“Un statisticien répugne à donner un résultat dont il n’est pas suffisamment assuré. Et c’est peu de dire que ce que nous présentons aujourd’hui est fragile, susceptible d’être révisé. D’abord parce que nos méthodes dans une telle situation ne sont pas éprouvées : c’est inédit dans l’histoire de l’Insee. C’est fragile aussi parce que la situation elle-même est très évolutive…Quoi qu’il en soit, pour incertain et imprécis qu’il soit, il m’a semblé que donner ce premier ordre de grandeur était préférable à ne rien dire du tout ” Jean-Luc Tavernier, DG de l’Insee.
“La collecte des enquêtes de conjoncture de mars a débuté le 26 février 2020 et le dépouillement des réponses a été finalisé le 23 mars 2020. Néanmoins, à partir du 14 mars, les réponses reçues par courrier au format papier n’ont pas pu être exploitées : seules les nouvelles réponses reçues par internet ont alors été incorporées.”
Comptablement, un confinement d’un mois aurait un impact de l’ordre d’une douzaine de points de PIB trimestriel en moins (soit 3 points de PIB annuel).
“Au niveau global, le climat des affaires perd 10 points, à 95. Il s’agit de la plus forte baisse mensuelle de l’indicateur depuis le début de la série (1980). En octobre 2008, après la faillite de Lehman Brothers, l’indicateur avait chuté de 9 points. L’indicateur de climat de l’emploi connaît également sa plus forte chute depuis le début de la série (1991). Il perd 9 points et atteint 96.
Au niveau sectoriel, les indicateurs de climat des affaires se dégradent considérablement dans les services (-14 points) et dans le commerce de détail (-13 points). Ils se détériorent également dans le commerce de gros (-5 points) et dans l’industrie (-3 points).
Les premières informations disponibles sur la situation des salariés se traduirait par 1/3 environ en activité sur le lieu habituel de travail, 1/3 en télétravail et 1/3 en chômage partiel. Ce chiffrage semble également compatible avec la diminution observée de la consommation d’électricité, actuellement d’environ un cinquième par rapport à un fonctionnement « normal » de l’économie.
La consommation des ménages serait également inférieure de 35 % à sa « normale »
La plus forte contribution à cette baisse résulte de l’effondrement de la consommation de nombreux biens de l’industrie manufacturière (-60%), qui compte pour 18 points de cette baisse. Certaines dépenses de consommations se sont réduites au minimum, entre -100% et -90% (matériel de transport, textile, habillement). D’autres se maintiennent (électricité, eau), voire augmentent légèrement (industrie pharmaceutique, +5%).
La consommation de services marchands a également diminué, d’environ 33%, contribuant à la baisse totale de la consommation à hauteur de 15 points. Toutefois, en écartant les dépenses de logement qui, par nature, sont peu affectées à court terme, la baisse est autour de 55% et particulièrement massive dans les secteurs de la restauration, de l’hébergement et des transports.
Pour en savoir davantage : https://www.insee.fr/fr/information/4471804