“La question se pose de savoir si les actions menées en faveur de l’entrepreneuriat doivent avoir comme seul objectif la création d’activités ou s’il faut considérer d’autres critères de réussite, tels que l’acquisition de compétences liées à l’entrepreneuriat, auquel cas il faut privilégier le projet et la mise en situation des jeunes….C’est dans cet esprit que les expérimentations soutenues par le Fonds d’expérimentation pour la jeunesse (FEJ) ont cherché à renouveler les approches pédagogiques de sensibilisation et d’accompagnement des jeunes à l’entrepreneuriat.”
Permettre aux élèves de se confronter à des difficultés et de trouver les ressources pour les surmonter, par le biais de projets de mini entreprises, développe des compétences transversales, telles que l’autonomie et l’esprit d’initiative, qu’ils pourront remobiliser dans d’autres contextes. À l’inverse, les effets de l’expérimentation sur l’acquisition de compétences techniques de gestion de projet ou de connaissances du fonctionnement de l’entreprise sont plus limités.
Menée de 2009 à 2011 par l’École d’économie de Paris et le Laboratoire d’action contre la pauvreté, l’évaluation de « CréaJeunes » montre que 2 ans après le début de l’expérimentation, la proportion de jeunes ciblés qui ont suivi un accompagnement à la création d’entreprise a augmenté de 39 à 73 %. Or ce programme n’a pas atteint les objectifs d’insertion professionnelle des jeunes et de création d’activités. Les jeunes concernés n’ont pas vu davantage leur situation professionnelle s’améliorer, que ce soit leur capacité à créer et à développer une entreprise, ou les possibilités d’accéder à un autre type d’emploi. 28 mois après le début de l’expérimentation, 28% des jeunes ciblés n’avaient pas créé leur entreprise par manque de financement, un peu plus de la moitié ont cessé leur activité faute de résultats et 17% car l’activité était trop lourde à gérer.
Animé depuis 2000 par l’Association nationale des groupements de créateurs (ANGC), « ces groupements de créateurs » proposent à des jeunes peu qualifiés et résidant dans les quartiers politiques de la ville, de les accompagner dans la création d’activités, qu’il s’agisse d’une association, d’un événement ponctuel ou d’une entreprise. L’objectif est ici « de passer d’une culture de la prise en charge, à une culture du projet où ils sont acteurs de leur parcours d’insertion » (développement de la confiance en soi, prise d’initiative, autonomie et connaissance de soi). La méthodologie de projet proposée permettait aux jeunes d’examiner tous les ressorts de leur projet, depuis l’intention jusqu’à la concrétisation de l’activité. De par les capacités qu’ils développent à repérer leurs forces et leurs faiblesses, l’autonomie décisionnelle et la confiance en leur environnement qu’ils acquièrent à travers la pédagogie de projet, les jeunes parviennent à trouver une situation économique stable et financièrement moins précaire.