Méthodologie : cotisants à la Sécurité sociale des indépendants et non des individus (en 2020, près de 1 900 individus ont plus d’un compte actif en fin de l’année), n’intégrant pas les exploitants agricoles, ni les marins et les artistes-auteurs. Cette source exclut les indépendants qui ne sont pas des travailleurs non-salariés au sens de la protection sociale (dirigeants de SA, SAS/SASU), mandataires sociaux ou gérants minoritaires de SARL, considérés comme assimilés salariés.
Définition : les travailleurs indépendants (TI) classiques : contrairement au dispositif auto-entrepreneur, le statut de TI classique n’exclut aucune activité. A la différence de l’autoentrepreneur, le TI dit classique dans cette étude déclare annuellement son revenu dans la déclaration sociale des indépendants (DSI). Il cotise sur ce revenu annuel. En cas d’absence de déclaration, un revenu appelé « taxation d’office », fonction d’un revenu antérieur connu ou du plafond de sécurité sociale (PASS) en vigueur majoré, est retenu pour le calcul des cotisations. Pour les analyses sur les revenus des TI classiques, il n’est pas tenu compte des taxations d’office. Par ailleurs, les données mobilisées ne permettent pas de connaître les déficits : un revenu négatif est indiqué comme nul.
Noter que les classiques pour l’Insee sont les entreprises autres qu’en microentrepreneurs, intégrant donc les sociétés ; que de confusion dans l’utilisation des mots !
L’intérêt de cette étude est la fait d’approcher en parallèle d’une part les autoentrepreneurs (microentrepreneurs ?), d’autre part les travailleurs non autoentrepreneurs (donc les autres entreprises individuelles).
⇒ Les différences de données entre l’Urssaf et l’Insee
Une différence de décompte entre l’Insee et l’Urssaf, et au sein même de l’Urssaf : fin 2019, l’Insee recense 3,5 millions de personnes exerçant une activité non salarié générant un revenu dont 432 000 exploitants agricoles (3,1 millions hors agricole), alors que l’ACOSS compte 3,516 millions de comptes de travailleurs indépendants inscrits en fin d’année, dont 3,1 millions génèrent un revenu dans cet article.
Fin 2020, 16,7% des indépendants cumulent leur activité avec un emploi dans le secteur privé (22,3% des AE contre 7,1% pour les classiques).
Fin juin 2021, l’Acoss dans un autre article chiffre le nombre d’autoentrepreneurs administrativement actifs à 2,230 millions et à 1,145 million d’économiquement actifs, vs les chiffres de l’article ici travaillé (1,928 et 1,333 million), mais la période annuelle observée diffère (2020 pour l’article ici concerné vs du 2éme trimestre 2020 au 2éme trimestre 2021 pour l’autre étude) ; idem pour les immatriculations : dans cet article, l’Urssaf compte 599 375 immatriculations administratives en 2020 vs 719 000 entre les 2éme trimestres 2020 et 2021.
Par ailleurs, quelle distinction l’Urssaf fait-elle entre autoentrepreneurs et microentrepreneurs ?
⇒ Les immatriculations, les radiations et le parc d’entreprises
Oublions ces décalages pour nous attacher à situer le poids respectif des entreprises classiques et des autoentrepreneurs.
♦ A la fin 2020, les entreprises classiques en activité chiffrent 1,875 million d’entreprises dont 58% d’artisans-commerçants et 42% de libéraux et les autoentrepreneurs économiquement actifs 1,333 million dont 66% d’artisans-commerçants et 34% de libéraux. Les entreprises classiques sont ainsi 58% des indépendants actifs économiquement (en termes administratifs ils ne seraient que 49%.
♦ Les immatriculations et radiation en 2020, montrent, en ce qui concerne les entreprises classiques, une grande proximité (121 408 immatriculations vs 121 621 radiations). Cette situation est fort différente pour les autoentrepreneurs où les immatriculations l’emportent largement sur les radiations (mais on ne connait pas le poids des sans activité économique de part et d’autre, d’autant que la grande majorité des radiations provient de ceux qui n’ont jamais fait de recettes).
