Méthodologie : le système d’information sur les nouvelles entreprises (Sine) – enquête auto-entrepreneurs permet d’observer une génération de nouvelles entreprises tous les 4 ans. L’échantillon utilisé est composé de 40 000 auto-entrepreneurs immatriculés au premier semestre 2014. Ils ont été enquêtés à trois reprises en 2014, 2017 et 2019. Seules les unités ayant été actives au moins un trimestre entre 2016 et 2018 ont été enquêtées pour la troisième vague. Le champ de l’enquête couvre 191 000 autoentrepreneurs immatriculés au premier semestre 2014 dans les activités marchandes non agricoles.
Entré en vigueur au 1er janvier 2009, le régime de l’auto-entrepreneur offre des formalités allégées de création d’entreprise, ainsi qu’un mode simplifié de calcul et de paiement des cotisations sociales et de l’impôt sur le revenu. Depuis le 19 décembre 2014, le régime a été remplacé par celui du micro-entrepreneur.
Les autoentrepreneurs (définition antérieure à fin 2014) connaissent de faibles taux de pérennité, ce qui est compréhensible au regard du régime, mais avec de fortes variations selon les secteurs d’activité.
En 2014, 551 000 entreprises ont été créées en France, dont 283 500 sous le régime de l’auto-entrepreneur (51% des créations d’entreprises de l’année ; elles seront 65% en 2020).
⇒ Leur pérennité :
Sur 100 auto-entrepreneurs immatriculés au premier semestre 2014, 22 sont encore actifs, 5 ans plus tard. Par ailleurs 66 ont effectivement démarré une activité en déclarant au moins un chiffre d’affaires lors de leurs 8 premiers trimestres d’exercice, ce qui conduit à un taux de pérennité pour ceux ayant réellement démarré de 33% (36% pour ceux exerçant en activité principale et 30% pour ceux exerçant à titre d’activité complémentaire).
Ces taux de démarrage, d’activité et de pérennité à 5 ans sont similaires à ceux de la génération d’autoentrepreneurs qui avaient créé leur entreprise au 1er semestre 2010 (respectivement 62, 22 et 35%).
⇒ La pérennité à cinq ans des autoentrepreneurs dépend fortement du secteur d’activité.
♦ Comme pour la génération 2010, celle-ci est la plus élevée dans le secteur de la santé (45%) et dans l’enseignement (31%), en partie du fait de taux de démarrage très élevés (84 et 79%) ; pour ceux qui ont démarré, le taux de pérennité est de 54% en santé et de 39% pour l’enseignement.
Dans la santé, les auto-entrepreneurs exercent souvent des professions de santé non réglementées (psychothérapeutes, psychologues, sophrologues, acupuncteurs et homéopathes).
Dans l’enseignement, il s’agit de l’enseignement de disciplines sportives et d’activités de loisirs (moniteurs et coachs sportifs), d’enseignement culturel (professeurs de musique, théâtre, beaux-arts ou photographie) ou d’autres enseignements (soutien scolaire, cours de langues ou d’informatique).
Pour les entrepreneurs individuels classiques, le taux de pérennité à cinq ans est également le plus élevé dans la santé, avec surtout des professions médicales réglementées (76%).
♦ Le commerce concentre la plus grande part des immatriculations d’autoentrepreneurs (20%). Ils exercent le plus souvent une activité de commerce de détail sur éventaires et marchés ou de commerce et réparation d’automobiles. Seuls 17% d’entre eux sont actifs au bout de 5 ans, en partie du fait d’un faible taux de démarrage (55%), mais de 30% pour ceux ayant démarré. Pour les entrepreneurs individuels classiques, le taux de pérennité à 5 ans est également l’un des plus faibles (39%).
♦ Le secteur des activités spécialisées, scientifiques et techniques, qui regroupe notamment le conseil ainsi que les activités de design, représente 18% des créations d’autoentrepreneurs. Leur taux de démarrage y est élevé (72%), mais seuls 20% sont pérennes à 5 ans, 28% pour ceux ayant démarré ; près de la moitié des créateurs y exercent des professions juridiques. Pour les autres entrepreneurs individuels, le taux de pérennité supérieur à la moyenne (56% vs 53).
⇒ Selon l’âge de l’autoentrepreneur
La pérennité de l’entreprise croît avec l’âge : 29% des auto-entrepreneurs âgés de 50 ans ou plus lors de l’immatriculation sont encore actifs 5 ans après (45% étaient retraités ou chômeurs et 45% n’avaient pas le bac), contre 16% de ceux qui avaient moins de 30 ans.
