“Depuis 3 ans, l’action publique « French Tech » déploie une politique structurée en faveur de la croissance des startups françaises : dans la continuité de son action, une partie de ses membres fondateurs se propose d’apporter un éclairage constructif sur la situation de la coopération entre startups et grandes entreprises en France.
Ainsi, la Mission French Tech au sein de l’Agence du Numérique au Ministère de l’Economie, et ses partenaires la Direction Générale des Entreprises, la Caisse des dépôts et Bpifrance, ont mis en place le Baromètre French Tech de la collaboration startups/grands groupes en France.”
Méthodologie : sur 120 entreprises sollicitées, 70 ont déclaré leur intérêt, 41 ont fourni les données requises.
Un questionnaire adressé aux grands groupes basé sur un référentiel pré-établi : une soixantaine de questions portant sur des critères qualitatifs et quantitatifs de mesure de l’intensité de la relation collaborative avec des startups.
Des entretiens individuels pour recueillir les retours des startups mentionnées par les grands groupes (2 entretiens qualitatifs avec des startups par groupe participant), dans le but de donner une vision équilibrée du sujet.
Des études de cas détaillées pour faire émerger des bonnes pratiques et proposer des moyens concrets aux grands groupes comme aux startups.
53% des startups repérés sont françaises, 21% européennes et 26% viennent du reste du monde.
Elles sont repérés lors d’événements organisés par les acteurs de l’écosystème (98%), dans un partenariat avec un accélérateur ou un incubateur (93%) ou en recours aux réseaux sociaux (78%).
83% des PdG de grands groupes français sont impliqués.
7 constats pour aller plus loin:
1. Les budgets ne sont pas à la hauteur des intentions.
2. Le temps de la négociation, au cœur des incompréhensions.
3. Une prise de conscience fondamentale : sans refonte du back office, pas d’open innovation durable.
4. Des départements innovation qui appliquent ce qu’ils prêchent en travaillant eux-mêmes en écosystème.
5. Le titre du meilleur grimpeur revient aux services financiers.
6. Le CVC et l’acquisition en France sont dans leur phase adolescente : en pleine croissance mais se cherchent encore.
7. Le graal de l’industrialisation devient progressivement réalité.
Le référentiel s’articule autour de 4 grandes modalités d’interaction d’affaire entre une startup et un grand groupe :
1. Processus d’achats : La startup fournit des produits et/ou services aux grands groupes. Le volume moyen d’achat est de 667 500€ par an (0,1% des budgets globaux des groupes).
2. Partenariats et distribution : Le grand groupe distribue le produit ou service d’une startup et/ou réciproquement. Une durée moyenne de négociation de 5,6 mois; 78% protégent la propriété intellectuelle de la startup.
3. Co-développement : Le grand groupe et la startup partagent des ressources (talents, brevets, capitaux…) pour concevoir de nouveaux produits ou services sans toutefois créer une nouvelle structure légale. le montant médian alloué par projet est de 25 000€. 37% des projets ont été industrialisés ou commercialisés
4. Investissement et acquisitions (corporate venture) : Le grand groupe prend une participation dans le capital de la startup. Acquisition : Le grand groupe rachète la majorité (voire la totalité) des actions d’une startup. Le montant moyen investi est selon la taille de l’entreprise de 7,9M€ à 15M€. 6 entreprises ont acquis 15 startups.
Selon les Echos, l’enquête par le fonds Rain&Bain Company France montre que 48% des entreprises du CAC 40 sont dotées d’un incubateur, d’un accélérateur en propre ou d’un lab. (vs 43% en 2015, et 5% en 2010). Il marque aussi une avance de la France sur l’Allemagne, où le chiffre est de 40% sur un périmètre semblable, ou encore sur le Royaume-Uni, avec seulement 25%.
Sur le financement aussi, les choses ont évolué. Un tiers des entreprises du CAC 40 disposent d’un fond de corporate ventures en propre alors que, en 2010, cet indicateur stagnait à 5%.
Quant aux montants investis, ils ont presque triplé, passant de 0,55Md€ en 2015 vs 1,4Md€ en 2016. Ces chiffres sont néanmoins à nuancer par rapport aux Etats-Unis, où les grandes entreprises ont investi près de 30Md€ l’année dernière.
45% des relations grandes entreprises/”jeunes pousses” sont commerciales, 16% le fait d’accélérateur, 15% de prix dédiés et événements, 10% de prise de participation.
Mais nombre de startuppeurs sont insatisfaits : si 51% notent une amélioration sur les différences de culture , 43% sur l’implication de la grande entreprise, 32% sur le rapport de force dans ce type de partenariat, 27% se déclarent moins satisfaits contre seulement 18% à se dire plus satisfaits. Les 55% restant n’indiquent aucun changement.
Quand on demande 3 mots aux créateurs pour qualifier leur relation avec les grandes entreprises, c’est « lenteur » (moins la faute des hommes que des process); la raison profonde tient aux différences de culture sur les modes de travail, de prise de décision, la façon d’envisager les étapes d’un projet. Ces différences sont créatrices de frustrations.