Leviers et freins au développement des entreprises


"FREINS ET LEVIERS À LA CROISSANCE D’ENTREPRISE", Observatoire Réseau Entreprendre, septembre 2017

Méthodologie : un sondage conduit en septembre 2017 sur la base d’un questionnaire composé de 27 questions transmis par mail à 12 000 chefs d’entreprise (lauréats et membres en France) de Réseau Entreprendre. 1 552 ont répondu : 46% sont des membres (chef d’entreprise engagé et adhérent de Réseau Entreprendre, potentiellement accompagnateur de lauréat dont 5% en formation pour le devenir), 33% des lauréats (chef d’entreprise accompagné par Réseau Entreprendre) et 21% d’anciens lauréats, 

 

Portrait des entreprises répondantes

 

Le portrait type du répondant : un homme, créateur de son entreprise depuis moins de 5 ans, ayant un chiffre d’affaires de moins de 1,5M€, en forte croissance.

60% sont le fait de créateurs d’entreprise, 28% de repreneurs et 12% de dirigeants salariés.

64% des entreprises du panel ont été créées ou reprises après 2011 (au maximum 5 exercices révolus). 80% ont été créées ou reprises après 2006 (au maximum 10 exercices révolus).

59% sont seuls actionnaires, 29% actionnaires majoritaires, 6% actionnaires minoritaires ; 7% ne sont ni fondateur ni repreneur.

 

54% ont une effectif de moins de 10 personnes 31% de 10 à 49 (dont 17% de 10 à 19, 14% de 20 à 49), et 15% au-delà (5% de 50 à 99, 4% de 100 à 250 et 6% plus de 250 personnes).

59% des entreprises ont un chiffre d’affaires inférieur à 1,5M€ : ce sont à 79% des lauréats en cours d’accompagnement ; les membres ont majoritairement un CA supérieur à 1,5 millions d’euros.

 

Le développement des entreprises

40% des entreprises ont un taux de croissance annuel moyen sur les 3 dernières années supérieur à 2 chiffres (13% de 10 à 20, 11% de 20 à 50, 6% de 50 à 100, 10% plus de 100) ; c’est le cas de 35% des membres et 45% des lauréats en cours d’accompagnement. Notons par ailleurs que 20% des lauréats déclarent avoir doublé chaque année leur chiffre d’affaire depuis la création. 60% ont un taux inférieur à 10% (17% de 5 à 10, 28% de 1 à 5 et 14% aucune croissance).

 

42% des chefs d’entreprise n’envisagent pas a priori de limite à la croissance, alors que 30%  ont une taille (Chiffre d’Affaires ou effectif) au-delà de laquelle ils auraient du mal à se développer; mais pour 30% aussi les indicateurs effectifs et chiffre d’affaires ne sont pas leur critères de réussite.

Toutefois 52% se positionnent comme entrepreneur de croissance modérée; la croissance est pour eux importante mais il existe un taux de croissance au-delà duquel il est difficile d’aller sans mettre en risque l’entreprise. 25% au contraire disent avoir le virus de la croissance. 

 

Les dirigeants en forte croissance (plus de 10% de taux de croissance annuel moyen) sont majoritairement des dirigeants qui se définissent comme « ayant virus de la croissance, ne se donnant pas de limite de taux de croissance», contrairement aux dirigeants qui connaissent une croissance plus faible et qui sont une majorité à penser qu’il y a une limite à la vitesse de croissance.

Pour les dirigeants faisant l’hypothèse d’une forte croissance, 4 facteurs ont été observés (note de 1 à 5):
-L’engagement personnel du dirigeant ou faire ce que j’aime est la note la plus élevée avec 4,18

-La consolidation de l’entreprise (l’entreprise deviendra-t-elle plus résiliente ou sera-telle plus souvent en situation risque ? ) avec 3,89

-L’indépendance de l’entreprise (vis-à-vis de ses parties prenantes : clients, fournisseurs, etc.) avec 3,8

-La conservation du contrôle de l’entreprise (renforce la posture de dirigeant) avec 3,62

“L’effet d’une croissance forte sur l’engagement personnel du dirigeant dans son entreprise (faire ce qu’il aime) apparaît largement positif.

