Innovation : le profil des entreprises en 2011


« Rapport 2012 sur l’évolution des PME », OSEO, lu février 2013

En l’absence de bases de données consolidées sur les entreprises innovantes, l’analyse menée depuis 2005 s’appuie sur les entreprises soutenues par OSEO ; en 2011, le périmètre s’élargit avec les sociétés détentrices de brevets et celles investies par les Fonds Communs de Placement dans l’Innovation (FCPI) ; le partenariat avec l’INPI et l’AFIC permet ainsi de détecter 2 300 entreprises supplémentaires, portant à près de 10 000 le nombre total de sociétés innovantes étudiées. Elles emploient 740 000 personnes et réalisent 200 Md€ de chiffre d’affaires. Les PME innovantes étudiées ici représentent 3 % des quelques 131 000 PME identifiées par l’INSEE, 12 % des 4 576 ETI recensées également par l’INSEE

 

 

La croissance en 2010 et 2011 du montant investi en R&D et innovation et/ou du nombre d’acteurs concernés, notamment des PME, confirme la tendance constatée depuis le début de la crise : les arbitrages entre projets d’investissement réalisés par les entreprises en 2011 sont toujours favorables à l’innovation alors que les nouveaux investissements corporels ont été mis en attente faute de visibilité sur la reprise.

 

La dépense intérieure de R&D des entreprises, en particulier des PME et ETI augmente de + 2,6%. De fait, le nombre de bénéficiaires du crédit d’Impôt recherche suit la même tendance (10% d’entreprises bénéficiaires de moins de 250 salariés en plus qu’en 2010) ; de même, l’expansion du nombre d’établissements membres des pôles de compétitivité ; le nombre de propriétaires de brevets publiés en 2011 augmente également de + 11% ; quant au statut fiscal de jeune entreprise Innovante, 578 nouvelles entreprises en ont bénéficié en 2011, ce qui traduit une première stabilité du dispositif.

 

En 2011, le nombre d’entreprises engagées dans un processus innovant se répartit à quasi-égalité entre PME (49%) et micro-entreprises (45%) et 6% pour les ETI.

 

19% ont moins de 3 ans, 12% de 3 à 5 ans, 18% de 5 à 10 ans, 24% de 10 à 20 ans et 27% 20 ans et plus. L’âge est corrélé à la taille de l’entreprise, les micro-entreprises, qui intègrent naturellement les créations, sont très nettement plus jeunes que les PME et les ETI ; la moitié a moins de 4 ans et demi lorsqu’une PME sur deux à moins de 22 ans et demi ; cette ancienneté relative des PME et ETI est sensiblement influencée par la présence des entreprises déposantes de brevets dont 6 sur 10 ont au moins 10 ans d’existence.

 

En termes d’activité, les innovantes sont au 2/3 localisées dans l’industrie et l’informatique ; les micro-entreprises, plus que les autres le sont dans les services aux entreprises et l’informatique (52% contre 29 pour les PME et 16 pour les ETI) et moins dans l’industrie :

 

Ensemble

Micro-entreprises

PME

ETI

– Industrie

38

22

52

66

-Activités spécialisées, scientifiques et techniques

21

32

15

9

Dont au sein de cette activité, ingénierie, activités de contrôle

42

43

48

47

-Information et communication

17

20

14

7

Dont programmation, conseil, autres activités informatiques

60

64

55

66

-Commerce

11

13

9

8

Dont commerce de gros

73

72

83

92

La répartition spatiale des entreprises innovantes montre une concentration en Île-de-France et Rhône-Alpes qui regroupent quatre entreprises innovantes sur dix en 2011. Viennent ensuite les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur, Pays de la Loire et Nord – Pas-de-Calais (5 à 7 %). Au total, trois quarts des entreprises innovantes sont localisées dans seulement neuf régions.

 

En 2011, les jeunes entreprises innovantes sont de plus petite taille qu’en 2010 tant en termes d’effectif que de chiffre d’affaires.

En effet, elles sont trois fois plus nombreuses qu’en 2010 à ne pas avoir encore réalisé de chiffre d’affaires ; les entreprises de 1 à 3 ans qui ont produit du chiffre d’affaires en 2011 ont vu leurs ventes diminuer de 12%.

Le niveau de leurs fonds propres est également en recul en 2011 : la moitié ont moins de 100k€ de capitalisation contre 140k€ en 2010. Elles demeurent malgré tout fortement internationalisées : une jeune entreprise sur quatre réalisant du chiffre d’affaires, est exportatrice. Pour 43% d’entre elles, l’international est déterminant dans le chiffre d’affaires (plus de 50 % réalisés à l’étranger).

L’état de la conjoncture n’impacterait donc pas la volonté de créer des entreprises innovantes, mais limiterait leur développement de court terme sur le marché, et par conséquent leurs embauches.

 

La jeune entreprise médiane est une micro-entreprise d’un an et demi d’existence. Elle emploie une personne et réalise 56k€ de chiffre d’affaires (100k€ lorsqu’elle a un chiffre d’affaires positif). Elle est dotée de 100 k€ de fonds propres. Les trois quarts du chiffre d’affaires sont affectés aux dépenses de personnel dans la mesure où l’activité au cours des premières années de l’entreprise est focalisée sur le projet d’innovation. Par comparaison, ce ratio n’est plus que de 48% chez les 5 à 10 ans et de 30% chez les plus de 10 ans.

