Le flux des créations d’entreprises a été marqué par la récession de 2008.


"La création d’entreprises dix ans après la Grande récession : une perspective macroéconomique" La lettre du CEPII, N°401, juillet-août 2019

La création d’entreprises a été fortement affectée par la récession de 2008-2009, connaissant une chute brutale suivie d’une longue période de stagnation, tant en France (pour partie masquée par l’apparition des autoentrepreneurs) qu’aux États-Unis.

 

En France, le taux de croissance moyen est passé de 9% entre 2000 et 2007 à 2% entre 2008 et 2017 (dont une chute au cours des années 2009 et 2012). Les deux pays ne retrouvent leur niveau de création d’entreprises d’avant-crise que bien plus tard (en 2015 pour les États-Unis et en 2016 pour la France).

 

Les travaux de la Banque mondiale sur l’entreprenariat dans 95 pays montrent que seulement 20% des pays ont vu les créations d’entreprises s’accroître entre 2008 et 2009 contre 74% des pays entre 2006 et 2007. Les pays à revenus les plus élevés, qui sont aussi les plus exposés à la crise en raison du fort développement de leur système financier, sont ceux qui ont connu la chute la plus forte de la création d’entreprises.

 

Les variables financières (taux d’intérêt, encours de crédit, ou encore prix des actifs financiers et immobiliers) partagent des évolutions cycliques communes; les retournements du cycle financier (en 2007-2008), coïncident fréquemment avec ceux du cycle économique et ont tendance à provoquer ou aggraver les récessions économiques; ils affectent aussi la création d’entreprises. En ces périodes, les projets individuels des entrepreneurs apparaissent risqués; les prêteurs rehaussent la prime de risque.

Ces incertitudes contribuent également aux variations de l’investissement (43%) et de la croissance du PIB (23%).

 

Les effets macroéconomiques d’une chute des créations d’entreprises ne se sont pas particulièrement ressentis la première année, car les nouvelles entreprises représentent une part faible de l’ensemble des entreprises dans l’économie. En revanche, la deuxième année, il manque dans l’économie celles qui ne sont pas créées durant cette deuxième année plus celles qui n’ont pas été créées l’année précédente. Et ainsi de suite, après cinq années de ralentissement de la création d’entreprises, ce sont cinq générations d’entreprises et d’emplois nouveaux qui manquent dans l’économie et, avec celles-ci, tous les emplois et nouveaux produits qu’elles auraient pu apporter.

 

Si l’on met en perspective ce phénomène de générations manquantes d’entreprises et les sept années de ralentissement de la création d’entreprises précédemment décrites, il s’ensuit naturellement des implications macroéconomiques importantes et durables dans les économies concernées.

 

Pour en savoir davantage : http://www.cepii.fr/CEPII/fr/publications/lettre/abstract.asp?NoDoc=12296