En revanche, une crainte sur la conservation du contrôle de l’entreprise (renforcer sa posture de dirigeant) apparaît aussi. Relativement aux 3 autres indicateurs, cette peur apparaît comme le frein le plus marqué. Le rôle de l’accompagnement de Réseau Entreprendre est justement de renforcer la confiance, en entourant le dirigeant, pour l’aider à rêver plus loin.”

 

La croissance grâce à l’innovation par les produits ou services est clairement le premier levier de croissance identifié par les chefs d’entreprise pour 81% dans les 3 à 5 prochaines années. Cet item est suivi de façon assez proche par l’accès à de nouveaux segments de marché, une croissance organique grâce à un modèle économique supportant une rapide montée en charge, un développement en France; le développement à l’international et la croissance externe sont les items cités en dernier.

 

Le principal levier est la capacité d’alignement entre la stratégie et son exécution. Les entrepreneurs classent ensuite la capacité à s’entourer, à nouer des partenariats et à fonctionner en réseau comme des leviers forts de la croissance de l’entreprise. Ces trois réponses classées en haut de tableau montrent l’importance de l’entourage pour l’entrepreneur qui souhaite faire grandir son entreprise.
Les entrepreneurs classent en revanche du côté des freins à la fois des éléments liés à l’environnement (le poids des charges et l’environnement réglementaire et juridique notamment) mais aussi des enjeux RH (la difficulté de mobilisation de l’équipe et de capacité à déléguer).

 

Les outils du développement

 

22% des dirigeants se déclarant en croissance ont mis en place et animent un Comité Stratégique (vs 11% pour les dirigeants ne se déclarant pas en croissance); 38% le constitue ou  l’envisage (vs 24%), noter toutefois que 41% des entreprises en croissance n’ont pas ou n’envisagent pas de comité stratégique (vs 64 pour les entreprises qui ne sont pas en croissance).

Ceux qui n’envisagent pas de limite à la croissance sont aussi 62% à disposer ou envisager d’en disposer d’un comité stratégique vs 45% pour ceux posant une limite au développement)

 

Autre outil de développement : l’ouverture du capital. Les entreprises en croissance affirment  à 38% leur intention d’ouvrir leur capital (vs 11% pour les entreprises qui ne vivent pas une situation de croissance). Toutefois 52% s’y refusent (vs 77).

Rappelons que la plupart des études montre que la faiblesse des capitaux propres est une cause du plafond de verre subi par les PME.

 

Enfin quelle est le rôle de l’actionnaire ?  Le principal rôle accordé (ou souhaité) par les chefs d’entreprise de la part des investisseurs est celui de la contribution à la réflexion stratégique (note de 3,32); à l’opposé, le rôle de contrôle de la performance est moins facilement accepté (2,60); à proximité, l’apport de compétences managériales pour structurer l’entreprise en croissance (2,83) et la contribution à la construction des valeurs de l’entreprise, à l’éthique des affaires (2,75). 

 

“Dans notre compréhension des leviers de croissance à renforcer pour assurer la croissance des entreprises, s’il ne fallait retenir qu’un, ce serait assurément que le dirigeant est, en lui-même, le principal facteur croissance de son entreprise… le postulat selon lequel il faut rêver la croissance pour qu’elle se réalise, est validé par cette enquête… Face à cette capacité à rêver grand, les dirigeants nous ont révélé un frein les incitant à une certaine prudence : la crainte de la perte du contrôle de l’entreprise. Leur posture de dirigeant peut être mise à mal. Il est donc essentiel d’aider le dirigeant à avoir confiance afin de ne se donner aucune limite dans son ambition. Pour cela s’entourer, comme c’est le cas avec l’accompagnement entrepreneurial, mais aussi avec le comité stratégique.”