 

Des entreprises innovantes matures de taille modérée : la micro-entreprise mature médiane de 2011 emploie 4 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 446k€. Cette petite taille est due en partie à leur relative jeunesse, la moitié d’entre elles ayant entre 3 et 8 ans d’ancienneté.

Le profil médian de la PME mature est de 39 employés et 7 M€ de chiffre d’affaires. En 2011, 50% des entreprises innovantes matures exportent. Elles sont fortement internationalisées (six sur dix réalisent plus de 25 % de leur chiffre d’affaires à l’export et plus de 50 % du chiffre d’affaires pour un tiers d’entre elles).

 

En 2011, OSEO a accompagné 3 663 bénéficiaires dans leurs projets d’innovation, pour un montant de 907 M€. 8 sur 10 des projets d’innovation sont à composante technologique.

En 2011, 2 839 porteurs de projet d’innovation à composante technologique ont été accompagnés à hauteur de 571 M€ via les dispositifs d’aide publique d’OSEO (Aide à l’innovation, Innovation Stratégique Industrielle et Fonds Unique Interministériel destiné aux projets des pôles de compétitivité).

En termes de répartition sectorielle, 1 bénéficiaire sur 3 relève de l’industrie manufacturière, 3 sur 10 des services aux entreprises, 1 sur 5 du secteur information et communication et 1 sur 10 du commerce.

 

 

Les points forts du système d’innovation français reposent sur un capital humain de formation élevée, une recherche ouverte, d’excellence et attractive, ainsi que sur un effort de R&D du secteur public élevé. La France se positionne de fait au-dessus de l’indicateur moyen de performance innovation de l’UE27 ; sur les deux premiers indicateurs, elle fait même aussi bien que les quatre pays du groupe « leader », constitué des trois pays nordiques et de l’Allemagne.

A contrario, les indicateurs relevant de l’activité d’innovation des entreprises françaises (dépenses de R&D et d’innovation, mode d’organisation, propriété intellectuelle, propension à innover, externalités) sont quelque peu en retrait par rapport à la moyenne de l’UE27.

Des innovations intensives en R&D mais une diffusion technologique insuffisante

Avec un poids des dépenses de R&D dans le PIB de 1,39%, la France reste très en deçà du groupe leader (2,17%) ; il faut ajouter une appropriation plus faible des nouveautés technologiques par des tiers, et par conséquent une diffusion technologique naturelle insuffisante.

 

Les entreprises françaises tirent un avantage concurrentiel indéniable de leurs innovations ; elles représentent 13% de leur chiffre d’affaires, autant que pour la PME européenne moyenne. Cette compétitivité liée à des innovations à contenu technologique élevé est nettement visible à l’international puisque la part des produits moyennement ou fortement technologiques dans le total des exportations est supérieure à celle de l’UE27 et du groupe « leader ».

L’écart avec le groupe « leader » est toutefois important et moins favorable pour la France : trois PME françaises sur dix sont innovantes en produit ou procédé, quatre sur dix dans les pays nordiques et cinq sur dix en Allemagne. Il est négligeable, voire en faveur de la France, pour les innovations managériales ou organisationnelles.

 

Le comportement d’internalisation des activités d’innovation des PME françaises est moins développé au regard des autres PME de l’UE15 : si trois PME françaises sur dix exécutent tout ou partie de leur programme d’innovation au sein même de l’entreprise, elles sont quatre sur dix à le faire dans le groupe « leader », voire cinq sur dix en Allemagne. Les PME françaises sous-traiteraient ainsi davantage la réalisation de leur programme d’innovation.

De fait, elles ont un comportement beaucoup plus ouvert à la collaboration : 14% ont monté des partenariats avec des laboratoires publics ou des entreprises contre 11% pour l’UE27 et seulement 9% pour l’Allemagne.

 

Malgré une activité de R&D intense, les comportements de protection et de gestion des actifs immatériels par d’autres voies que le secret ou l’avance technologique sont moins développés en France ; concernant les brevets internationaux publiés, la France est au même niveau que l’UE27, mais elle est très en retrait par rapport aux pays du Nord de l’Europe, à l’Autriche et à l’Allemagne : pour 1Md€ de PIB, 4 brevets sont publiés en France contre 9 en Finlande et en Suède, 7 au Danemark et en Allemagne et 6 aux Pays-Bas.

 

Toutefois, la performance globale de la France en innovation a augmenté beaucoup plus que dans les autres pays, y compris ceux qui ont résisté au creux de la crise ; un effort soutenu et constant se vérifie tant en valeur absolue que relative ; les indicateurs progressent quasiment tous, y compris sur les points forts du système d’innovation ; les trois indicateurs dont la croissance est la plus remarquable concernent :

– les dépenses d’innovation autres que la R&D qui augmentent de 8,7% par an, alors qu’elles sont en recul dans la plupart des pays de l’UE27, y compris dans les pays du groupe « leader » ;

– les marques déposées au niveau international, dont la hausse de 8,3% montrerait un changement de comportement mais le retard notamment sur les pays « leaders » est difficile à combler puisqu’ils sont eux aussi en progression de 10% dans ce domaine ;

– les exportations de services intensifs en savoir qui connaissent la plus forte croissance de toute l’UE27 (+ 12,8%).