Un point rapide sur l’évolution de l’industrie.


"L’INDUSTRIE FRANÇAISE : UN DÉFI DE TAILLE", BNP-Paris-Bas, Eco Flash N° 22-01, février 2022

Si les capacités de production sont aujourd’hui de près de 6% inférieures à leur niveau de 2018, la tendance actuelle est une reprise progressive, malgré l’handicap de produits très soumis à la concurrence.

 

Si la baisse du poids de l’industrie dans le PIB est tout à fait naturelle eu égard au développement des services, la France a connu une baisse plus forte qu’en l’Allemagne ou même qu’en Italie.

 

L’emploi industriel s’est lui aussi contracté, à partir de 2001, bien que cette baisse continue se soit interrompue à partir de 2017.  Au 4e trimestre 2021, l’emploi industriel était encore inférieur de près de 40 000 emplois par rapport à la fin 2019, contre un niveau supérieur de près de 65 000 et 220 000 emplois respectivement dans la construction et le tertiaire marchand.

 

 Cela n’exclut pas une augmentation de la valeur ajoutée dans l’industrie et un accroissement de sa productivité. 

 

Une forte réduction de ces capacités de production au regard du pic connu dans les années 2000. La répétition de chocs a joué avec, à chaque fois, avec une absence de retour à la situation pré-crise.

En parallèle, dans les secteurs dont les capacités ont diminué, les importations ont augmenté et la balance commerciale s’est creusée ;  ainsi, en 2021, le déficit sur les biens industriels (hors agroalimentaire) a atteint près de 50Md€, pour un déficit commercial total de près de 85Md€.

 

Après une longue atonie dans la première partie des années 2010, l’industrie a semblé connaître un regain d’activité à partir de 2016, tant en termes de capacités de production que d’emploi. En parallèle, une forte accélération de la croissance française (et étrangère) a fourni un terreau favorable. Toutefois, fin 2019, les capacités de production étaient déjà de plus de 2% inférieures à celles de fin 2018. Les capacités de production sont aujourd’hui de près de 6% inférieures à leur niveau de 2018.

 

Le point de départ de cette inversion de tendance est à rechercher en 2018, où des problématiques spécifiques à certains secteurs sont apparues. À l’époque, la demande des ménages commence à s’éroder, surtout en raison de la hausse du pétrole qui affecte leur pouvoir d’achat. La production des entreprises ne s’ajuste pas immédiatement notamment dans l’industrie automobile, ce qui entraîne un accroissement des stocks. L’accroissement de la réglementation, a aussi pesé sur la demande.

 

Les défaillances d’entreprises se sont accrues et des capacités de production ont donc été détruites. Depuis, les entreprises ont largement investi pour tenter de compenser ce retard en termes de capacités, ne comblant qu’une petite partie de la perte de capacités de production intervenue à partir de 2018.

 

Des relocalisations d’activité vers les pays d’Europe centrale sont intervenues, après leur intégration à l’Union européenne (ces pays ont bénéficié de fonds européens et ont vu l’investissement étranger nettement augmenter).

 

Plus généralement, une des causes identifiées du décrochage est la hausse du coût du travail, qui a été significative jusqu’en 2012. La persistance du chômage a limité les hausses de salaires, tandis que diverses mesures visaient à baisser les charges (Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi, Pacte de Responsabilité), d’où une relative stabilité du coût du travail (charges comprises) entre 2012 et 2017.

 

Cette période a permis la reconstitution de près de 10% des capacités de production dans l’industrie entre 2015 et 2018. L’investissement a redémarré sur cette période avec deux soutiens complémentaires : la faiblesse des taux d’intérêt, et la mesure de suramortissement permettant à des entreprises de réduire leur impôt sur les sociétés en raison d’un investissement productif.

 

Depuis la mi-2020, l’effort d’investissement des entreprises s’est accéléré, augurant d’une évolution positive des capacités de production. Il reste que, dans une période où les taux d’intérêt devraient remonter, cet effort devrait devenir plus coûteux. Afin de ne pas casser cette dynamique, des mesures incitatives à l’investissement et plus généralement à la localisation en France pourraient s’avérer pertinentes.

 

Lorsqu’on la compare avec l’Allemagne, il apparaît clairement que la France est davantage soumise à la concurrence étrangère. Ses exportations sont moins complexes et concernent donc des biens (ou des niveaux de gammes) qui font face à la concurrence de davantage de pays.

 

Pour en savoir davantage : L’industrie française : un défi de taille | Etudes Economiques-BNPParibas