurs dans les unités urbaines).

 

La typologie réalisée a permis de distinguer cinq groupes de jeunes :

 

• 1er profil : les grands adolescents vivant avec un ou deux parents (25% des 16-29 ans) ; les ¾ ont entre 16 et 19 ans ; la moitié de ces jeunes vit dans une famille monoparentale, l’autre vit avec ses deux parents. Ces jeunes sont en grande majorité encore en études (75% en formation initiale, plutôt orientée vers des études en filière générale que professionnelle) ; près de neuf sur dix ont au moins un parent de nationalité française ; les trois quarts de ces jeunes vivent avec moins de trois frères et sœurs.

 

• 2e profil : les grands adolescents issus de l’immigration vivant avec leurs deux parents (20% des 16-29 ans) ; 68% ont moins de 20 ans ; la plupart de ces jeunes vivent avec leurs deux parents (huit jeunes sur dix) et sont pour la grande majorité encore en études (75% déclarent poursuivre une formation initiale plutôt en filière professionnelle) ; la taille des fratries : plus de quatre jeunes sur dix vivent avec plus de quatre frères et sœurs ; de plus, huit sur dix ont au moins un parent de nationalité étrangère (sept sur dix ont même leurs deux parents de nationalité étrangère).

 

• 3e profil : jeunes adultes chez leurs parents ne disposant pas de suffisamment de ressources pour être autonomes (22% des 16-29 ans) ; ce groupe est composé de jeunes adultes (82% ont plus de 20 ans) dont les deux tiers sont des hommes. Ils vivent sans conjoint, n’ont pas d’enfant mais cohabitent avec un ou deux parents (30% vivent avec un parent, 70% avec deux parents) et une grande fratrie (30% vivent avec quatre frères et sœurs ou plus).

50% sont en emploi, 30% au chômage et 20% sont inactifs au sens du BIT. Etant entrés sur le marché du travail, ces jeunes ont terminé leurs études, ne suivent pas de formation et n’envisagent pas, pour trois quarts d’entre eux, de le faire. La moitié de ces jeunes a au moins un parent de nationalité étrangère. Ces jeunes déclarent plus fréquemment un sentiment de précarité.

 

• 4e profil : les jeunes adultes autonomes en couples (60% plus de 25 ans), femmes aux 2/3 vivant en couple avec ou sans enfant (30% sans enfant, 40% avec un enfant, 30% deux enfants et plus) ; ce groupe se caractérise, d’une part, par une forte inactivité et, d’autre part, par une scolarisation qui s’est limitée dans la plupart des cas à l’enseignement secondaire

 

• 5e profil : les jeunes autonomes célibataires (13% des 16-29 ans) : près de la moitié ont plus de 25 ans), vivant pour les trois quarts sans conjoint, 59% sont des femmes. 60% ont un diplôme de niveau inférieur ou équivalent au baccalauréat. 

29% des 16 à 29 ans occupent un emploi ; 16% se déclarent au chômage (notamment les femmes et les faibles niveaux d’études) ; 41% sont en cours de formation/études et 14% inactifs. 

Ceux qui ont un emploi occupent très majoritairement un poste avec un faible niveau de qualification, un travail plus fréquent le week-end ou le soir et sont sous-représentés dans le secteur public (contre 24% des plus de 30 ans) ; Ils sont davantage salarié du privé (85% contre 65% pour les 30-64 ans), moins du public (14% contre 24), et nettement moins chef d’entreprise (1% contre 6). 41% sont employés (contre 35 pour les 30-64 ans), 42% ouvriers (dont 15% manœuvre et 27% ouvriers qualifiés, proches pour les 30-64 ans avec 13 et 24%) ; 6% sont techniciens, 8% agents de maitrise (7 et 9), et 3% cadres contre 9. Pour autant, 80% sont satisfaits de leur emploi.

 

Ceux qui sont le plus souvent en emploi sont par ordre décroissant ceux qui ont un diplôme au-delà du bac (47%), le BEP/CAP/Bac pro (38), bac général ou technologique (28), aucun diplôme (22).

