L’emploi industriel, bien qu’en chute, totalise encore 12% des emplois marchands en France, et 7,4% en Ile-de-France.


"L'industrie francilienne : des mutations de long terme toujours à l'œuvre", Insee Analyses Ile-de-France N° 91, décembre 2018

Depuis les années 70, la désindustrialisation est à l’œuvre. Cette évolution s’est accompagnée d’une recomposition et d’un redéploiement des activités sur le territoire francilien. Auparavant, les sites industriels étaient souvent implantés de façon spontanée tout en étant proches des bassins d’emploi. Au fil des ans, les anciennes zones industrielles ouvrières parfois polluantes, ont laissé place à des centres d’affaires mieux intégrés au tissu urbain. Les industries traditionnelles de production, ont quasiment disparu au profit d’activités plus orientées vers la recherche, la conception, la gestion, l commerce, davantage  disséminées en grande couronne.

 

Fin 2015, l’industrie francilienne emploie près de 460 000 personnes, soit 14,1% de l’emploi industriel de la France métropolitaine. C’est la deuxième région française en effectifs après la région Auvergne – Rhône-Alpes. Cependant, la part de l’industrie dans l’économie y est plutôt modérée : l’industrie représente 7,4% de l’emploi total régional et 9,2% de la valeur ajoutée (contre respectivement 12,2% et 14,3% en France métropolitaine).

Mais depuis 1989 l’emploi industriel a fortement chuté, plus en Ile-de-France qu’en France et plus à Paris ou en petite couronne, moins en grande couronne (qui connait une chute moins forte qu’en France métropolitaine)

 

Le poids de Paris dans l’industrie francilienne continue de reculer du fait de transferts de sièges ou d’implantations de nouvelles entreprises en dehors de la capitale, là où les réserves foncières sont plus importantes et les loyers moins élevés; à l’inverse, l’emploi industriel se renforce en petite couronne, comme en grande couronne. Les départements franciliens les mieux dotés en emplois industriels sont les Hauts-de-Seine (96 000), les Yvelines (76 000), puis Paris (53 000); la part de l’emploi industriel dans l’emploi salarié s’élève à 7,4% dans la région, mais est deux fois plus importante dans les Yvelines (15,4%), devant la Seine-et-Marne (10,9%) vs à Paris (3,2%).

 

Depuis 2008, la baisse des effectifs va de pair avec un recentrage autour de cinq secteurs, renforçant ainsi les spécificités sectorielles de l’industrie francilienne : 2 secteurs liés au fonctionnement de la région que sont la production et distribution d’électricité (la production d’énergie devient le deuxième secteur industriel francilien en effectifs et celle de l’eau); 3 autres secteurs ont mieux résisté, tout en perdant des emplois; il s’agit de la fabrication de matériel de transport, de la réparation et de l’installation de machines et des industries agroalimentaires; en revanche, l’industrie pharmaceutique, qui constitue une autre activité spécifique à la région, occupe depuis 2008 une place moins importante dans l’emploi industriel régional.

 

La petite couronne est davantage orientée vers les activités pharmaceutiques, en particulier les Hauts-de-Seine et le Val-de-Marne. En grande couronne, l’industrie est davantage structurée autour d’activités lourdes et consommatrices d’espace. En Seine-et-Marne, il s’agit des industries extractives (notamment la raffinerie de Grandpuits), de la métallurgie et des IAA. Le département des Yvelines conforte, quant à lui, sa première place dans la fabrication de matériels de transport, principalement l’industrie automobile et l’aéronautique, ainsi que l’électronique et la fabrication d’autres machines. Du fait d’une spécialisation accrue dans les industries électroniques, l’Essonne devient le premier département francilien en effectifs pour ce type d’activité. Enfin, dans le Val-d’Oise, le tissu industriel est plus diversifié, mais les industries de la métallurgie et du plastique ressortent largement.

 

Si la part des établissements employeurs a fortement baissé, surtout parmi ceux de moins de 10 salariés,  la taille moyenne des établissements employeurs s’est accrue sur cette période, passant de 27,4 salariés à 31,5. Les petits établissements sont toutefois prédominants dans l’industrie; les établissements de moins de 10 salariés représentent 88% du total (67% ne comptent même aucun salarié) et emploient 7% des effectifs (30 000 emplois); à l’opposé, un peu moins de 300 grands établissements de plus de 250 salariés emploient à eux seuls près de la moitié des effectifs franciliens (200 000 emplois).

 

De nouveaux modes de production affectent la structure des emplois, telles les compétences recherchées, et la structure capitalistique des entreprises industrielles, et une augmentation de la productivité apparente du travail.

Les cadres et professions intellectuelles supérieures représentent les plus gros effectifs, avec 157 000 emplois salariés (37,5% des emplois salariés industriels vs 28,5 en moyenne) et une féminisation de ces emplois, devant les ouvriers (119 000 emplois) et les professions intermédiaires (103 000).  Si la part des cadres a augmenté, celles des professions intermédiaires a diminué, surtout pour les professions administratives, tout comme celle des ouvriers, en particulier non qualifiés (exception, à Paris, le poids des ouvriers a cependant progressé en particulier dans la distribution et production d’eau, dans les industries agroalimentaires et la fabrication de matériels de transport) tandis que celui des employés a diminué dans les mêmes proportions.

 

Les effectifs industriels continuent de vieillir, avec une part des 55 ans ou plus qui représente près de 18% des salariés de l’industrie (+ 4 points depuis 2009), soit 2 points de plus que pour l’ensemble des secteurs économiques, mais les salariés âgés de 25 à 54 ans représentent les trois quarts des effectifs (leur part recule de 4 points); la part des plus jeunes (15-24 ans) est stable à 6%, alors qu’elle représente 8% dans l’ensemble de la population active occupée.

C’est en Seine-et-Marne et dans les Yvelines que les emplois d’ouvriers dans l’industrie sont les plus nombreux (20 000 emplois, soit 17% du total régional dans chaque département). En Seine-et-Marne, la part des ouvriers dans l’emploi industriel atteint 43%, comme en Val-d’Oise (42%).

En 2017, le chiffre d’affaires progresse de 4,1% après une relative atonie en 2016 (+ 1%). En France, l’activité industrielle suit la même tendance (+4,7% en 2017 après + 2,6% en 2016). Les embauches dans les PME industrielles franciliennes sont orientées à la hausse en 2017 (+ 2,3%); le recours à l’intérim s’intensifie (+ 15%).
Les investissements sont à la hausse (+ 4,5% en 2017), notamment dans l’industrie manufacturière, néanmoins en retrait par rapport au niveau national.

Mais le taux de marge baisse de 1,25 point entre 2015 et 2017, alors qu’il augmente de 0,7 point au niveau national (hausse de la masse salariale à un rythme plus élevé que celui de la valeur ajoutée).

 

Les fonds propres des PME industrielles paraissent stabilisés juste au-dessus de 42% du total des ressources, à un demi-point au-dessus de la moyenne nationale; l’endettement financier évolue peu en 2017, mais reste plus important qu’au niveau national (deux tiers des capitaux propres contre un peu plus de la moitié); néanmoins, la charge financière diminue, à la faveur notamment de la baisse des taux d’intérêt. La structure francilienne paraît plus centrée sur des entités dépendant d’une tête de groupe, au regard de la répartition de l’endettement (part plus élevée des autres dettes dont intra-groupes).