♦ En ce qui concerne les classiques, les femmes connaissent moins de radiations que d’immatriculations, contrairement aux hommes.
Rien d’étonnant en ce qui concerne les âges, les moins de 40 ans faisant état de plus d’immatriculations que de radiations, alors que c’est l’inverse pour les 50 ans et plus.
♦ Le tableau suivant essaie de classer l’ensemble des activités du plus grand nombre au plus petit (en classant pas catégories puis au sein des catégories par activités), prenant en compte la totalité des travailleurs indépendants, y compris les inactifs économiques.
Les entreprises classiques l’emportent dans les activités de la santé/éducation, les HCR et les activités financières et immobilières, alors que les autoentrepreneurs sont plus présents dans les services aux entreprises, les services aux personnes et “l’industrie” (composé d’au moins moitié d’activités artisanales et artistiques hors ce que nous appelons habituellement industrie) ; 2 activités ont un poids proches (le commerce et le BTP).
♦ La part des AE dépasse 80% dans 7 secteurs d’activité : les livraisons à domicile (99,1%), les activités de graphisme et de design (85,2%), les activités de nettoyage (85,1%), les services personnels (84,7%), le commerce de détail sur marchés (83%), l’enseignement et les arts et spectacles (81,6%).
L’analyse des évolutions est difficile à conduire du fait de la crise sanitaire, qui a conduit à des immatriculations à la hausse des autoentrepreneurs au cas où une nouvelle source de revenu s’imposerait.
⇒ L’évolution dans les régions
Entre 2019 et 2020, toutes les régions de la métropole ont vu progresser sensiblement le nombre de leurs travailleurs indépendants. Cependant, certaines régions témoignent d’une croissance supérieure à la moyenne nationale (+ 8,2%) : l’Île-de-France est en tête (+10,9%) suivie du Nord-Pas de Calais (+9,5%), de l’Alsace (+8,8%), de la Haute-Normandie (+ 8,6%), en réalité le nord de la France du fait de la poussée des autoentrepreneurs. En revanche, la Bretagne (+ 5,9%), l’Auvergne, le Limousin (+6,2%), la Corse (+6,3%) et la Basse-Normandie (+6,4%) ont connu des croissances plus modérées. Seules les Drom enregistrent des évolutions négatives : de -1,5% en Guyane à – 0,2% à la Réunion.
De façon générale, la présence des AE est plus importante dans les régions très urbaines, du fait des livraisons à domicile, des services aux entreprises, et de la vente à distance.
⇒ Les revenus
♦ Les données Insee et Urssaf sont assez proches, du moins pour les “classiques” : les revenus annuels moyens des “classiques” en 2018 chiffrent 42 433€ contre 45 800€ pour l’Insee, celui des autoentrepreneurs est, toujours en 2018, 5 613€ pour l’Urssaf vs 6 492€ pour l’Insee.
Les professions libérales au sein des classiques ont des revenus bien supérieurs à ceux des artisans-commerçants (2,27 fois plus), une différence estompée chez les autoentrepreneurs (1,15 fois plus).
♦ Le tableau suivant propose les revenus moyens par catégories et à l’intérieur de chaque catégorie par activité, en tentant de classer des revenus les plus importants vers les moins importants.
Les activités les plus rémunératrices sont celles des services, notamment réglementées ou en direction d’une clientèle d’entreprise vs les services aux personnes de type “domestique” ; le commerce, l’industrie et le BTP sont en position médiane. Cette situation est celle des “classiques” comme des autoentrepreneurs, à l’exception du BTP où les autoentrepreneurs sont parmi les revenus les plus favorables.
Les revenus moyens les plus faibles sont ceux de l’artisanat et du commerce avec des dispersions moindres, ce qui est moins le cas pour les libéraux.