Près d’1/4 des créateurs dans le secteur des activités spécialisées, scientifiques et techniques étaient âgés de 50 ans ou plus comme dans la santé.
⇒ Les femmes
Les femmes auto-entrepreneuses sont majoritaires dans les secteurs les plus pérennes : 37% des créateurs immatriculés et 40% des créateurs ayant démarré leur activité.
Une auto-entreprise sur 4 créée par une femme est active économiquement 5 ans après son immatriculation, contre une sur 5 lorsque le créateur est un homme.
Cela s’explique par un meilleur taux de démarrage effectif des femmes (72% contre 62%) et une spécialisation sectorielle dans les secteurs les plus propices à la pérennité : les femmes
représentent 78% des auto-entrepreneurs dans la santé contre seulement 6% dans le transport où la pérennité est la plus faible. En revanche, à caractéristiques identiques, la pérennité est semblable que l’entreprise ait été créée par une femme ou par un homme.
⇒ Les créateurs ayant investi dés le démarrage
25% des auto‑entrepreneurs ayant investi à la création de leur entreprise sont encore actifs 5 ans après, contre 19% de ceux n’ayant rien investi ; passé la 1ére année, l’investissement à la création n’est plus un critère déterminant de pérennité.
⇒ La crise sanitaire met en pause la croissance du chiffre d’affaires
♦ Les auto-entrepreneurs actifs 6 ans après 2014 déclarent en moyenne un chiffre d’affaires annuel de 15 800€ en 2019 ; c’est beaucoup plus que la génération de 2010 (11 200€) déclarés pour l’année 2015 par les autoentrepreneurs encore actifs en 2016).
Noter qu’entre la génération 2010 et la génération 2014, la part d’auto-entrepreneurs ne disposant d’aucun autre revenu cinq ans après la création est passée de 12 à 35%.
♦ Le chiffre d’affaires moyen des autoentrepreneurs de la génération 2010 s’est stabilisé à partir de leur troisième année d’activité tandis que celui de la génération 2014 a continué à croître.
♦ En revanche, avec la crise sanitaire de 2020, leur chiffre d’affaires a chuté de 12% au 1er trimestre 2020 par rapport au 1er trimestre 2019 ; la baisse est plus marquée au 2éme trimestre 2020 (-30% en moyenne par rapport au même trimestre de l’année précédente), avant de rebondir au 3éme trimestre tout en restant inférieur au niveau de 2019 (-6%). Cette tendance s’observe aussi sur l’ensemble des entreprises françaises des secteurs du commerce et des services.
Si les tendances d’évolution observées entre 2016 et 2019 de la génération 2014 s’étaient poursuivies, le chiffre d’affaires moyen estimé sur les trois 1ers trimestres 2020 aurait atteint 12 700€ (+8% par rapport à 2019), alors qu’il s’élève à 9 800€ avec la crise (-16%). Les secteurs les plus affectés par la crise sont le transport (-47% de chiffre d’affaires par rapport au 2éme trimestre 2019), les arts, spectacles et activités récréatives (-56%) et les HCR (-62%), contre -20% pour l’industrie et le commerce.
Les auto-entrepreneurs dont c’est l’activité principale en 2019, ont connu une chute du chiffre d’affaires de 32%, contre 23 pour ceux dont l’activité est complémentaire. Les premiers déclaraient des chiffres d’affaires beaucoup plus élevés avant la crise, de l’ordre de 5 000€ par trimestre contre 2 000€ pour les seconds.
Bien que les auto-entrepreneurs plus âgés soient plus pérennes, leur chiffre d’affaires a été davantage touché par la crise : le chiffre d’affaires des créateurs de 50 ans ou plus en 2014 a baissé en moyenne de 36% au 2éme trimestre 2020 (6 points de plus que la baisse globale).
La crise a accentué les difficultés financières des auto-entrepreneurs fragiles : sur les 3 premiers trimestres de l’année 2020, leur chiffre d’affaires moyen baisse de 20% par rapport à 2019, contre 15% pour les autres.
⇒ Les écarts en l’ile-de-France et la province
En prenant pour base 2015 (1ére année complète d’activité), l’Ile-de-France affiche des progressions de chiffre d’affaires plus modestes, mais des montants plus élevés ; toutefois, la province réduit les écarts avec l’Ile-de-France au fil des années.
Par ailleurs, l’Île-de-France a été moins affectée par la crise sanitaire (-22% vs -32 pour la province), mais la reprise y est plus modérée (-11 vs -5%), du fait du commerce et des services aux entreprises.
Pour en savoir davantage : Le chiffre d’affaires des auto-entrepreneurs immatriculés en 2014 croissait continûment avant la crise sanitaire – Insee Première – 1873