Présidé par le médiateur national du crédit, l’Observatoire regroupe :
• les principales organisations représentatives des entreprises (MEDEF, CPME, U2P, etc.), les réseaux consulaires (CCI,CMA France) et ESS France ;
• les principales organisations représentatives du secteur financier (FBF, ASF, France Invest, assureurs‑crédit,Financement Participatif France, etc.) ;
• des établissements financiers;
• des acteurs publics du financement (tels que Bpifrance);
• les acteurs du monde comptable (CSOEC) ;
• les principaux pourvoyeurs de statistiques publiques et de diagnostic économique (Banque de France, Insee, direction générale du Trésor, direction générale des Entreprises, Rexecode, etc.).
L’étude permet d’approcher les investissements par activité, taille d’entreprise et nature d’investissement.
⇒ Nombre d’entreprises ayant investi et montants investis
♦ En 2019, sur les 2,3 millions d’entreprises observées ici, 1,1 million (46%) ont réalisé des investissements : 99,6% des grandes entreprises, 98% des ETI et 89% des PME, 43% des microentreprises.
Les secteurs qui investissent le plus sont l’industrie (63,8Md€), puis les activités immobilières, les services aux entreprises, les transports, le commerce et l’informatique-communication, secteur dans lequel 72% des investissements sont concentrés dans les télécommunications.
♦ Pour l’ensemble des entreprises de l’échantillon issu de Fiben ( données de bilan des entreprises réalisant un chiffre d’affaires supérieur ou égal à 750 000€), le taux de l’investissement est de 22% sur longue période. Il est structurellement plus faible pour les PME (petites et moyennes entreprises), ce qui ne résulte pas nécessairement d’un effet taille mais peut s’expliquer par une certaine sous-représentation de certaines activités telles la fabrication de matériels de transport, d’équipements électriques, électroniques, informatiques et de machines.
En 2019, l’investissement corporel brut s’est élevé à 227,5Md€ (+ 8,2% en valeur par rapport à 2018), plus vite que la valeur ajoutée hors taxes (+3,7%). Il augmente dans tous les secteurs, sauf dans l’industrie, où il baisse de 0,3 point.
♦ En montant, l’investissement corporel domine l’investissement incorporel pour toutes les tailles d’entreprises, plus nettement pour les PME (85% de l’investissement en moyenne de 2000 à 2019), que pour les ETI et les grandes entreprises (82% et 83%).
♦ Pour 1/4 des microentreprises, leur dépense d’investissement est inférieure à 1 500€ ; et pour la moitié, elle est inférieure à 5 000€. Le montant investi médian des PME est 8 fois supérieur à celui des microentreprises, celui des ETI 445 fois plus. Pour les grandes entreprises, le montant médian de l’investissement s’élève à 71M€. 2% des entreprises observées réalisent un investissement supérieur à 500 000€ et concentrent 88% du montant total de l’investissement. A l’opposé, 58% réalisent un investissement inférieur à 10 000€ (1% du total de l’investissement corporel brut hors apports).
⇒ L’impact de la crise sanitaire et l’investissement à venir
♦ En 2020, les entreprises ont réduit leurs dépenses d’investissement par comparaison à 2019 mais le taux d’investissement a progressé, pour veiller au maintien de leurs capacités de production. Seuls 5% des dirigeants interrogés ont annoncé un abandon de projets (principalement dans des secteurs fortement touchés par la crise).
La crise semble avoir stimulé des besoins d’investissements en faveur de la transition digitale : à mi-2021, 26% des PME déclarent une accélération des dépenses dans ce domaine tandis que 2% seulement envisagent de les reporter ou de les annuler ; pour les ETI, ce sont 59% des entreprises.
Au 1r trimestre 2022, l’accès a été large pour les crédits d’investissements, à des niveaux légèrement inférieurs à ceux d’avant-crise, avec 8% des TPE, 18% des PME et 25% des ETI, avec des taux d’obtention élevés (89% de demandes satisfaites, en totalité ou à plus de 75%, pour les TPE, 97% pour les PME et 95%.
♦ Pour les 5 prochaines années, les PME anticipent une accélération de ces investissements (29% en faveur du digital et 22% en direction de l’environnement) ou a minima leur maintien (32%), un ralentissement de l’investissement n’étant envisagé que par 5 à 6%.
♦ Toutefois 33% des PME et 40% des TPE expriment des réserves en ce qui concerne l’engagement de ces transformations. Elles citent des freins liés aux perspectives de demande (64%), à l’évolution des normes et de la réglementation (27%) ou encore au manque de compétence interne (17%). Le financement interne (capacités d’autofinancement) est un des principaux freins pour 27% ; le financement externe (accès au crédit, autres sources de financement externes à l’entreprise) ne l’est que pour16%.
⇒ Le crédit bancaire est essentiel pour que les entreprises investissent
Réalisée sur la base des bilans et comptes de résultat des entreprises présentes sur une durée d’au moins cinq ans dans la base Fiben au cours de la période 1989-2016, une étude de la Banque de France met en évidence que, toutes tailles confondues, le crédit bancaire est essentiel au financement de l’investissement pour la grande majorité des entreprises. Sa contribution au financement est estimée à 60%, alors que les autres sources de financement (dettes financières, bénéfices non distribués…) contribuent chacune à plus ou moins 10% de l’investissement.
