L’environnement préoccupe plus les jeunes adultes que l’immigration et le chômage.


"Environnement : les jeunes ont de fortes inquiétudes mais leurs comportements restent consuméristes", CREDOC N°308; décembre 2019

Sources : des données issues de plusieurs enquêtes :
-L’enquête annuelle « Conditions de vie et aspirations » est réalisée chaque année par le Credoc deux fois par an auprès d’un échantillon représentatif de la population française depuis 1979,

-L’enquête Tendances de consommation du CRÉDOC suit l’évolution des attentes des comportements des Français,

-L’enquête Représentations sociales de l’effet de serre (Opinionway pour l’ADEME) en 2017,

-Les Eurobaromètres de la Commission européenne L’Eurobaromètre standard, créé en 1973, regroupe des études représentant environ 1 000 entretiens en face-à-face par État membre.

 

Si les jeunes sont plus sensibles à l’environnement, cela se traduit de façon moins marquée dans leurs comportements que pour l’ensemble de la population, hors les modes de transport.

 

⇒ L’environnement est, chez les jeunes adultes (18-30 ans), en tête des préoccupations (32%),

devant l’immigration (19%) et le chômage (17%); depuis 40 ans que cet indicateur est suivi par l’enquête Conditions de vie du CRÉDOC, la proportion n’a jamais été aussi forte (plus par ailleurs que l’ensemble des Français).

Parmi les problèmes environnementaux les plus cités, le réchauffement climatique arrive en tête (41%), suivi de près par la disparition d’espèces végétales et animales (39 %).

 

Les 15-17 ans, les jeunes urbains et les diplômés du supérieur se montrent les plus soucieux de la dégradation de l’environnement.

Les jeunes sont pénétrés de l’idée que le monde va être profondément bouleversé par le dérèglement climatique : 60% des 15-24 ans pensent que le changement climatique ne sera pas limité à des niveaux acceptables d’ici à la fin du siécle; 75% des 15-24 ans pensent que les conditions de vie deviendront extrêmement pénibles si le réchauffement continue.

 

Cela se traduit notamment par une progression de leur engagement sous forme de bénévolat ou lors des manifestations (participaient à une association de protection de l’environnement en 2019, 12% vs 3% en 2016 et pour l’ensemble des Français 6 et 3).

⇒ Mais, ils ne remettent pas en cause dans leurs pratiques le modèle consumériste

Les 18-24 ans restent des consommateurs hédonistes, attirés par les produits innovants et par l’achat malin lors des soldes par exemple. Ils ne se situent pas vraiment en rupture vis-à-vis du modèle de société consumériste dans lequel ils ont grandi et vivent aujourd’hui. 20% des 18-24 ans disent que pour eux consommer est avant tout un plaisir (8 points de plus que la moyenne de la population).

Autre pratique emblématique, 28% déclarent avoir pris l’avion deux fois ou plus au cours des 12 derniers mois (+9 points au-dessus de la moyenne).

 

Au quotidien, ils ont des pratiques durables moins fréquentes que la moyenne : moins nombreux à trier leurs déchets (64% vs 80 en moyenne), à acheter des légumes de saison et locaux (44% vs 64), ainsi que des produits ayant moins d’impact sur l’environnement: Ils limitent moins souvent leur consommation de viande (33% vs 42) et réduisent moins leur consommation d’électricité (49% vs 54), choisissent moins des produits avec peu d’emballage (35% vs 41).

 

Une différence que l’on constate aussi au niveau européen, pour partie liée avec leur cycle de vie (situation moins stable, moindre maîtrise des décisions lorsqu’ils habitent chez leurs parents…). Néanmoins, les jeunes Suédois ont des pratiques plus durables que le reste de la population nationale : diminution de leur consommation d’eau, achat des produits locaux ou avec des garanties écologiques, évitement du plastique à usage unique. Peut-être est-ce parce qu’ils sont autonomes plus tôt (l’âge moyen de décohabitation est en France de 23,7 ans
contre 18,5 en Suède, notamment grâce à de nombreuses aides à la jeunesse).

⇒ Les jeunes sont accros au shopping et au multimédia

En France, ils sont nombreux à vouloir acheter de façon maline : 62% disent avoir fait des soldes de janvier dernier (vs 47% en moyenne) ; quand on leur demande pourquoi ils font les soldes, 30% répondent que c’est pour acheter plus (vs 18% en moyenne), et moins pour faire des économies (67% vs 80).

 

D’ailleurs, seulement 56% disent qu’ils réduisent déjà leur consommation de biens et de vêtements en prolongeant leur durée de vie (vs 63). 25% disent qu’ils ne le font pas encore mais qu’ils seraient prêts à le faire et 19% ne sont pas prêts à le faire. De plus, les jeunes sont également moins nombreux à acheter des vêtements écoresponsables (-7 points en dessous de la moyenne) ou fabriqués en Europe (-4 points en dessous de la moyenne).

 

Les jeunes montrent également une attirance forte pour les produits comportant une innovation technologique (+6 points au-dessus de la moyenne) ; or ces achats conduisent souvent à du gaspillage : 33% sont d’accord avec l’idée qu’ils jettent de manière trop systématique les produits électroniques et produits électro ménagers (contre 23).

Toutefois les modes de transports et les achats d’occasion laissent entrevoir des changements de mode de vie

Ils privilégient la marche, la bicyclette, les transports en commun, le covoiturage; ils sont moins nombreux à posséder une voiture et recourent plus souvent à des transports alternatifs qu’ils associent plus volontiers que leurs aînés à un moyen de protéger la planète. Ils s’orientent ainsi vers le covoiturage (56% vs 31 sur courte distance et 46% vs 30 sur longue distance).

 

Ils sont plus nombreux à déclarer avoir fait des économies en achetant des produits d’occasion (+20 points au-dessus de la moyenne), et en louant des produits (+12 points.). Ces pratiques viennent aujourd’hui plutôt en cumul qu’en substitution de l’achat de neuf, mais elles pourraient cependant être une étape sur le chemin d’une réduction de l’empreinte écologique.

 

Pouer en savoir davantage : https://www.credoc.fr/publications/environnement-les-jeunes-ont-de-fortes-inquietudes-mais-leurs-comportements-restent-consumeristes