54% des salariés travaillent dans une entreprise dont l’activité est inchangée en novembre, malgré la crise sanitaire.


"Activité et conditions d’emploi de la main-d’œuvre pendant la crise sanitaire Covid-19 Synthèse des résultats de l’enquête flash", Dares, décembre 2020

Source : La 9éme édition de l’enquête Acemo spéciale Covid, réalisée par la Dares avec l’appui de l’Insee, a interrogé les entreprises de 10 salariés ou plus du secteur privé non agricole entre le 30 novembre et le 11 décembre 2020, sur leur situation et les conditions d’emploi de la main d’œuvre en novembre.

 

Si au cours de novembre 59% des salariés travaillent sur site et 27% en télétravail, 39% travaillent toutefois dans une entreprise qui a mis au moins une partie de ses salariés au chômage partiel.

⇒ Quelle activité en novembre ?

♦ En novembre, l’activité se détériore significativement avec la mise en place du reconfinement : 39% des salariés travaillent dans une entreprise dont l’activité a diminué du fait de la crise sanitaire (après 32% en octobre, 30% en septembre, et 51% en juin), dont 11% dans une entreprise dont l’activité s’est arrêtée ou a diminué de plus de moitié (après 6% en octobre 7% en septembre, et 13 % en juin).

 

♦ Les pertes d’activité sont toutefois bien moins marquées que lors du premier confinement : en avril, les entreprises dont l’activité avait diminué du fait de la crise représentaient 80% des salariés et celles dont l’activité était à l’arrêt 12%.

54% des salariés travaillent dans une entreprise dont l’activité est inchangée en novembre malgré la crise sanitaire (après 61% en octobre, contre 16% en avril) ; enfin 7% sont employés dans des entreprises dont l’activité a augmenté (contre 5% en avril).

⇒ Dans quelles tailles d’entreprises cette baisse d’activité ?

L’arrêt total de l’activité touche davantage les plus petites entreprises : les 10 à 19 salariés à l’arrêt en novembre emploient 11% des salariés dans leur tranche d’effectifs contre 6% dans la tranche de 20 à 49 salariés  et 2% des salariés des entreprises de 250 salariés ou plus.

La part de salariés travaillant dans une entreprise de 500 salariés ou plus dont l’activité a augmenté, par rapport à ce qui était prévu, se stabilise à 10% en novembre (comme en octobre), alors qu’elle oscille entre 4 et 6% pour les autres tailles d’entreprises plus petites.

 

Les très grandes entreprises sont néanmoins davantage touchées par des baisses d’activité de moins de 50% : 33% des salariés travaillant dans les entreprises de 500 salariés ou plus sont concernés par des baisses de moins de moitié de l’activité, contre 27% pour les salariés des entreprises entre 50 et 499 salariés, 23% pour les salariés des entreprises de 20 à 49 salariés et 22% pour les salariés des entreprises de 10 à 19 salariés.

⇒ Dans quelles activités ?

♦ Les secteurs les plus touchés par les fortes baisses de l’activité demeurent l’hébergement restauration et les « autres activités de service », qui comprend les arts, spectacles et activités récréatives ; l’arrêt total ou la baisse d’activité de plus de moitié concerne 65% des salariés du secteur des HCR (après 30% en octobre) et 36% des salariés des autres activités de service (après 17% en octobre), dont  59% des salariés dans les arts et spectacles (après 34% en octobre).

Les secteurs du commerce et des transports sont également fortement impactés : les arrêts ou baisses d’activités supérieures à 50% représentent respectivement 16 et 14% des salariés de ces secteurs (après respectivement 4 et 13% des salariés en octobre), du fait notamment du commerce et réparation d’automobiles et du transport aérien.

 

♦ Néanmoins, ce sont aussi les deux secteurs qui connaissent le plus de hausse d’activité du fait de la crise sanitaire. Celle-ci concerne 21% des salariés dans le secteur des transports du fait quasi intégralement des livraisons à domicile, et 11% des salariés dans le secteur du commerce, principalement dans le commerce de détail hors automobile. Les augmentations de l’activité sont aussi importantes dans le secteur de la santé (14% après 18% des salariés en octobre).

 

♦ Les baisses d’activité de moins de moitié concernent principalement l’information communication (46% des salariés),  les activités financières et d’assurances (33% après 27) et les services aux entreprises (32% après 30 en octobre).

 

♦ Enfin, les entreprises dont l’activité est restée inchangée malgré le reconfinement représentent la très grande majorité des salariés dans le secteur de la construction (83% en novembre après 81 en octobre), de l’industrie pharmaceutique (84% après 82), des activités immobilières (71%, après 86), de l’enseignement (81% après 74), de l’industrie agro-alimentaire (65% après 74), des biens d’équipement (64% après 62), et des activités financières et d’assurance (62% après 68).