♦ Le revenu moyen annuel des “classiques” présente de fortes disparités entre le nord et le sud de la métropole : toutes les régions du nord-est ont un revenu moyen supérieur au revenu moyen national (42 976€). L’Île-de-France affiche le plus fort revenu annuel moyen (55 995€), suivi du Nord-Pas-de-Calais (48 453€) puis de la Picardie, des régions du Grand Est et de la Haute-Normandie avec des revenus moyens supérieurs à 44 000€. Au sud de ces régions, les revenus sont plus faibles. Le Limousin, l’Auvergne et le Languedoc-Roussillon présentent les revenus moyens les plus faibles, inférieurs à 38 000€. Le revenu moyen dans les Drom est de l’ordre de 32 000€.
En Île-de-France, les activités les plus rémunératrices telles que les activités scientifiques, techniques, juridiques et de conseil, sont fortement sur-représentées.
⇒ Qu’en est-il de la pluriactivité ?
♦ En fin d’année 2020, les AE économiquement actifs sont 22,3% à être aussi salariés, vs 7,1% chez les “classiques”. La part de polyactifs parmi les AE économiquement actifs décroît avec l’âge : de 26,6% chez les moins de 30 ans, à 21,2% pour les 50-59 ans et 8% pour les plus de 60 ans (mais il peut alors y avoir un cumul emploi-retraite). Les professions libérales regroupent relativement plus de polyactifs que les artisans-commerçants (respectivement 28,9% et 18,8%) ; enfin leur part est légèrement plus élevée pour les femmes (22,9%) que pour les hommes (21,8%).
La livraison à domicile compte 34% de polyactifs, les activités sportives 35% et les taxis-VTC 29% ; par contre, ils sont peu nombreux dans le BTP ou le commerce.
Parmi les “classiques”, la part de polyactifs est quasiment identique entre les hommes (7,2%) et les femmes (7%) ; elle est proche quelque soit l’âge (hors les 60 ans et plus).
♦ Les revenus moyens issus de l’activité indépendante des polyactifs sont deux fois moins élevés que ceux des non-salariés n’exerçant pas d’activité salariée dans le secteur privé.
Parmi les AE, les non polyactifs gagnent en moyenne 1,9 fois plus que les polyactifs en 2020 (6 143€ contre 3 262€).
Pour les “classiques”, le revenu moyen des non-polyactifs s’élève à 45 666€ vs 25 704€ pour les polyactifs.
♦ En 2019 et 2020, les revenus moyens ont diminué de 4,4%
Cette baisse a été plus prononcée chez les hommes (-4,8%), majoritaires (63,7%). Le groupe professionnel le plus touché par la baisse du revenu moyen est l’artisanat avec une baisse de 6,7%, alors que celui des professions libérales diminue de 3,9%. Les moins de 40 ans sont les seuls à avoir vu leur revenu moyen augmenter (autour de 1%), alors que les 60 ans et plus ont vu leur revenu baisser de plus de 10%.
La baisse des revenus se traduit aussi par la hausse de la part des déficits ou des revenus égaux à 0 passant de 6,1% des entreprises en 2019 à 10,2% en 2020. Le revenu médian est également en baisse (-6,7%), diminuant de manière équivalente pour les artisans (-7,9%) et les commerçants (-7,7%) et moins fortement pour les professions libérales (-3,8%) ; celui des 60 ans et plus diminue de -21,6%.
♦ Certains secteurs ont été plus sévèrement touchés par la crise sanitaire : globalement, ceux dont le revenu moyen 2020 est faible, sont aussi ceux qui ont connu les baisses les plus importantes. Ainsi, le revenu moyen diminue sensiblement pour les taxis et VTC et le commerce de détail sur marché (-29,2%), et bien sur les secteurs qui ont subi des fermetures administratives.
Les “classiques” ont enregistré une baisse de leur revenu moyen de plus de 8%. Noter qu’il augmente dans le commerce de détail alimentaire hors métiers de bouches (+8,3%), les métiers de bouche (+5%) et le secteur des activités financières et d’assurance (+2,6%).
La baisse globale des revenus en 2020 n’a pas affecté la dispersion des revenus entre les secteurs.
Pour en savoir davantage : Stat_ur_339.pdf (urssaf.org)