Les entreprises industrielles de taille artisanale.


"LES ENTREPRISES INDUSTRIELLES ARTISANALES : PORTRAIT D’UN SECTEUR AUSSI STRATÉGIQUE QUE DISCRET", CMA Auvergne-Rhône-Alpes, Banque de France, novembre 2024

MÉTHODOLOGIE  : cette étude couvre l’ensemble des entreprises concernées par les aides publiques et pour lesquelles les informations sont disponibles.

*Le périmètre étudié : 21 345 entreprises dites entreprises Industrielles, dont la liste a été fournie par la CMA Auvergne-Rhône-Alpes ; sur cette liste, la base FIBEN de la Banque de France recense 6 606 entreprises ayant des données exploitables (27% des entreprises) et écarte les entreprises individuelles et les microentrepreneurs. 

* Les périmètres de comparaison :

– D’une part, celui composé d’une liste de 129 079 entreprises artisanales fournie par la CMA, au sein de laquelle la base FIBEN de la Banque de France recense 24 393 entreprises ayant des données exploitables (19% des entreprises).

– D’autre part, l’ensemble des entreprises industrielles dont le siège social est localisé dans la région Auvergne-Rhône-Alpes et dont les effectifs 2022 sont compris entre 1 et 249, soit 9 012 sociétés, les établissements secondaires de sociétés dont le siège social est situé hors de ce territoire étant exclus.

L’étude présente des ratios moyens basés sur des échantillons glissants (non constants) sur 3 ans pouvant se traduire par des variations d’échantillon d’une année sur l’autre. Toutefois, l’analyse est complétée par des médianes et quartiles. 

 

Une étude rare à 2 titres, l’un sur l’artisanat industriel, l’autre  sur le partenariat Banque de France et une chambre régionale de l’artisanat.

⇒ Le contexte industriel de la région : 

• La fabrication de produits métalliques est présente dans la Vallée de l’Arve, à Ugine en Savoie, dans la zone d’emploi de Saint-Étienne, à Issoire, aux Ancizes-Comps et à Thiers dans le Puy-de-Dôme, à Lyon ou à Roanne dans la Loire.
• La fabrication de produits en caoutchouc et en plastique est présente à Clermont-Ferrand, à Roanne, dans la zone d’emploi d’Oyonnax dans l’Ain ou bien autour de Sainte-Sigolène, au nord de la Haute-Loire.
• La fabrication de produits électriques et électroniques est présente dans l’agglomération de Grenoble, dans la région lyonnaise, à Cluses en Haute-Savoie, à Valence dans la Drôme, ou encore dans la zone d’emploi de Montluçon dans l’Allier.
• La fabrication de machines et équipements est présente dans la banlieue lyonnaise, à Annecy, dans l’agglomération grenobloise ou à Bourg-lès-Valence dans la Drôme.
• L’industrie chimique est présente dans l’agglomération lyonnaise, à Pierrelatte au sud de la Drôme ou bien à Andrézieux-Bouthéon dans la Loire.
• L’industrie pharmaceutique est présente dans l’agglomération lyonnaise et dans une moindre
mesure, dans le Puy-de-Dôme et la Haute-Savoie.
• La fabrication de textiles est présente dans la Loire et le Rhône.
• L’industrie agroalimentaire est présente dans les vallées du Rhône et de la Saône, dans le sud de la Loire, dans l’agglomération de Clermont-Ferrand, dans la Bresse ou encore dans le sillon Alpin nord.

⇒ L’artisanat industriel de la région en 2023 :

♦ Le profil des entreprises :

– 33 465 entreprises (17% des entreprises artisanales) ; 52% ont plus de 10 ans d’ancienneté.  42% (hors microentrepreneurs) envisagent de transmettre. Parmi ces potentiels cédants, on compte de nombreuses activités de menuiserie bois et de mécanique industrielle, dont le chiffre d’affaires dépasse les 200 000€. 

 

54% des entreprises ont fait le choix de la société (dont SAS et SASU 19, SARL et EURL 19), vs 40% pour les autres entreprises de l’artisanat.

