Le marché et les perspectives d’évolution font défaut.


"TRÉSORERIE, INVESTISSEMENT ET CROISSANCE DES PME / TPE, BAROMÈTRE TRIMESTRIEL", Bpifrance/Rexecode, mai 2024

Méthodologie : Interrogation par voie numérique de 3 265 dirigeants de PME/TPE du 15 au 25 avril 2024. L’analyse en première partie porte sur les 946 premières réponses jugées complètes et fiables reçues. L’analyse en seconde partie porte sur 932 PME/TPE, dont les réponses ont été redressées par taille d’effectif et secteur d’activité.
Champ : PME/TPE des secteurs marchands non agricoles, de 1 à moins de 250 salariés et réalisant moins de 50 M€ de chiffre d’affaires.

 

Alors que les freins relatifs au recrutement et à l’approvisionnement sont plutôt en baisse, l’investissement patine.

⇒ TRÉSORERIE

La situation de trésorerie s’est légèrement détendue ces 3 derniers mois mais demeure nettement inférieure à sa moyenne historique. Toutefois, 12% des dirigeants font part d’une amélioration de leur trésorerie (proportion stable) et 31% d’une dégradation (−2 points).

Les dirigeants se montrent bien plus optimistes s’agissant de l’évolution à venir de leur trésorerie; mais 23% anticipent une dégradation de leur trésorerie à court terme contre 29 en février dernier.

 

Le solde d’opinion relatif aux délais de paiement des clients poursuit son recul après le point haut atteint fin 2023. Celui relatif aux délais de paiement des fournisseurs est quasi stable.

⇒ INVESTISSEMENT

Les intentions d’investissement confirment le ralentissement attendu en 2024 : 50% ont investi ou comptent investir cette année, vs 55% il y a un an ; la situation est meilleure qu’en février.

23% estiment que leurs dépenses d’investissement seront en hausse cette année, tandis que 33% prévoient de les réduire.

 

Chez ceux qui souhaitent investir, 74% l’envisagent pour renouveler des équipements, 67% pour les moderniser, 41% pour réaliser des économie d’énergie (largement supérieur à la moyenne pré pandémie), ou réaliser du recyclage, 34% pour l’introduction de nouveaux produits ou services, 29% pour une mise aux normes, 28% pour une extension de la capacité de production, de vente, d’accueil, 17% pour une nouvelle implantation.

⇒ ACCÈS AU CREDIT

64% ont eu recours au crédit pour financer leur exploitation courante, une proportion un peu plus faible qu’en février dernier (−1 point) et sensiblement inférieure à sa moyenne d’avant pandémie (74% sur la période T1 2018 – T4 2019). 21% disent avoir rencontré des difficultés de trésorerie, une proportion stable sur le trimestre, un peu supérieure à la moyenne d’avant pandémie.  

 

75% ayant l’intention d’investir au cours de l’année 2024 ou l’ayant déjà fait auraient recours au crédit pour financer leurs investissements, une proportion de nouveau en hausse sur le trimestre, mais toujours nettement inférieure à sa moyenne pré-Covid (82%).

 

La part de dirigeants de PME / TPE rencontrant des difficultés d’accès au crédit reste limitée, proche des moyennes observées avant pandémie, aussi bien en ce qui concerne le financement de l’exploitation courante (stable à 21%) que celui des dépenses d’investissement (17%, en léger recul sur le trimestre comme sur un an, et proche de sa moyenne pré-Covid (15%).

⇒ FREINS À LA CROISSANCE

– Les difficultés de recrutement apparaissent comme le premier frein à la croissance (citées par 50% des dirigeants), même si elles restent moins prégnantes qu’avant crise sanitaire (54% en 2018-2019).

– Les perspectives de demandes dégradées sont le deuxième frein le plus cité (43%, +9 points sur un an), suivies à 29% par la concurrence et à 18% par le manque de débouchés.

– 49% déclarent faire face à des difficultés d’approvisionnement (y compris hausse de prix et coûts), une proportion en recul de 3 points sur le trimestre et 19 points sur un an ; seuls 14% considèrent qu’elles se sont intensifiées ces 3 derniers mois ; 22% (−3 points) jugent que ces difficultés affectent leur activité.

31% ont rencontré des difficultés d’approvisionnement sur leurs chaînes de fournisseurs étrangers depuis 2020. Parmi eux, 61% ont pris des mesures pour les contenir (soit19% de l’ensemble des dirigeants). Parmi ces mesures, l’augmentation des stocks et la diversification des fournisseurs ou le recours à des fournisseurs plus proches géographiquement (France ou UE). 

