Quelques ajouts et recadrage sur les autoentrepreneurs.


"A propos des articles des Echos du 5 août 2020 autour des autoentrepreneurs" André Letowski, août 2020

Ma préoccupation est recadrer ou compléter certains propos tenus dans cet article publié le 5 août 2020 sur les autoentrepreneurs.

⇒ Le rebond attendu des autoentrepreneurs :

je rappelle l’article de ma note de juillet parue début août sur l’évolution du nombre de créations :

« La progression du nombre total du nombre de créations d’entreprise est plus forte que pour juin 2019. Ceci étant la période de confinement a connu des baisses plus faibles pour les autoentrepreneurs que pour les entreprises classiques…Les créations de mars-juin 20 sont en baisse de 19% si l’on compare avec mars-juin 19, davantage pour les sociétés (26%), un peu moins pour les entreprises individuelles hors AE (21%) et moins encore pour les AE (-13%)…Si l’on compare avec la tendance la plus récente (novembre 19-février 20), la création est en baisse de 24%, plus particulièrement dans les sociétés (-29%) et les entreprises individuelles hors AE (-32%), alors qu’elles le sont nettement moins au sein des AE (-16%); ces dernières créations sont de fait moins risquées. »

 

De fait les autoentrepreneurs ont évolué plus favorablement que les autres catégories de création et risquent de poursuivre cet avantage dans les mois à venir.

 

L’article annonçait 200 à 300 000 créations d’autoentrepreneurs pour 2020 ; fin juin, nous en sommes déjà à 176 000.

⇒ Mais relativisons quels sont les apports des autoentrepreneurs :

Un rappel du profil des autoentrepreneurs selon l’enquête 2014 Sine/insee (la seule fiable avec de l’ordre de 40 000 entreprises interrogées et la dernière information connue) :

Rappelons qu’en 2014, un créateur sur deux est un auto-entrepreneur, mais que 60% seulement exerceront leur activité. En 2019, 47% ; entre janvier et juin 2020, 47,5% dont en juin 2020, 50%.

Par ailleurs, en 2014, 54% des auto-entrepreneurs qui démarrent en font leur activité principale (soit 1/3 des créations sous forme d’autoentreprise) ; 39% d’entre eux n’ont pas dégagé des fonds pour créer et 18% au moins 4 000€ ; quant à ceux qui exercent sous forme d’activité secondaire, 55% n’ont pas investi et 7% au moins 4 000€.

 

Sur 100 auto-entrepreneurs immatriculés au premier semestre 2014, 34 n’ont pas déclaré de chiffre d’affaires lors de leurs 8 premiers trimestres d’exercice et sont considérés comme n’ayant pas démarré leur activité; sur les 66 en activité dans les 8 premiers trimestres de leur création, 36 sont encore actifs sous ce régime et 30 ont cessé, soit pour cette population un taux de pérennité de 54%, vs 75% pour les créateurs classiques (63% pour les entreprises individuelles), mais aussi un taux de pérennité de 36%, si l’on considérait l’ensemble des AE immatriculés.

 

Selon l’acoss, le chiffre d’affaires global du 4éme trimestre 2019 (publié en juillet 2020) est de 4,202Md€ et le chiffre moyen par autoentrepreneur actif de 4 498€, soit une moyenne de 1 500€ par mois.

 

Leur nombre est mal connu : fin décembre 2019 (dernière donnée Acoss), le nombre d’autoentrepreneurs inscrits, ayant ou non déclaré un chiffre d’affaires, est de 1 771 000, mais seulement 952 000 ont une activité économique.

L’Insee pour sa part recensait en 2019, 386 300 autoentrepreneurs, alors que l’Acoss en recensait 576 000, sans qu’aucune explication ne soit donnée pour cet écart important !

⇒ A propos du sondage affirmant que 83% des autoentrepreneurs ont dû cesser leur activité, je rappelle la faible fiabilité de ce sondage

“Les auto-entrepreneurs face à l’épidémie de Covid-19”, Union des Autoentrepreneurs, Fondation Le Roch les Mousquetaires, Opinion Way, mai 2020 ». Méthodologie : échantillon de 335 personnes représentatif de la population des auto-entrepreneurs français, questionnaire auto-administré en ligne sur système CAWI; interrogations entre le 12 et le 15 mai 

Le sondage exprime aussi que 80% (dont très 50%) envisagent de reprendre leur activité comme avant le confinement. 4% seulement s’inquiètent du retour des clients, alors que 45% souhaitent une liberté de déplacement sans restriction, 44% une simplification administrative,

 

Selon le site autoentrepreneur.fr consulté le 07/08/2020, avec la reprise, 17% assurent qu’ils ne reprendront aucune activité en juillet et août; 6% déclarent qu’ils pourront reprendre entièrement leur activité sur juillet et 20% d’entre reprendre leur activité à hauteur de 10% sur juillet.

⇒ Laccès à la faillite

Rappelons-nous que peu d’entreprises individuelles ont recours aux procédures de faillites (8 à 15% des défaillances selon Altares, soit 6 000 en 2019), alors qu’elles sont en ordre de grandeur 1 million d’autoentrepreneurs et 1 million d’autres entreprises individuelles (c’est dans ce dernier groupe que l’on trouve les entreprises individuelles en faillite).

⇒ Les aides gouvernementales

Compte-tenu de ce profil et des chiffres d’affaires dégagés, les autoentrepreneurs ont rarement accès au crédit bancaire (faible montant de CA, faible développement, faibles garanties, investissement non amortissable fiscalement, faible possibilité de déduction des charges hors les cotisations sociales…) et ont donc eu rarement accès aux prêts garantis de l’Etat. Dans le sondage UAE/Opinion Way de mai, 37% ont demandé le PGE, 13% l’ont obtenu, 15% ont connu un refus et 9% sont sans réponse.

Ils ont plutôt bénéficié des 1 500€  au titre du fonds de solidarité. 78% des Auto-Entrepreneurs sondés l’ont reçu en mai; 85% déclarent que c’est une aide attendue. Cette aide initialement adressée aux indépendants pour quelques mois sera prolongée pour les secteurs toujours impactés. Néanmoins, 60 % d’entre eux déclarent qu’ils en ont besoin jusqu’à septembre 2020.

 

Selon le site autoentrepreneur.fr consulté le 07/08/2020, pendant les mois d’été 2020, les Auto-Entrepreneurs sont 40% à déclarer avoir besoin du Fonds national de solidarité pour continuer leur activité ;  50% aimeraient voir un report de leur loyer sur les trois prochains mois ; la moitié estime que les délais de paiement accordés par l’URSSAF doivent se pérenniser sur la période estivale.