Du début des années 1980 jusqu’au début des année 2000, la part des actifs qui connaissent une transition professionnelle est passée de 12 à 16%.
On peut distinguer quatre types de changement de situation professionnelle entre 2003 et 2014, divisé en 2 sous-périodes, avant et après la crise (2003-2008 puis 2009-2014) :
*les transitions d’emploi à emploi (changement d’employeur au cours d’une année ayant éventuellement connu un passage momentané au chômage) passant de 47% pour 2003-2008 à 42% pour 2009-2014
*les transitions de l’emploi vers le chômage correspondant à la perte d’emploi (de 18 à 22%); le taux de chômage de longue durée a fortement progressé, passant de 2,5 à 4,3% de la population active entre 2008 et 2015; le nombre d’inactifs souhaitant travailler a progressé de 230 000, passant de 1,1 million en 2008 à 1,4 million en 2015.
*les transitions du chômage vers l’emploi correspondant au retour à l’emploi (de 27 à 27%)
*les transitions chômage-chômage correspondant à la situation des individus qui changent de statut au cours d’une année (en retrouvant un emploi ou en se retirant momentanément du marché du travail), sans pour autant sortir durablement du chômage (de 7 à 8%)
Les métiers de la banque et de l’assurance sont ceux où la stabilité dans l’emploi est la plus forte, alors que les salariés des métiers de la communication et des arts, de l’agriculture et de l’artisanat, de l’hôtellerie et de la restauration présentent des taux de transition de l’emploi vers le chômage beaucoup plus importants. Cette rupture s’explique essentiellement par la plus ou moins grande importance prise par les contrats à durée limitée (intérim et CDD, en particulier CDD d’usage dans certains secteurs) dans la gestion de la main-d’œuvre.
Les salariés en CDI (85,5% des emplois comme en 2000) présentent un risque de transition vers le chômage très faible : leur probabilité d’être au chômage l’année suivante est de l’ordre de 2,1% (1,8% en 2003-2008), 6 fois moins qu’un salarié en CDD (13% contre 11en 2003-2008) et environ 10 fois moins qu’un salarié en intérim (22% contre 18 en 2003-2008). Ainsi, en 2014 plus de la moitié des demandeurs d’emploi sont indemnisés au titre d’une fin de contrat en CDD ou de mission d’intérim. Ces contrats à durée limitée constituent des « variables d’ajustement » pour les entreprises, leur permettant d’amortir les aléas de la conjoncture économique et de gérer les effectifs de manière plus souple.
En 2012, la durée moyenne des CDD échus était de 2 semaines dans les services, contre 9 dans l’industrie et 13 dans la construction; au sein de nombre de métiers de services, particulièrement ceux qui autorisent les CDD d’usage (hôtellerie-restauration, services à la personne, événementiel, etc.), la rotation de la main-d’œuvre et la réembauche y sont particulièrement fréquentes en raison de recrutements sur des contrats très courts. Parmi les salariés en contrats à durée limitée (intérim et CDD), ce sont donc ceux qui disposent d’un contrat de très courte durée (moins d’un mois) qui présentent la plus forte probabilité de perte d’emploi à horizon d’un an (21% contre 16 pour des contrats de 30 à 364 jours et 10% pour des contrats de 365 jours et plus).
Toutefois, la hausse des embauches en CDD de très courte durée s’accompagne d’une récurrence dans l’emploi à durée limitée, souvent chez un même employeur : 40% des personnes embauchées en 2012 connaissent une réembauche contre 1/4 en 2000, mais sur des contrats d’un mois et moins.
Parmi les salariés qui sont encore en emploi un an plus tard, 70% restent embauchés en CDD sur la période 2008-2014 (contre 65, sur la période 2003-2008), dont 55 chez le même employeur (contre 50, sur la période 2003-2008).
20% des salariés en CDD ont basculé sur un CDI dans la même entreprise, contre 24% sur la période 2003-2008 et 50% en 1982; pour ceux en intérim, ce sont 18% (contre 20 pour la période 2003-2008) et 13% pour les chômeurs (contre 17%). Sur la période 2008-2014, les
CDD et l’intérim représentent 57% des emplois retrouvés (contre à peine 40% au début des années 1990), tandis que le CDI ne compte que pour 36%; en outre, cet emploi est souvent à temps partiel.
La proportion des personnes inscrites à Pôle emploi et en activité réduite a presque doublé depuis le milieu des années 1990, pour atteindre plus du tiers des demandeurs d’emploi de catégories A, B ou C fin août 2016 (soit 1,9 million de personnes). De même, les personnes à temps partiel qui souhaiteraient travailler davantage (en 2015, 1,7 million, surtout des femmes, soit 500 000 de plus qu’en 2003 et 800 000 de plus qu’en 1990).
36% des chômeurs (de la période 2008-2014) ayant retrouvé un emploi sont en CDI, 44% en CDD, 13% en intérim et 7% comme non salarié; ils étaient respectivement, en 1990-1995, 57, 31, 6 et 6%.
L’instabilité est concentrée sur les travailleurs jeunes et les moins qualifiés; les contrats à durée limitée (CDL) sont aujourd’hui en effet beaucoup plus fréquents pour les jeunes de 15 à 24 ans que pour les salariés de 25 à 49 ans (respectivement 30% et 10% en 2012). En 30 ans, la part des CDL dans l’emploi salarié a augmenté beaucoup plus vite pour les 15 à 24 ans que pour les 25 à 49 ans (respectivement +22 points et + 8 points entre 1982 et 2012).
3 ans après leur insertion, le Céreq souligne que les jeunes sans diplôme disposent d’un moindre accès à l’emploi durable (de 34 à 24% entre les deux générations alors qu’elle a progressé pour les jeunes titulaires d’un master (de 68 à 79%).
En 2015, 85,5% des salariés sont en CDI, proche de la situation de l’an 2000.