 

♦ Dans la plupart des secteurs, les pertes d’activités liés au reconfinement sont très largement inférieures à celles observées lors du premier confinement. Le constat est particulièrement vrai dans les secteurs de la construction (14% des entreprises ont une activité qui a diminué en novembre du fait de la crise, contre 97% en avril), des biens d’équipements (31% de baisse d’activité en novembre, contre 88% en avril), des transports (40% contre 89 en avril), dans l’enseignement/santé (23%, contre 67% en avril).

⇒ Les causes de l’activité réduite

La perte de débouchés recule mais reste la cause majoritaire de la réduction d’activité (57%, après 64% le mois précédent et 80% en septembre, touchant davantage les grandes entreprises), suivie par les restrictions administratives (38%, après 26 en octobre et 9 en septembre, touchant davantage les petites entreprises), puis de façon fort minoritaire, le manque de personnel pouvant travailler (3%, après 8 en octobre) ou les difficultés d’approvisionnement (2% après 3 en octobre).

Ce sont davantage les grandes entreprises qui soulignent les plus les difficultés rencontrées.

 

⇒ Les conséquences de la crise sur les effectifs des entreprises

♦ La part de salariés travaillant dans des entreprises dont les effectifs sont restés constants (80% fin novembre comme fin octobre)

Les entreprises ayant diminué leurs effectifs représentent 16% des salariés fin novembre, part qui est stable par rapport au mois précédent mais plus importante que lors du premier confinement (13% fin avril). La hausse est marquée dans les secteurs du commerce (17% après 13% fin octobre et 16% fin avril), et modérée dans les activités immobilières (5% après 2 fin octobre, contre 14 fin avril).

La part de salariés travaillant dans des entreprises qui ont vu leurs effectifs augmenter est également stable fin novembre (5%, comme en octobre) et s’approche de son niveau de fin avril (4%). Elle baisse dans les secteurs de la construction (3% après 5 fin octobre) et de l’industrie agroalimentaire (4% après 6). Le secteur le plus concerné par les augmentations d’effectifs est le secteur de l’enseignement et de la santé (9%, stable).

 

♦ Les réductions d’effectifs passent majoritairement par l’annulation ou le report d’embauches prévues (57% après 58 fin octobre) ; les non-renouvellements de CDD, très fréquents lors du premier confinement, restent stables malgré le reconfinement (52% après 51 fin octobre) ; la part des ruptures conventionnelles est en recul pour la première fois depuis mai (23% après 26 fin octobre).

Les grandes entreprises ont très largement eu recours à des annulations ou reports d’embauches prévues (65% après 67 fin octobre) et à des non-renouvellements de CDD (67% après 65), alors que les petites entreprises dont ont plutôt eu recours à l’annulation ou au report d’embauches prévues (43% après 48 fin octobre).

⇒ Les modalités pour faire face

♦ Le recours au chômage partiel progresse de nouveau : 39% des salariés travaillent dans une entreprise qui a mis au moins une partie de ses salariés au chômage partiel (après 28% en octobre, et 63% en avril). Il est en forte hausse dans les arts et spectacles (77% après 24 en octobre), le commerce (46% après 26), l’hébergement restauration (94% après 78), l’industrie agro-alimentaire (29% après 11), et les activités immobilières (25% après 7).

 

Le chômage partiel pour cause de fermetures obligatoires progresse nettement avec le reconfinement (36%, après 21% en octobre). Il devient ainsi le motif principal souvent évoqué à égalité avec la réduction des débouchés (36% en novembre, après 44% en octobre) ;  le chômage partiel pour cause de garde d’enfants ou de vulnérabilité compte pour 24%, après 30% en octobre).

La part de salariés en chômage partiel complet double en novembre (7% après 3 fin octobre) mais reste très inférieure aux pics atteints lors du premier confinement (21% en avril).

 

♦ Les motifs de mise au chômage partiel diffèrent en fonction de la taille de l’entreprise : les fermetures obligatoires sont un motif de recours au chômage partiel qui diminue à mesure que la taille d’entreprise augmente (59% pour les entreprises de 10 à 19 salariés contre 32% pour les entreprises de 250 salariés ou plus). Inversement, les salariés en situation de garde d’enfants ou vulnérabilité ne sont évoqués que par les grandes entreprises (5% pour les entreprises de 10 à 19 salariés contre 33% pour les entreprises de 500 salariés ou plus).

 

Le recours à l’activité partielle pour un motif de réduction des débouchés/commandes est particulièrement cité dans les secteurs de l’information communication (71% après 81 en octobre) ; le motif lié aux gardes d’enfants et personnes vulnérables demeure important dans l’éducation/santé (54% après 69 en octobre), les transports (49% après 68).

 

♦ 16% des salariés travaillent dans une entreprise qui a eu recours à la formation pour ses salariés en chômage partiel (comme en octobre). 6% travaillent dans une entreprise qui a eu recours à la formation dans le cadre d’une subvention FNE-Formation (comme en octobre), et 5% dans une entreprise qui a eu recours à la formation sans la subvention FNE-Formation (stable aussi).

