3 ans après leur création, la moitié des autoentrepreneurs ayant réalisé des recettes, sont encore en activité.


"Auto-entrepreneurs immatriculés en 2014 : trois ans après, 36% sont actifs", Insee Première N°1765, juillet 2019

Sources : Sine- enquête auto-entrepreneurs : dispositif permanent d’observation d’une génération de nouvelles entreprises tous les 4 ans. L’échantillon utilisé est composé de 40 000 auto-entrepreneurs inscrits au premier semestre 2014. Ils ont été enquêtés à deux reprises en 2014 et 2017. Seules les unités ayant été actives au moins un trimestre entre 2014 et 2017 ont été enquêtées pour la seconde vague.

 

Les autoentrepreneurs toujours en activité font état de recettes plus que modestes (9 000€ pour ceux en activité principale et moins de 4 000€ pour ceux en activité complémentaire en valeur médiane).

⇒ 34% des entrepreneurs n’ont pas déclaré de recettes; 3 ans après, 36% sont encore actifs.

Sur 100 auto-entrepreneurs immatriculés au 1er semestre 2014, 34 n’ont pas déclaré de chiffre d’affaires lors de leurs 8 premiers trimestres d’exercice. 66 ont effectivement démarré une activité économique; 3 ans après leur immatriculation, 36 sont encore actifs sous ce régime et 30 ont cessé leur activité en tant qu’autoentrepreneur. 

 

La proportion d’auto-entrepreneurs actifs après 3 ans est la plus élevée dans la santé (60%) et l’enseignement (48%); elle est plus faible dans la construction (36%), les activités de services aux entreprises de type technique et scientifique (36%) ou le commerce (28%),
secteurs où les immatriculations d’autoentrepreneurs sont les plus nombreuses (la moitié des autoentrepreneurs immatriculés en 2014). Ces écarts s’expliquent partiellement par une propension au démarrage plus élevée dans la santé (83%) ou l’enseignement (79%) que dans les services aux entreprises  (71%), la construction (65%) ou le commerce (54%).

La part des auto-entrepreneurs qui sont actifs 3 ans après leur immatriculation
est plus élevée pour la génération 2014 que pour la génération 2010 (36% contre 30%).

⇒ 3 ans après leur immatriculation, 36% sont pérennes.

Parmi les autoentrepreneurs ayant démarré leur activité, 54% sont pérennes à trois ans, à comparer avec la pérennité des entreprises classiques (75%), ou chez les entrepreneurs individuels non autoentrepreneurs (63%).

 

La pérennité dépend des caractéristiques suivantes, présentées de l’importance la plus manifeste vers la moins prégnante :

 

♦ La pérennité augmente avec leur âge : si 28% des moins de 30 ans sont actifs 3 ans après leur immatriculation, 44% le sont chez les 50 ans et plus. Chez les entrepreneurs individuels classiques, la pérennité est la plus forte entre 30 et 54 ans.

♦ Un auto-entrepreneur implanté dans une commune rurale a plus de chances d’être pérenne à trois ans qu’un auto-entrepreneur implanté dans une unité urbaine quelle que soit sa taille. (43% vs 34). Lors de la création de leur entreprise, les auto-entrepreneurs urbains ont déclaré plus souvent vouloir répondre à une opportunité ponctuelle, surtout dans l’agglomération parisienne (22% vs 15% dans les communes rurales).

♦ Comme pour les entrepreneurs individuels classiques, la pérennité des auto-entrepreneurs croît avec les moyens financiers engagés au démarrage;  70% ont démarré une activité quand ils ont investi vs 62 % de ceux qui n’ont fait aucun investissement.

Parmi ceux ayant démarré une activité, le taux de pérennité est de 52% pour ceux n’ayant rien investi initialement et 57% pour les autres. Ceci étant, les montants investis sont très faibles, l’accès au crédit plus que difficile pour l’activité économique et la déduction de l’amortissement impossible.

Elle dépend aussi beaucoup de l’activité exercée : de 75 (activité principale) et 70% (activité de complément) pour la santé à 35 et 38% pour les transports.

♦ La pérennité est plus forte chez les femmes (41% vs 33% pour les hommes), une différence qui s’explique surtout par le meilleur taux de démarrage effectif des femmes (72%, vs 62). Parmi les auto-entrepreneurs ayant démarré une activité, l’écart de pérennité est modeste même s’il est en faveur des femmes (57% contre 53%), du fait notamment de la surreprésentation des femmes dans les activités les plus pérennes (santé et enseignement).