32% dirigeants estiment que ces difficultés d’approvisionnement se seront résorbées d’ici un an (−5 points), alors que 32% jugent l’horizon plus lointain (+2 points) ; 36% sont incertains. 

⇒ FOCUS BESOINS D’INVESTISSEMENT

55% ont investi au cours des 3 dernières années, dont 16% régulièrement et 39% ponctuellement.

Parmi ceux qui ont investi, une majorité l’a fait en digitalisation et robotisation (52% dont 9% en intelligence artificielle) ; 33% ont investi au titre de l’environnement, (des investissements visant la décarbonation) ; 24% l’ont fait dans la recherche et développement et/ou l’innovation.

 

La majorité des dirigeants estiment que les investissements réalisés ont été correctement proportionnés (61% d’entre eux, 80% parmi ceux ayant réalisé des investissements au cours des 3 dernières années), alors que 12% déclarent un déficit d’investissement ; 2% estiment à l’inverse avoir surinvesti. Les 25% restants ne savent pas évaluer ex-post si le calibrage de leurs investissements était adéquat.

 

S’agissant des investissements en R&D et innovation, environnementaux ou visant la digitalisation et robotisation, la proportion de dirigeants ne sachant pas évaluer si leurs investissements étaient correctement proportionnés ou ne se sentant pas concernés est nettement plus grande que pour les investissements totaux, en particulier sur l’intelligence artificielle (67%).

En termes de perspective : la dynamique d’investissement se maintiendrait globalement à horizon 5 ans : 16% prévoient d’accélérer leurs dépenses d’investissement et 15% de les ralentir alors que 36% prévoient de conserver leur rythme de dépenses actuel. Un tiers des dirigeants sont incertains.

 

Parmi ceux qui perçoivent un déficit d’investissement au cours des 3 dernières années, 35% comptent accélérer leurs investissements pour le combler.

Les investissements en R&D et innovation, environnementaux ou visant la digitalisation et robotisation connaîtraient une dynamique plus porteuse, notamment dans l’intelligence artificielle (18% prévoient une accélération contre 4% un ralentissement), où l’incertitude est par ailleurs la plus forte (66% ne savent pas se prononcer).

 

Les freins aux nouveaux investissements à moyen terme :

-Les incertitudes économiques et le climat des affaires sont cités comme un frein par 59% et la faiblesse de la demande (actuelle ou future) par 30%. C’était déjà le principal frein remonté par les dirigeants il y a 3 ans.
-Les contraintes de financement qu’il s’agisse de la capacité interne de financement (citée par 25% des dirigeants), du niveau actuel des taux d’intérêt (23%) ou encore de l’accès au financement externe (20%) est le second groupe de frein.
-Le manque de compétences (en interne et en externe en cas de difficultés à recruter) affecte les décisions d’investissement de 24% vs 17 il y a 3 ans.  
-Les prix de l’énergie supérieurs aux niveaux observés avant crise, le manque de visibilité sur l’évolution de leurs coûts pèsent pour 17%.
-Les contraintes réglementaires viennent ensuite (16%), tout comme leur évolution (16%).

 

Les freins varient selon la dynamique d’investissement anticipée et les types d’investissement :
Les dirigeants prévoyant de ralentir leurs investissements et ceux qui sont incertains sont davantage freinés par la faiblesse anticipée de la demande (35 à 38% contre 20% des dirigeants prévoyant d’accélérer leurs investissements).

Ceux qui comptent accélérer leurs investissements citent davantage le niveau actuel des taux d’intérêt et le manque de compétences (après toutefois le climat des affaires). La capacité interne de financement et le manque de compétences sont aussi des freins remontés par les dirigeants prévoyant d’accélérer leurs investissements en R&D et innovation.

 

58% des dirigeants jugent le niveau des fonds propres de leur entreprise suffisant compte tenu des projets de développement de leur entreprise, une proportion en légère baisse depuis l’été 2021 (−2 points). 38% le jugent en revanche insuffisant (+3 points) et 4% ne connaissent pas le niveau des fonds propres de leur entreprise.

L’insuffisance de fonds propres reste alors un frein minoritaire (15%), une proportion quasi stable depuis deux ans et inférieure à sa moyenne pré-pandémie (20% sur la période T1 2018-T4 2019).

 

Pour en savoir davantage : https://lelab.bpifrance.fr/content/download/4169/pdf/Barometre_PME_Bpifrance_Rexecode_2024T2.pdf?disposition=inline