Ce sont les entreprises de taille moyenne qui ont le plus eu recours à de la formation pour leurs salariés en chômage partiel (21% pour les entreprises de 100 à 249 salariés contre 7 pour les entreprises de 10 à 19 salariés et 18% pour les entreprises de 500 salariés ou plus). Il est particulièrement faible dans les transports (6%) et l’éducation/santé (7%).

 

♦ Le télétravail progresse fortement avec 27% des salariés en télétravail contre 19% en octobre ; parmi eux 44% ont été en télétravail tous les jours de la semaine (12% de l’ensemble des salariés), 40% entre deux et quatre jours par semaine (11% des salariés), 10% un jour par semaine (3% des salariés) et 6% seulement quelques jours dans le mois (2% des salariés).

 

La part de télétravailleurs croit fortement avec la taille de l’entreprise : 16% des salariés ont été au moins un jour en télétravail dans les entreprises de 10 à 19 salariés (dont 6% toute la semaine) contre 34% dans les entreprises de 500 salariés ou plus (dont 16% toute la semaine).

 

Le recours au télétravail est beaucoup plus fréquent dans l’information communication (79%, après 68 en octobre) et dans les activités financières et d’assurance (66%, après 53 en octobre). De nombreux télétravailleurs le sont toute la semaine dans l’information communication (71% des télétravailleurs ou 56% des salariés du secteur), les activités financières et d’assurance (54%, 36% des salariés), le commerce (48% des télétravailleurs, 9% des salariés du secteur) et les services aux entreprises (46% des télétravailleurs, 19% des salariés).

 

♦ Toutefois, 59% des salariés travaillent sur site (après 65% fin octobre et 32% lors du premier confinement). 

En novembre, 90% des salariés travaillent dans une entreprise dont certains salariés ont exercé en « présentiel » pour partie du temps. Les salariés en partie sur site le sont principalement pour effectuer certaines tâches qui ne peuvent se faire à distance, mais aussi parce que certains salariés ont une préférence pour le travail sur site (32% des salariés de ces entreprises), et celles qui évoquent qu’elles n’ont pas les conditions techniques suffisantes pour le télétravail complet 22%.

⇒ 48% des salariés travaillent dans une entreprise qui considère que les mesures de prévention ont réduit la productivité ou augmenté les coûts.

♦ Sept salariés sur dix travaillent dans une entreprise qui considère que les mesures de protection sanitaire augmentent les coûts. Cet impact est soit lié à une hausse à la fois des coûts directs et indirects (pour 36% de ces salariés), soit à une hausse uniquement des coûts directs (pour 29% de ces salariés) ; l’augmentation uniquement des coûts indirects est très minoritaire (6%).

L’effet sur les seuls coûts directs impacte surtout les entreprises de taille intermédiaire (35% pour les entreprises de 50 à 99 salariés, contre 30 % des entreprises de 10 à 19 salariés et 25% des entreprises de plus de 500 salariés).

 

♦ L’effet des mesures de protection sanitaire et d’adaptation de l’organisation du travail est moins sensible sur la productivité : 46% des salariés travaillent dans une entreprise qui considère que ces mesures diminuent la productivité horaire de ses salariés, et 27% qu’elles sont sans effet ; mais  27% des salariés ne savent pas se prononcer.
Quand la productivité est impactée, c’est modérément, avec dans ¾ des cas, une diminution de la productivité du travail de moins de 10%.

⇒ Interrogées sur leurs perspectives de retour à une activité normale,

Les entreprises font état au début du mois de décembre d’une forte incertitude bien qu’en retrait : 27% estiment que l’activité est normale, 9% qu’elle le sera d’ici 1 à 3 mois, 10% entre 3 et 6 mois, 11% entre 6 mois et un an et 13% plus d’un an ; enfin 31% ne savent pas dater le retour à la normale (35% début novembre).

⇒ L’impact des mesures gouvernementales

Interrogées sur 4 mesures liées au plan de relance (l’aide à l’embauche d’un jeune de moins de 26 ans, l’aide à l’apprentissage, l’aide au contrat de professionnalisation et l’activité partielle de longue durée), les entreprises indiquent une intention de recours légèrement en hausse par rapport à novembre, pour trois des quatre mesures indiquées ; seule l’activité partielle de longue durée voit une diminution de l’intention de recours.

Début décembre, 49% des salariés travaillent dans une entreprise qui a l’intention de recourir à la mesure d’aide à l’apprentissage, ou y recourt déjà, et 45% pour la mesure d’aide à l’embauche d’un jeune (respectivement 48% et 42% début novembre).

 

Pour en savoir davantage : Activité et conditions d’emploi de la main-d’œuvre pendant la crise sanitaire Covid-19 – décembre 2020 – Ministère du Travail (travail-emploi.gouv.fr)