La faible propension au risque, la crainte de compétences insuffisantes, et un financement d’amorçage largement public, se conjuguent pour produire un flux de start up encore modeste


« La France, une terre propice au développement des start-ups ? », les publications économiques de COFACE, février 2015

La traduction littérale du néologisme start-up signifie « commencer » et « hauteur » ce qui invite à considérer les jeunes entreprises à fort potentiel. En français, l’expression correspondante est celle de « jeune pousse » adoptée par le Ministère de l’économie et des finances et désignant une jeune entreprise innovante (selon les 4 types d’innovation : produit, procédé, commercialisation et organisation) et à croissance rapide.

Les auteurs estiment leur nombre à 800 (base : rapport du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche) et un taux de défaillance, selon l’échantillon observé, à 2,25%.

 

Plusieurs enseignements sont tirés de cet échantillon : un taux de défaillance moins élevé que celui de l’ensemble des entreprises, une taille très modeste qui plus est en baisse et un flux en hausse.

 

Selon les auteurs, 3 piliers sont nécessaires au développement des start-ups :

 

– La formation : une population formée et une recherche de pointe

Une étude américaine, sur la base d’un large sondage auprès de jeunes entreprises innovantes permet de dresser le portrait-robot du créateur de start-up : Il (ou elle) a 39 ans et 92% ont un niveau d’éducation supérieure (52% un équivalent BAC+3, 30% d’un équivalent BAC+5 et 10% d’un doctorat).

31% des français âgés de 25 à 64 ans disposent d’une éducation supérieure, contre 43% aux Etats-Unis, 41% au Royaume-Uni mais 28% en Allemagne; par ailleurs,  le taux des 25-34 ans, diplômés du supérieur, se situe bien au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE (43 contre 38%). La France occupe le 6ème rang mondial en matière de R&D, mais le 17ème sur le plan de l’innovation. Au classement Global Innovation Index (niveau de services à fort contenu créatif dont bénéficient les populations), la France obtient un score de 45,5% pour l’indicateur de créativité et se classe à la 20ème position sur les 34 pays de l’OCDE derrière le Royaume- Uni (56,6%), l’Allemagne (50,4%) et les Etats-Unis (46,5%).

 

le comportement : en dépit d’un terreau fertile à la création et à l’innovation, la capacité à prendre le risque de l’entreprenariat peut être freiné par un héritage culturel créant de l’aversion au risque.

Selon le Global Entrepreneurship Monitor (GEM), alors que 23% des Français estiment qu’ils disposent d’opportunités propices à l’établissement d’une entreprise, ce taux s’élève à 47% pour les Américains, 36% pour les Britanniques et 31% pour les Allemands. Parmi les individus percevant ces opportunités, 41% des français estiment que la peur de l’échec les empêcherait de monter leur entreprise, un taux est plus élevé que chez leurs homologues allemands (39%), anglais (36%) ou américains (31%) ; de plus, les Français semblent davantage souffrir d’un déficit de compétences et de connaissances à hauteur de 66% contre 44% aux Etats-Unis et 56% au Royaume-Uni

« Parce que la peur de l’échec est fortement décourageante, seuls les individus disposant d’une idée robuste et d’une motivation réelle se lancent dans l’aventure entrepreneuriale.»

 

le financement : le manque de fonds propres est l’un des principaux obstacles à leur essor.

Les business angels sont encore peu nombreux ; aux Etats-Unis, les business angels, ce sont 298 000 investisseurs, contre 8 000 en France, 25 000 au Royaume-Uni.

Par ailleurs, avec un volume total investi de 0,04% du PIB entre 2007 et 2013, le capital-risque en France ne semble pas atrophié vis-à-vis des autres pays européens ; en 2013, ces fonds ont investi dans 378 entreprises françaises contre 738 en Allemagne et 336 au Royaume-Uni ; mais les fragilités du capital-risque peuvent se mesurer par deux principales caractéristiques : les pouvoirs publics ont une part significative et croissante dans le capital-risque via la BPI (55% des levées de fonds totales contre 20,8% au Royaume-Uni et 33,8% pour la moyenne européenne) et un financement problématique de la phase d’amorçage  (seulement 1,5% des fonds de capital-risque sont concernés en 2013, contre 6% en Allemagne et 3,4% pour la moyenne européenne).