Créé en 2021, ce baromètre est réalisé pour la 4e année consécutive pour traiter des problématiques de souveraineté dont l’importance était jusqu’alors sous-estimée. L’objectif est de mesurer le niveau de criticité des ressources et de dépendance vis-à-vis de l’étranger, ainsi que d’identifier la tendance à la relocalisation et ses freins. Le but est ainsi d’appréhender chaque année l’évolution de la souveraineté des entreprises en France.
Méthodologie : 501 entreprisses ont été interrogées via un questionnaire par téléphone sur système CATI entre le 31 octobre et le 12 novembre 2024. Le questionnaire et les quotas sont identiques à 2022, avec un ajout en 2025 de 3 questions relatives à l’IA et aux solutions préférentielles des entreprises pour gagner en souveraineté. Il n’y a aucune information sur le redressement opéré, ni sur les définitions et les modalités de calcul pour expliquer les 3 indices.
Le terrain a été réalisé par Arianes Etudes et supervisé par Opinion Way
Les 501 répondants appartiennent pour 71% à la direction générale, pour 14% à la fonction finance, gestion, ou comptabilité et pour 9% à la fonction achats et logistique. Ces répondants appartiennent à des entreprises de 0 à 49 salariés (78% des entreprises interrogées), de 50 à 249 salariés (8%) ou de 250 salariés et plus (14%). 44% sont le fait de services, 24% de commerces, 19% d’industries et 12% du BTP.
« Sondage Opinion Waypour les cabinets By.O et Cubik »
Les entreprises de 50 à 249 salariés affirment être les plus dépendantes, tout comme celles des secteurs de l’industrie et du commerce.
⇒ Plusieurs tendances lourdes se dessinent depuis 4 éditions :
– Structurellement plus une entreprise est grande, moins elle est souveraine (car elle dépend de davantage de filières, de fournisseurs et de pays d’approvisionnement),
– Il existe une relation directe entre capacité de croissance et souveraineté,
– Tous les types de ressources viennent influencer la souveraineté, même si leur poids évolue (il ne s’agit pas juste d’un débat de matières premières ou de biens d’équipement),
– La relocalisation n’est pas la solution massivement envisagée pour résoudre les problématiques de souveraineté.
⇒ Les indices de dépendance, criticité et souveraineté en 2025.
♦ En termes d’activités : 2 secteurs sont les plus dépendants, l’industrie (49% vs en moyenne 32) et le commerce (40%), alors que le BTP l’est nettement moins (18%) ; de ce fait l’indice de souveraineté est plus élevé pour le BTP (91% vs 84) et les services (87%). Noter que l’indice de criticité est élevé pour le BTP (51%, un peu plus que la moyenne de 49), les services étant les moins touchés (45%).
Au regard des années antérieures : les écarts d’une année sur l’autre peuvent surprendre (exemple l’indice dépendance du BTP : 18% en 2025, 46 en 2024, 50 en 2023 et 28 en 2022), mais peuvent s’expliquer par le fait qu’il s’agit d’opinions, influencées par la conjoncture et le ressenti d’alors. Il est de fait toujours difficile d’analyser des modifications comportementales sur des temps courts.
♦ En termes de taille d’entreprise : la tranche de 50-249 salariés est la plus dépendante (44% vs 32 en moyenne), alors que les 2 autres tranches sont proches de la moyenne.
La comparaison au fil des années est là encore difficile à analyser (exemple des 250 salariés et plus : indice souveraineté 2025 85, 2024 55, 2023 60 et 2022 64) ; toutefois les écarts sont plus modestes que pour les activités.
♦ Le lien entre souveraineté et croissance : les 50-249 salariés expriment davantage ce lien (28% vs en moyenne 18), alors qu’il est proche de la moyenne pour les 2 autres tailles (18 et 20). Là encore, le grand décalage pour la tranche des 250 salariés et plus, selon les années est peu compréhensible (2025 20, 2024 100, 2023 37, et 2022 48).
♦ Selon l’analyse de By.O et Cubik, “le ralentissement économique constaté en 2024 réduit les tensions sur les marchés et les capacités industrielles et de services ne sont plus saturées. Le sentiment de criticité et de dépendance s’atténue donc fortement.. L’amélioration de la souveraineté est donc conjoncturelle et non structurelle. Alors qu’1 entreprise sur 3 disaient que la perte de souveraineté avait un impact sur leur capacité de croissance, cette année elles ne sont plus qu’1 entreprise sur 5. Autre démonstration que les enjeux de croissance sont moins à l’agenda des dirigeants.”
⇒ Les préoccupations des entreprises :
– En 1er lieu, l’hébergement des données (34%, proche de 2024, mais en hausse modérée au regard de 2023 et 2022 30) ; noter que l’indice de dépendance est en nette baisse au regard de la moyenne (25 vs 38), mais sans grande variation au regard des années antérieures (il en est de même pour les 2 autres indices).
La nette amélioration de l’approvisionnement en 2025 conduit à moins de criticité, mais l’approvisionnement connait l’indice dépendance le plus élevé (28-44 vs 25-28 pour les 3 autres problématiques) :
– L’approvisionnement en matières premières (26%), en nette chute au regard des années antérieures ; de fait cette problématique s’est fortement améliorée. L’indice de criticité s’est améliorée (51 vs 60-68 pour les autres années), tout comme l’indice de souveraineté.
– L’approvisionnement en produits semi-finis (26%) s’améliore aussi au regard des années antérieures (entre 31 et 35%), conduisant à une baisse de la criticité (51% vs 60 à 68 les autres années).
