Une nouvelle étude confirme l’amélioration de la trésorerie et des encours lors de la crise sanitaire.


"Quelle situation financière des entreprises et des ménages deux ans après le début de la crise Covid ?", Conseil d'Analyse Economique, focus N°083, mars 2022

Source : le Crédit Mutuel Alliance Fédérale, première banque à adopter le statut d’entreprise à mission, a fourni les données de comptes bancaires sur la base de 2 échantillons : un échantillon d’entreprises et un échantillon de ménages par tirage aléatoire et construit de telle sorte qu’on ne puisse pas identifier les entreprises ou les ménages.

Pour les entreprises, l’échantillon est composé d’environ 70 000 TPE, 25 000 PME et 20 000 entreprises individuelles avec des données disponibles mois par mois de novembre 2019 jusqu’à février 2022 pour mesurer la liquidité des entreprises (le solde de leur compte courant) et de leur situation financière nette (leur encours bancaire sur le compte courant et les comptes d’épargne nets de leurs dettes bancaires).

 

Cette nouvelle étude confirme que les TPE/PME bénéficiaires de PGE et en difficulté, l’étaient déjà avant la crise.

⇒ Les entreprises

Grâce aux aides de l’État (notamment le PGE), la situation de trésorerie des entreprises s’est nettement améliorée pendant le 2éme trimestre 2020 avant de se stabiliser par la suite à des niveaux nettement plus élevés qu’avant crise.

 

Si le secteur manufacturier se comporte similairement à l’ensemble des secteurs, la situation est plus favorable pour les HCR et moins pour la construction ou le transport. 

 

Pour les encours nets (somme des soldes des comptes bancaires, moins les encours de dettes bancaires), on observe une hausse des encours nets moyens puis une stabilité (depuis début 2021 pour les PME et depuis la fin 2021 pour les TPE), à des niveaux plus élevés.

Plus encore que pour la trésorerie, l’évolution des encours nets cache une plus forte hétérogénéité qu’avant la pandémie : plus d’entreprises en situation « faible » et plus d’entreprises en situation « bonne » voire « très bonne ».

 

On relève aussi de fortes différences au sein de chaque secteur d’activité : les secteurs de la construction et de l’informatique, communication se distinguent avec une augmentation nettement plus forte de la part des entreprises en situation très difficile par rapport à la situation pré‐crise et peu voire quasiment pas d’augmentation du nombre d’entreprises en situation bonne ou très bonne. Inversement, les HCR voient leur situation s’améliorer sensiblement (une proportion identique d’entreprise en situation mauvaise à celle de la période pré‐crise et une nette augmentation du nombre d’entreprises en situation bonne voire très bonne).

♦ 64% des entreprises n’avaient aucun PGE, ni en janvier 2021, ni en février 2022. Parmi celles qui ont un PGE, 2,6% en ont un en fin de période et n’en avaient pas au début de celle‐ci, 2,4% l’ont augmenté, 16,1% ont un montant stable de PGE entre le début et la fin de période, 10,9% ont commencé à rembourser partiellement, 4% l’ont remboursé intégralement. 

 

Que ce soit pour les TPE ou les PME, les entreprises ayant eu recours au PGE étaient initialement plus en difficulté que celles qui n’y ont pas eu recours (elles avaient initialement des encours nets bancaires plus faibles) et ont connu des trajectoires négatives : leurs encours nets médians se sont dégradés et sont nettement inférieurs en février 2022 à leurs niveaux d’avant crise. Les entreprises n’ayant pas eu recours au PGE ont connu une évolution opposée avec une amélioration de leur situation financière nette. Ce constat s’observe dans tous les secteurs, qu’ils soient les plus affectés par les fermetures administratives ou pas.

⇒ Les ménages

♦ Le stock d’épargne brute (mesurée par la somme des soldes des comptes courants et des soldes des comptes d’épargne) a continué à croître au‐dessus de son rythme « normal » tout au long de la période. Cela signifie qu’on ne voit toujours pas, au moins globalement, de comportement franc de désépargne. De fait, le surcroît d’épargne cumulé depuis le début de la crise sanitaire est de l’ordre de 6% du stock d’épargne des ménages.

 

La mesure de la précarité, approchée par le pourcentage de ménages ayant un compte courant dont le solde est négatif en fin de mois a fortement diminué avec le premier confinement et la chute de consommation ; cet indicateur est resté stable par la suite et plus bas qu’avant la crise : 12% des ménages ont désormais un compte dans le rouge contre 14% avant la crise.

 

Les différentes composantes d’épargne (soldes comptes courants, soldes comptes livrets, assurances vie et comptes titres) pour les différents déciles montre une structure de l’épargne financière par type d’actif assez similaire entre les déciles pré‐crise, à une nuance près : le denier décile se distingue par une part de compte titres environ 2 fois plus importante que les autres déciles (13% versus 5‐6 du total de l’épargne) et inversement une part plus réduite pour les comptes livrets. Pour les autres déciles, c’est le compte courant qui a augmenté le plus.

 

Pour en savoir davantage : FocusCAE_083-2022 (SituationEntr.) (cae-eco.fr)