Le Moovjee accompagne les jeunes de 18 à 30 ans dans leur aventure entrepreneuriale depuis 2009, notamment à travers un programme de mentorat. Bilan de dix ans d’entrepreneuriat des jeunes avec sa cofondatrice, Bénédicte Sanson.
Ce n’est pas le financement de l’entreprise qui pose problème en premier lieu, mais l’argent au quotidien pour vivre, le temps que l’entreprise monte en puissance.
“L’image de l’entrepreneur a changé. Avant, c’était un sale patron. Aujourd’hui, c’est quelqu’un qui participe à la vie économique, qui crée de l’emploi, qui participe au rayonnement économique et à la richesse du pays.
D’autre part, les jeunes préfèrent créer leur propre emploi plutôt que de passer deux ans à le chercher. Et si ça ne marche pas, créer son entreprise puis échouer, peut être une voie royale pour trouver un beau job ensuite. Les jeunes ont compris que le goût du risque est désormais valorisé par les employeurs.
Enfin, les jeunes veulent contribuer à changer un système qui ne leur convient pas. Un système étroit dont ils voient les limites quand leurs parents sont licenciés après vingt-cinq ans de bons et loyaux services. Ils veulent inventer autre chose avec plus de valeur et plus de sens. Créer du positif plutôt que de continuer à pressuriser et à polluer.”
“Le frein essentiel, c’est le problème économique. Non pas l’argent pour financer sa start-up mais l’argent pour vivre. Il y a deux ans, nous avons questionné les jeunes du Moovjee. La première chose qu’ils nous ont dit, c’est qu’ils mettent deux ans avant de se verser un premier salaire, généralement de l’ordre de 500 euros. Beaucoup ont la chance d’habiter chez leurs parents, certains bénéficient du chômage après un contrat d’apprentissage durant leurs études. D’autres travaillent à côté, ils sont, par exemple, nombreux à donner des cours. Lors de l’enquête, un de nos étudiants nous expliquait qu’il louait son appartement et dormait dans l’entreprise pour avoir un peu d’argent.”
“Avec Dominique Restino [cofondateur et président du Moovjee], nous avions imaginé un dispositif qui se rapprocherait du service civique, le service civique entrepreneurial”