 

– 83 500 emplois soit 3,4 salariés en moyenne (sans les micro entreprises) vs 1,4 salarié par entreprise pour les autres secteurs. Les CDI sont majoritaires, par rapport aux CDD ou à l’Intérim, dans les entreprises employeuses ; plus d’un quart des entreprises compte dans ses effectifs au moins un salarié en contrat de professionnalisation ou d’apprentissage. 

 

♦ L’artisanat industriel est implanté en tout point du territoire : 21% dans l’aire d’attraction de Lyon, 22% dans des “petites” villes comme Albertville, Privas… , 12% dans l’aire de Grenoble-Annemasse, 12% dans Annecy, Chambéry, Valence, 12% en zones rurales, 11% dans l’aire de St-Etienne et Clermont-Ferrand, 10% dans des villes comme Aurillac, Bour en Bresse, Roanne. Selon les départements, entre 13 et 17% des entreprises artisanales sont des entreprises industrielles artisanales.

 

– 10% des créations d’entreprises artisanales.

 

– Les activités : Auvergne-Rhône-Alpes possède la plus forte concentration d’entreprises industrielles artisanales en France, devant la région Île-de-France. 

L’industrie artisanale regroupe : 54% des entreprises dans le secteur de la production, 36% des entreprises dans le secteur du bâtiment, 9% des entreprises dans le secteur des services (notamment maintenance industrielle), et 1% d’entreprises dans le secteur de l’alimentaire.

Les 3 secteurs les plus importants sont le décolletage et la mécanique industrielle avec 3 789 entreprises, suivi de l’installation de structures métalliques (718 entreprises) et la chaudronnerie (604 entreprises).

 

♦ Le profil des dirigeants :

40% des chefs d’entreprise ont plus de 55 ans (seulement 21% des artisans dépassent cet âge-là) ; la transmission et la reprise de ces entreprises est un enjeu fort, 

73% sont des hommes (dans les autres secteurs entre 59 et 67%, ce dernier chiffre étant le BTP)

Leurs motivations : répondre aux demandes des clients (68%), diversifier l’offre ou la clientèle (58%), optimiser les performances (56%).

⇒ Le développement de ces entreprises.

♦ En termes d’emploi : entre 2020 et 2022 une hausse des effectifs de 8,4%, vs 10,8 dans l’ensemble de l’artisanat et de 2,8 pour les entreprises industrielles de moins de 250 salariés. Noter que 52% n’ont pas de salarié, 27% de 1 à 5 et 21% 6 salariés et plus (dont 9% 10 salariés et plus). 50% connaissent des difficultés de recrutement.

 

♦ En termes de chiffre d’affaires : 28% ont + de 500 000€ de chiffre d’affaires et 26% de 200 000 à 500 000€. Entre 2020 et 2022, elles ont enregistré une hausse de 27,8% de leur chiffre d’affaires vs 30,2 pour l’ensemble des entreprises industrielles et 25,6 pour celles de 250 salariés et plus.

23% des entreprises artisanales exportent (dont 6% régulièrement avec 20 à 50% de leur chiffre et même plus de 50% pour 1%). 

 

♦ Le taux de valeur ajoutée a perdu 2 points dans les entreprises industrielles artisanales (32,8% en 2022), vs dans l’ensemble de l’artisanat 31,9 (en perte de 1,3 point) et de 28,8% dans les entreprises de 250 salariés et plus (perte de1,9).

 

♦ Le taux de marge brut d’exploitation (TMBE)  chiffre 9,4% pour l’artisanat industriel (+0,9 point), vs 8 pour l’ensemble de l’artisanat (+0,6 point) et 8,8 pour les entreprises industrielles de moins de 250 salariés (+1,2 point).

 79,5% des entreprises industrielles artisanales enregistrent un bénéfice en 2022. 

 

♦ La part des investissements d’exploitation sur la valeur ajoutée progresse légèrement dans les entreprises artisanales industrielles (16,2% soit +1,6 point), vs pour l’artisanat (14,8% soit +0,4 point) et pour les entreprises industrielles de -250 salariés (17,7% soit -0,5 point). 