Pour les 25% des entreprises (les plus petites), la contribution du crédit bancaire au financement des actifs fixes est de 60%, alors que pour les plus grandes (5%), cette contribution n’est que de 25%. Dans le même temps, la contribution des autres dettes financières et des capitaux propres s’avère largement croissante avec la taille de l’entreprise.
Par contre, le financement de l’investissement en immobilisations incorporelles repose plus sur les autres dettes financières et sur le financement par apport de fonds propres.
⇒ Les types d’investissement
♦ En ce qui concerne les activités
Certains types sont plus spécifiques à certaines activités tels les investissements incorporels pour le secteur informatique, com (52,5% des investissements vs 1 à 26% pour les autres secteurs), ou encore les installations techniques (matériel et outillage) avec 58% pour l’industrie, l’achat de matériel de transport pour le secteur des transports (29%), ou encore les constructions et terrains pour l’immobilier (91%), la construction (47%), les HCR (41%).
♦ En ce qui concerne les tailles d’entreprises
Les investissements en constructions et terrains concernent davantage les TPE et PME (39 et 40%), alors que les installations techniques sont plus le fait des grandes entreprises (36%), et les installations générales (agencements, aménagements divers, matériel de bureau, mobilier informatique…) les TPE et PME (20 et 14%).
⇒ Un zoom sur l’investissement numérique et énergétique
♦ L’investissement numérique
10% des sociétés de 10 personnes ou plus, utilisaient des systèmes interconnectés.
17% des sociétés de 10 personnes ou plus effectuent des ventes électroniques, composées des ventes web et des ventes EDI (échange de données informatisé). Cette part augmente en fonction de la taille de la société : de 12% pour les entreprises de 10 à 19 personnes à 45% pour celles de 250 personnes ou plus. Les ventes électroniques concernaient alors davantage les secteurs de l’hébergement (35%) et du commerce (28%).
Avec la crise sanitaire, 78% des dirigeants interrogés sont désormais convaincus que le numérique représente un bénéfice réel pour leur entreprise ; ils étaient 68% avant la crise. 66% ont désormais un site web présentant leur activité (+29 points).
81% des TPE-PME ont au moins un outil de visibilité en ligne (site web, réseaux sociaux, référencement, etc.).
17% des entreprises ont leur propre site web marchand (+ 11 points), dont les HCR (35%) et le commerce (28%).
Mais on dénote une faible visibilité sur Internet des PME françaises comparativement aux entreprises des autres États membres, notamment sur les réseaux sociaux (plus faible utilisation des réseaux sociaux par la population française).
Les dépenses envisagées pour financer leur transformation numérique demeurent faibles (51% prévoient de dépenser plus de 1 000€ dont 12,5% plus de 5 000€ et 49% moins de 1 000€, 23% des répondants ne se projetant pas.
♦ L’investissement pour la transition énergétique
Les 3/4 des dirigeants de PME-ETI interrogés se sentent concernés par les enjeux climatiques. 67% adapteraient leur activité par conviction, 23% par opportunité et seulement 10% par contrainte. Mais 49% déclarent ne pas intégrer aujourd’hui l’enjeu climatique dans la stratégie de l’entreprise. Seulement 32% déclarent suivre les sujets climatiques en interne.
Les PME-ETI se concentrent surtout sur des actions tournées vers l’opérationnel, les petits gestes, le réglementaire, mais ne touchent pas (encore) à leur business model.
Ces entreprises agissent aussi en vue de réduire leurs coûts de fonctionnement. 62% des PME-ETI comptent agir sur l’efficacité énergétique pour réduire leur empreinte carbone et 51% renouveler des équipements pour des matériels qui consomment moins.
En ce qui concerne la mobilité, avant la crise Covid, 31% déclaraient réduire le nombre de déplacements professionnels et 28% incitaient leurs salariés aux déplacements verts (vélo, transports en commun, covoiturage, etc.). 26% des dirigeants de PME-ETI sélectionnent des fournisseurs sur des critères environnementaux.
L’isolation thermique des bâtiments, ou le déménagement dans des bâtiments ayant une meilleure isolation thermique concernent 34% des PME-ETI ; le renouvellement par des véhicules bas-carbone concerne 23% des entreprises ; l’utilisation d’énergies décarbonées en concerne 21%. 22% éco-conçoivent des offres et produits et 10% seulement comptent changer leur business model pour réduire leur empreinte carbone.
Le premier frein cité par les dirigeants des PME-ETI, pour la réalisation de leur transition bas-carbone, est d’ordre financier pour 49%, ayant des ressources financières limitées à mobiliser, alors qu’une transition bas-carbone demande des moyens financiers importants pour les investissements matériels. 32% placent l’absence de solutions technologiques comme 2éme frein, alors que paradoxalement, la technologie est le premier levier envisagé pour réduire l’empreinte carbone. Enfin pour 29%, le faible niveau ou l’absence de reconnaissance client constitue un frein, alors que 54% considèrent que les clients et consommateurs doivent porter l’action et l’effort dans le cadre de l’urgence climatique.
En conclusion, la transition numérique est dans la majorité perçue comme impérative et liée à l’évolution du modèle économique de l’entreprise, alors que les freins sont plus marqués en ce qui concerne les investissements liés aux transitions énergétiques.
Notons encore que les entreprises ne recourent pas ou peu aux dispositifs d’aides existants pour mettre en œuvre les transitions numérique et environnementale. Le rapport fait état des différentes aides en ces domaines.
Pour en savoir davantage : https://mediateur-credit.banque-france.fr/sites/default/files/medias/documents/ofe_2022_book_web.pdf