La création d’entreprise n’est pas toujours la solution pour des jeunes en difficulté


« Les effets du dispositif Groupements de Créateurs : Résultats d'une expérience contrôlée » RAPPORT D’EVALUATION CREST/J-PAL(EEP)/SCIENCES-PO, septembre 2016

Méthodologie : échantillon de 902 jeunes repartis dans 11 Groupements de Créateurs différents (les jeunes accompagnés à Sénart et en Guadeloupe représentent près de 44% de l’échantillon) dont 469 figurent dans le groupe des bénéficiaires (les jeunes qui ont eu la possibilité de participer au programme), et 433 dans le groupe de contrôle (des jeunes n’ayant pas pu suivre le dispositif de Groupements de Créateurs). 3 enquêtes ont été réalisées avec un taux de réponse entre 60% et 70% pour les deux premières vagues d’enquêtes et de 40% pour la 3éme. Les participants à l’expérimentation sont âgés de 22 ans en moyenne; les femmes constituent 53% de l’échantillon et les hommes 47%; 73% sont sans emploi; 14% se sont déclarés comme étudiants, stagiaires ou en alternance; 57% détiennent un niveau d’études inférieur au baccalauréat, et 32% ont le bac. 39% ont moins d’un an d’expérience et 22% une expérience professionnelle allant de 1 à 2 ans; le public ciblé manifeste un manque de confiance. 83% ont rencontré un accompagnateur lors d’un entretien individuel; 60% ont participé à un atelier collectif, 39% ont assisté à une réunion d’information.    

 

Les Groupements de Créateurs sont rassemblés au sein de l’Association Nationale des Groupements de Créateurs (ANGC), qui a été fondée en 2000 au sein de la Mission Locale de Seine et Marne. Le réseau est composé de 16 Groupements de Créateurs répartis sur tout le territoire national et accueillis principalement dans les missions locales et les Plan Locaux pour L’insertion et l’Emploi (PLIES).

 

Sur l’ensemble des Groupements de Créateurs, 1882 personnes ont été accueillies en 2014. Le public accompagné est majoritairement constitué de jeunes âgés de moins de 26 ans (55%), avec un niveau d’études inférieur au bac (38%), issus de quartiers prioritaires (44%) et éloignés du marché de l’emploi (68% d’entre eux sont inscrits à Pôle Emploi, dont 27% en tant que demandeurs d’emploi de longue durée).  

 

Le dispositif est composé de deux phases :

-la phase d’émergence et la phase de formation. Au cours de la phase d’émergence, le jeune exprime son idée et la clarifie lors de ses échanges avec les accompagnateurs (entretiens individuels) et les autres jeunes (ateliers collectifs). Une fois que le jeune a concrétisé son projet de création d’entreprise, une formation d’une durée de 6 mois lui est proposée pour acquérir et maîtriser des compétences techniques clés pour la gestion d’entreprise.

-La phase de formation mobilise trois partenaires à savoir : l’opérateur d’accompagnement qui assure l’accompagnement du jeune, l’opérateur universitaire qui est l’instance qui délivre le diplôme, et l’Opérateur Technique de Création d’Activité qui renseigne sur toute information technique relative à la création d’activité ainsi que sur les potentiels sources de financement. Un Diplôme Universitaire de Créateur d’Activité (DUCA) est délivré à la fin de la formation.   En 2014, les Groupements de Créateurs ont accompagné 804 jeunes en phase d’émergence (43% des jeunes accueillis), dont 20% ont intégré la formation DUCA. Parmi les 596 jeunes accompagnés en 2013, 10% d’entre eux ont crée leur activité un an après la phase d’émergence.  

 

La particularité du programme de Groupements de Créateurs demeure dans son approche innovante : un accompagnement non-directif qui suit des principes pédagogiques et favorise l’autonomie des jeunes. La philosophie du dispositif repose sur l’idée qu’un jeune qui dépasse l’autocensure a plus de chances de s’intégrer sur le marché du travail.  

 

Les résultats :

-Un premier impact saillant du programme est d’accélérer l’entrée des jeunes en formation qu’elle soit professionnalisante ou orientée vers la création de leur entreprise.

– Un second est le reflexe de prudence en direction de la création d’une entreprise, suite à la formation, au profit d’un emploi salarié dont la recherche a été mieux préparée (plus réaliste et abandon de projet de création irréaliste) pour le groupe test, mais ceci n’est observable qu’à partir de la 2éme année.

-Ces derniers ont une augmentation plus marquée de leur revenu salariaux (notamment supérieurs au Smic), alors que ceux du groupe témoin sont plus faibles tout comme ceux des indépendants (ce qui a conduit nombre d’entre eux à cesser leur entreprise).

-Par contre l’impact sur l’autonomie n’a pas pu être démontré, dans la mesure où la majorité vit chez leurs parents, mais ils font plus largement confiance “à la plupart des gens”   Comparé à d’autres dispositifs, les Groupements de Créateurs s’avèrent être un moyen efficace et relativement peu coûteux d’intégrer les jeunes dans le marché du travail à moyen terme (les effets mesurés se font sentir en moins de 2 ans). Un accompagnement personnalisé peut donc constituer une politique d’emploi active efficace s’il est appliqué de manière à rendre le jeune maitre de ses décisions.