 

– La trésorerie : sur la période 2020/2022, les entreprises industrielles artisanales et l’Artisanat mobilisent 2 jours de trésorerie supplémentaires pour financer leur cycle d’exploitation, principalement à cause de l’augmentation des stocks. En incorporant les Prêts Garantis par l’État en 2020, les entreprises ont atteint un niveau de trésorerie élevé (trésorerie nette jusqu’à 88 jours de CA pour les entreprises industrielles artisanales), qui revient à la normale sur la période mais demeure encore atypique. Le niveau d’endettement financier des entreprises industrielles artisanales abaissé (-8,6 points).  

 

♦  65% des entreprises industrielles artisanales et des entreprises industrielles de -250 salariés bénéficient d’une bonne santé financière (62% pour l’Artisanat). La richesse créée se répartit ainsi en 2022 : 67,4% est dévolu au personnel (salaires et charges vs 70,6 en 2020), 15,6% à l’autofinancement (vs 13,4 en 2020), 9% aux dividendes (vs 7,9 en 2020), 6,9% à l’impôt et 1,2% aux charges financières.

⇒ Quelques grands problèmes spécifiques.

♦ L’innovation : 40% considèrent avoir mis en place des pratiques innovantes ; la moitié déclarent avoir un projet d’innovation pour les mois à venir.

 

Mais 34% déclarent rencontrer des freins pour innover du fait :

 * De manque de temps (58%),

 * De financement (pas de fonds dédié pour 38%, pas d’accès à des financements externes pour 25%), 
 * De méconnaissances des dispositifs des aides et des structures d’accompagnement (37%), des règles de protection industrielle (13%) et des règlementations et certifications (10%), 

 * D’une taille de marche inadaptée (30%), ou de l’incertitude de la plus-value (16%), 

 * Du manque de compétence du dirigeant (28%).

 

♦ La transition écologique et la décarbonation : 59% considèrent que leurs clients ont des attentes spécifiques sur la décarbonation de leurs produits et ont mis des plans d’actions de transition écologique en œuvre ou y réfléchissent : 42% des entreprises répondantes se sont engagées dans une démarche de conception responsable, sur tout ou partie de leurs produits. Cela concerne la durabilité des produits (71%), les matières premières recyclées (62%), la gestion des déchets (51%), la réparabilité (50%).

 

Par ailleurs, les domaines des projets de transition écologique sus lesquels ils travaillent sont : les énergies renouvelables (59%), la valorisation des déchets (42), l’optimisation des flux (36), la mobilité (30), la réduction de la consommation d’eau (18), la décarbonation de l’activité (11%).

30% d’entreprises n’ayant encore rien mis en place souhaitent s’informer sur l’optimisation des flux.

 

♦ La transformation numérique : le numérique est considéré comme prioritaire sur les axes suivants : la relation client (69%), la visibilité et la notoriété (61), la gestion de la qualité (50), la conquête de nouveaux marchés (50). L’usage de l’outil numérique semble ainsi très tourné sur la vente et sur la gestion et utilisé à seulement 4% pour la capitalisation du savoir-faire des entreprises et sa transmission. Le numérique sert très peu à préparer l’avenir.

 

30% des chefs d’entreprise rencontrent des freins dans leur transformation numérique. Au-delà du manque de temps (62%) qui constitue le frein principal, 54% citent le manque de compétence, mais aussi le manque de connaissance (sur les dispositifs d’aide et d’accompagnement 38, et sur les offreurs de solution 12), sur les financements (41), l’incertitude sur les plus-values apportées (26) ; seuls 23% se désintéressent.

 

Il en ressort une demande d’accompagnement importante pour la recherche de main d’œuvre qualifiée, l’accès aux financements pour l’innovation et l’export, l’aide à la transmission, la montée en compétences spécifiques, la lutte contre la pression foncière, et la prise en compte de ce secteur dans les politiques publiques.

 

Suivent un certain nombre de propositions.

 

Pour en savoir davantage : https://veille.artisanat.fr/dossier_thematique/donnees-economiques-et-conjoncture/actualite/auvergnerhynealpes-portrait-de-lartisanat-industriel-etude-cma.html