– Puis le fait de disposer de biens d’équipement et de production (25%) ; l’indice de dépendance est plutôt en baisse (28% vs 31 en 2024 mais 38-39 en 2022 et 2023).
– Enfin l’accès à des ressources de R&D (18%) ; l’indice de criticité est en nette baisse (45% vs 60 en 2024, 70 en 2023 et 53 en 2022) ; c’est aussi cet accès qui est le plus en baisse en 2025 (45 vs 50-53 pour les 4 autres problématiques).
– L’IA n’est pas vécu comme problématique : 77 pas ou peu critique, ni objet de dépendance (94% peu ou pas) ; elle le serait un peu plus chez les 50 salariés et plus (30-33% vs 23 les moins de 50 salariés).
♦ L’analyse de By.O et Cubik : “Après 4 ans d’évolution, la data est (enfin !) vue par les dirigeants d’entreprises comme une ressource aussi, voire plus, critique que les autres ressources de l’entreprise (matières premières, biens d’équipements…).
Les ressources d’investissement (biens d’équipement et R&D) sont jugées moins critiques, traduisant là aussi les moindres tensions liées à une chute des investissements d’avenir.
L’intelligence artificielle (IA) n’est pas encore jugée comme un élément critique aujourd’hui. Cela peut s’expliquer par le fait que les entreprises ont encore un usage limité de l’IA et qu’elle ne bouleverse pas encore leur modèle économique.”
⇒ En termes d’approvisionnement, les 3 matières premières les plus critiques.
2 types de matières en progression :
– En 4 ans, l’énergie est passée de pas du tout critique à la matière première la plus critique pour les entreprises (de 4% en 2022 à 20% en 2025) ; 53% disent que l’énergie a un net impact sur les coûts de fonctionnement et 25% sur la capacité de production.
Et encore en progression, suivent les composants électroniques et semi-conducteurs (de 0 en 2022 à 8% en 2025).
– Sont plutôt stables les matières bois et matériaux de construction (de 10 en 2022 à 12 en 2025) et les produits alimentaires (de 8 à 10).
– Mais par contre en nette baisse les métaux (de 28 à 15%).
⇒ La relocalisation est de moins en moins envisagée.
♦ Elle n’est pas à l’ordre du jour pour 94% des entreprises et ce quel que soit leur taille (un peu moins pour les 50-249 salariés, 89%) ; 3% toutefois y réfléchissent et 3% ont engagé des relocalisations en France ou en Europe. C’est une tendance lourde depuis 4 ans, mais les 250 salariés et plus n’étaient que 71-76% les années 2022-2024 vs 94 en 2025 à ne pas l’envisager.
Une récente étude de l’Insee complète cette analyse : “Entre 2018 et 2020, les entreprises relocalisent plutôt des activités peu qualifiées, et délocalisent des activités qualifiées” Insee Analyses N°100, décembre 2024 “https://letowski.fr/les-entreprises-qui-delocalisent-sont-des-activites-intensives-en-travail-qualifie/.
♦ 6 freins majeurs à un mouvement de relocalisation en hausse.
Ce sont : les coûts de production et de logistique (32,5% vs 17,5 en 2022-2023), la réglementation et la fiscalité (22,5% vs 2,5 en 2023), la concurrence internationale et l’accès aux marchés (17,5% en 2025 5 en 2022), le financement et les investissements (12,5% vs 2,5 en 2022), et les contraintes environnementales et écologiques (7,5% vs 2,2 en 2022).
Par ailleurs le manque de compétences et de ressources humaines (7,5%), sont plutôt stables.
Les fortes hausses des freins paraissent plus le fait d’opinion ressenti dans une période donnée) que de faits objectifs.
♦ L’analyse de By.O et Cubik : “Après un début de mouvement vers des projets de relocalisation du côté des grandes entreprises l’an dernier, les projets de relocalisation sont stoppés nets en 2025. Cette tendance est corroborée par les résultats des études publiées par Trendeo. Les dirigeants d’entreprises n’attendent pas de miracles de la relocalisation.”
⇒ Pour gagner en souveraineté,
63% estiment qu’elles devraient privilégier l’innovation et 58% améliorer leur efficacité opérationnelle.
♦ L’industrie et le commerce sont les 2 activités qui visent le plus ces actions : en faveur de l’innovation, le commerce 71% et l’industrie 67 vs 60 les services et le BTP, et en faveur de l’efficacité organisationnelle l’industrie 67 et le commerce 64 vs les 2 autres activités 52-55. Le recours aux financements publics n’est jugé pertinent que 22%.
♦ L’effet taille est marquant : les 250 salariés et plus pensent qu’il leur faut à la fois améliorer leur efficacité opérationnelle (82%) et l’innovation (79%) ; elles devancent les 50-249 salariés avec respectivement 73 et 69% et bien sûr les moins de 50 salariés avec 58 et 63%.
⇒ En conclusion selon les cabinets By.O et Cubik.
– La hausse de l’indice de souveraineté cette année (84%, +2 pts) est plutôt conjoncturelle et s’explique par le ralentissement économique, qui a engendré une moindre pression sur les approvisionnements et les capacités de production pour les entreprises.
– Le nombre d’entreprises n’envisageant pas de relocaliser n’a jamais été aussi élevé (94%). Les freins pour le faire sont les coûts de production et de logistique, mais fait nouveau la mise en avant l’instabilité fiscale et la règlementation
– L’énergie reste une préoccupation forte des dirigeants.
– Enfin l’intelligence artificielle n’est pas encore un débat de souveraineté ou un sujet critique.
Pour en savoir davantage : https://byo-group.com/barometre-souverainete-2025-byo-cubik/