 

 

L’économie locale

 

On compte au 1er janvier 2012, 64 073 établissements en ZFU contre moins de 61 890 un an auparavant soit une augmentation de 3,5% ; 22,2% sont des transferts contre 23,6 en 2011 et autour de 28% en 2007-2008, donc en baisse.

 

On trouve d’abord en ZFU des établissements intervenant dans la santé humaine, l’hébergement médico-social (14,9%), les travaux de construction spécialisés (14,4%), le commerce de détail hors automobiles et motocycles (13,6%), ou encore dans les activités scientifiques et techniques (12,8%) ; par rapport aux unités urbaines de référence, les ZFU sont nettement surreprésentées en établissements de travaux de construction (+6,1 points), dans la santé (+4,6 points) ; à l’inverse, les secteurs des activités scientifiques et techniques (-2,8 points), de l’immobilier (-2,1 points), de l’hébergement et de restauration (-2,1 points), sont sous-représentés.

 

En 2012, 11 500 établissements ont bénéficié d’une embauche exonérée de charges patronales (en baisse de 36% au regard de 2008, l’année la plus favorable et de 27% au regard de la moyenne 2005-2011) avec 4 200 salariés embauchés (en baisse de 64% au regard de 2008 et de 55% au regard de la moyenne 2005-2011), pour un total de 62 800 salariés (en baisse de 40%, et de 33% au regard de la moyenne 2005-2011) ; ces diminutions sont à la fois le fait de sorties d’établissement de ZUS, la crise économique, les modifications réglementaires en ZUS ; cela manifeste de façon certaine un essoufflement.

 

Le taux d’installation sous le régime de l’auto-entrepreneur a progressé entre 2011 et 2012 en ZFU pour passer de 32,2% à 36,8% (5 328 contre 5 120 en 2011) alors que dans le même temps le nombre d’installations total baissait significativement.

Durant les premières années d’activité, le risque de disparaître pour les établissements en ZFU est plus grand qu’en unité urbaine de référence : moins d’un établissement sur cinq (18%) de 1re génération ainsi installé entre 1997 et 2002 existe toujours près de dix ans plus tard contre 25% dans les unités urbaines qui les entourent ; les établissements de 2e génération installés entre 2004 et 2006 sont 29% à être encore en activité, contre 30% pour ceux des unités urbaines qui les entourent.

 

Le financement par l’ACSE

L’ACSE a engagé près de 38 M€ en 2012 pour soutenir près de 4 000 actions dans le domaine de l’emploi et du développement économique, conduites à 78% par des associations et 13% des collectivités locales.

 

2 types d’actions sont les plus fréquents : l’accompagnement à l’emploi (33% des actions, dont 18% d’accompagnement renforcé) et l’insertion par l’activité économique (17% des actions) ; parmi les autres types d’actions figurent notamment l’aide à la mobilité (9% des actions), l’appui à la création ou reprise d’entreprise (8%) et le dispositif de parrainage de jeunes vers l’emploi (5%).

475 000 personnes en recherche d’emploi ou en insertion ont bénéficié de ces actions en 2012 (390 000 en 2011), 61% sont issues des quartiers prioritaires de la politique de la ville (après vérification de l’adresse précise des bénéficiaires).

 

67% de ces bénéficiaires ont un niveau de formation inférieur au baccalauréat, voire aucun diplôme.

78% de ces bénéficiaires ont suivi les actions jusqu’à leur terme, et au final 25% d’entre eux ont débouché sur une « sortie positive » (emploi, formation qualifiante, création ou reprise d’entreprise). Plus précisément, 17% de ces personnes ont accédé à un emploi (contre 21% en 2011) : ce taux s’élève à 45% pour les bénéficiaires du dispositif « parrainage vers et dans l’emploi ». Les emplois ainsi obtenus sont pour moitié (49%) des emplois durables (CDI ou CDD de plus de 6 mois).

 

En incluant les subventions de l’ACSE, ces actions totalisent près de 270 M€ de financements en 2012. Aux côtés de l’ACSE, les cofinanceurs les plus fréquents dans ce domaine sont les communes (pour 54% des actions), puis les conseils généraux (34%), les intercommunalités (31%), les conseils régionaux (26%), le FSE (19%) et la DGEFP ou les DIRECCTE (19%).