En 2010, parmi les couples qui vivent ensemble depuis au moins un an et dont au moins un des conjoints est actif, près des deux tiers déclarent mettre leurs revenus intégralement en commun. Les autres se répartissent à peu près également entre ceux qui déclarent mettre en commun seulement une partie de leurs revenus (18%) et ceux qui déclarent les séparer totalement (18%).
Ces modes d’organisation sont stables : 90 % des couples ont toujours appliqué la même règle. Les couples qui mettent en commun partiellement leurs revenus déclarent en revanche plus souvent avoir adopté ce système après avoir étudié diverses possibilités (32 %) ou du fait d’un évènement particulier (21 %, l’arrivée d’un enfant, l’achat d’un logement).
Lorsque les revenus sont partiellement ou totalement séparés, les conjoints doivent s’entendre sur leurs contributions respectives à la caisse commune ou sur le partage des dépenses.
Trois logiques se dégagent :
*une logique de redistribution pour la moitié des couples ; contribuent proportionnellement à leurs revenus personnels, donc celui qui a les revenus les plus élevés contribue plus aux dépenses collectives – voire, les prend intégralement en charge dans 13 % des cas.
*une logique d’égalité de contribution (21% des couples)
*une logique de partage par type de dépenses (16% des couples), l’un prenant en charge le loyer et l’autre le reste des dépenses courantes.
* 12% des couples ne suivent aucune de ces trois logiques.
Lorsque les revenus sont totalement mis en commun, la question des limites de l’utilisation de « l’argent du ménage » pourrait se poser : la grande majorité de ces couples (79%) déclarent n’avoir pas institué de limite, ni ensemble ni individuellement.
Les autres se partagent, inégalement, entre ceux où les deux conjoints (interrogés séparément) ont indiqué s’appliquer personnellement une limite (3%), et ceux où seul l’un des conjoints déclarait s’être donné une limite ; dans ce cas, c’est deux fois plus souvent la femme (12%) que l’homme (6%).
Malgré cela, lorsqu’ils font des dépenses pour eux-mêmes, la majorité des conjoints se consultent au préalable, notamment s’ils considèrent qu’il s’agit d’une grosse dépense. Ils déclarent toutefois plus souvent se consulter « toujours » quand les revenus sont totalement mis en commun.
Indépendamment du mode d’organisation des revenus, près de 40% des hommes déclarent discuter toujours de leurs achats avec leur conjointe, contre 20% des femmes, et seuls 12% des hommes déclarent ne jamais consulter leur partenaire quand c’est le cas de 20% des femmes.
Un certain nombre de caractéristiques influencent la mise ou non en commun des revenus :
–Les trois quarts des couples mariés mettent tous leurs revenus en commun, contre 30% pour les pacsés et 37% pour ceux qui sont en union libre
-80% des couples ayant au moins 20 ans de vie commune mettent les revenus totalement en commun contre les 2/3 pour ceux qui ont de 10 à 20 ans de vie commune, 45% de 5 à 10 ans et 31% des couples vivant ensemble depuis moins de 5 ans.
* 67% des couples qui ont (ou ont eu) des enfants mettent également leurs revenus en commun, contre 38% pour ceux qui n’ont pas d’enfant.
* Quand l’un des conjoints au moins a déjà eu une expérience de vie en couple, seulement 52% des couples mettent tous leurs revenus en commun, contre 68 % des couples dont les deux conjoints sont dans leur première union. Deux raisons : d’une part, l’expérience de rupture rend prudent (difficultés d’une séparation au moment de « démêler » les comptes), d’autre part, il peut rester des liens financiers avec un précédent partenaire (la part de mise en commun totale tombe en effet à 42% lorsqu’une pension alimentaire ou une prestation compensatoire est en jeu)
*77% des couples dont l’un des conjoints est retraité, et 75% des couples où l’un des conjoints est inactif non retraité collectivisent totalement les revenus, contre seulement 59% des couples dont les deux conjoints sont actifs
*Ceux dont le niveau de vie est élevé mettent moins souvent les revenus totalement en commun. Le constat est le même pour les niveaux d’études qu’il s’agisse du diplôme de la femme ou de celui de l’homme ; la part est d’autant plus faible que les niveaux de diplôme sont élevés :
Niveau de diplôme |
CEP ou moins |
CAP-BEP |
Bac et 1er cycle |
Au-delà |
Femme |
74 |
69 |
62 |
46 |
Homme |
76 |
69 |
56 |
50 |
En conclusion, le mariage, la présence d’enfants ont un effet positif et significatif sur la probabilité de mise en commun totale alors que les recompositions familiales, la bi-activité, des diplômes ou un niveau de vie plutôt élevés ont un effet négatif.