À caractéristiques identiques, la pérennité est plus forte en cas de vie en couple, aussi bien pour les hommes que pour les femmes.

♦ 36% ont bénéficié d’un dispositif d’aide (le plus souvent l’aide aux chômeurs et créateurs d’entreprise ou Accre) quand ils ont monté leur projet. 42% d’entre eux sont actifs après 3 ans, contre 33% de ceux n’ayant bénéficié d’aucune aide; cet écart s’explique essentiellement par un taux de démarrage effectif d’activité plus élevé, notamment du fait des chômeurs.

La pérennité est plus élevée pour ceux qui en font leur activité principale (58% vs 50 pour une activité de complément).

♦ En revanche, l’expérience dans la création d’entreprise et le niveau de diplôme n’ont pas d’effet significatif sur la pérennité.

⇒ Les recettes réalisées en 2016

Les pérennes à 3 ans déclarent un chiffre d’affaires moyen de 10 300€ (12 800€ pour ceux en activité principale, 13 100€ pour ceux dont c’est la seule source de revenu, 7 600€ pour ceux en activité de complément); une situation comparable à celui de la génération 2010. Noter que le chiffre médian (approche plus juste pour situer les flux) est de 9 000€ en activité principale et de 3 919€ en activité de complément. Par ailleurs, 3% déclarent un chiffre d’affaires nul en 2016, ce qui laisse présager leur prochaine radiation.

Ces montants, même pour les 25%, aux recettes les plus conséquentes en activité principale, laissent à désirer, pour vivre de leur activité (de l’ordre de 1 300€ mensuel de revenu).

Le chiffre d’affaires est très inférieur à celui des entrepreneurs individuels classiques de la même génération : 75% des premiers déclarent en moyenne moins de 15 000€, contre 23% les seconds; même en se restreignant aux auto-entrepreneurs en activité principale, l’écart demeure puisque 66% ont un chiffre d’affaires annuel inférieur à 15 000€.

 

Le chiffre d’affaires moyen par secteur d’activité est le plus élevé dans le secteur des HCR (15 600€); il est le plus faible pour les arts, spectacles et activités récréatives (6 500€).

Quelques autres différences significatives :

♦ Un auto-entrepreneur qui a déjà une expérience dans le même métier, fait état d’un chiffre d’affaires supérieur de 3 000€ à celui d’un auto-entrepreneur sans expérience.

♦ L’autoentrepreneur travaillant principalement pour des entreprises déclare en moyenne un chiffre d’affaires annuel supérieur de 1 600€ à celui d’un auto-entrepreneur travaillant surtout pour des particuliers.

♦ Le chiffre d’affaires est également plus élevé de 1 300€ à 1400€ si l’auto-entrepreneur a investi lors du démarrage de son activité ou au cours de celle-ci, indiquant une plus grande implication.

♦ Un auto-entrepreneur titulaire d’un diplôme qualifiant déclare en moyenne un chiffre d’affaires annuel supérieur de 1 300€ à celui d’un auto-entrepreneur sans diplôme qualifiant.

⇒ La satisfaction d’avoir choisi ce régime

54% se déclarent satisfaits de leur chiffre d’affaires par rapport à leurs objectifs (58% pour ceux en activité de complément, 50% en activité principale). 57% de ceux qui n’ont rien investi à la création se déclarent satisfaits, contre 50% de ceux qui ont investi plus de 1 000€.

La satisfaction est plus élevée dans l’information et la communication et l’enseignement (respectivement 63% et 62% de satisfaits); elle est la plus faible dans le secteur du commerce (42%).

En moyenne, 63% sont satisfaits, voire très satisfaits (22%), de leur projet en général; 1/3 sont satisfaits de leur activité mais pas de leur chiffre d’affaires.

⇒ La trésorerie, un problème fréquent

27% déclarent rencontrer souvent des problèmes de trésorerie, un niveau comparable à celui des entrepreneurs individuels classiques (31%), du fait de la baisse de chiffre d’affaires, des délais et retards de paiement des clients, ainsi que des charges.

Le commerce est le secteur le plus touché (36%) déclarant notamment des difficultés d’accès au crédit; Il est suivi par les HCR (33%) et la construction (31%).; les activités d’information et communication (19%), d’enseignement (21%) et de santé humaine (20%) sont les moins exposées aux problèmes de trésorerie.

Les auto-entrepreneurs en activité principale déclarent évidemment plus fréquemment des problèmes de trésorerie (38% s’il s’agit de la source principale de revenu vs 31 s’ils disposent d’un autre revenu), que ceux en activité de complément (17%).

 

Pour en savoir davantage : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4189659