La situation se dégrade (investissement en baisse, trésorerie plus difficile).


"TRÉSORERIE, INVESTISSEMENT ET CROISSANCE DES PME / TPE BAROMÈTRE TRIMESTRIEL"; Bpifrance, Rexecode, baromètre, novembre 2024

Méthodologie : interrogation par voie numérique de 3 586 dirigeants de PME/TPE (de 1 à moins de 250 salariés et réalisant moins de 50 M€ de chiffre d’affaires) du 15 au 27 octobre 2024. L’analyse porte sur les 1050 ou 1053 premières réponses jugées complètes et fiables reçues. Les réponses ont été redressées par taille d’effectif et secteur d’activité.

 

Le sondage fait le point sur les freins à la croissance et comment la fiscalité est jugée bénéfique pour le développement.

⇒ La trésorerie.

♦ Le solde d’opinion des dirigeants sur l’évolution récente de la trésorerie de leur entreprise s’est dégradé ce trimestre (en baisse de 6 points par rapport à l’enquête conduite fin août) ; il affiche son plus bas niveau jamais relevé, hors période Covid. 36% expriment une dégradation et 9% font part d’une amélioration.

Les dirigeants se montrent également plus pessimistes qu’en août s’agissant de l’évolution anticipée à 3 mois : 30% anticipent une dégradation de leur trésorerie à court terme vs 10% une amélioration.

 

♦ Le solde d’opinion relatif aux délais de paiement des clients s’érode à nouveau après le point haut atteint fin 2023 ; il rejoint son niveau moyen historique. Celui relatif aux délais de paiement des fournisseurs se redresse légèrement. 

 

♦ Le financement de l’exploitation courante : 62% ont eu recours au crédit pour financer leur exploitation courante, une proportion moindre qu’en août dernier, sensiblement inférieure à sa moyenne de longue période.

21% déclarent avoir rencontré des difficultés d’accès au financement courant, une proportion qui s’accroît légèrement et se révèle supérieure à celle observée sur longue période.

⇒ L’investissement est en baisse.

43% déclarent avoir investi ou comptent investir en 2024, en baisse de 3 points par rapport au trimestre précédent et en fort recul sur un an (52% au T4 2023).
Les budgets d’investissement se réduisent également. 38% ont réduit leur budget, alors que 17% l’augmentaient.

 

♦ 75% investissent pour le renouvellement d’équipements usagés ou obsolètes, 63% pour la modernisation des équipements et installations. Les objectifs d’extension de capacité de production de vente ou d’accueil (29%) ou d’introduction de nouveaux produits et services (34%) sont en baisse.

Par contre, l’objectif de mise aux normes progresse (32% vs 26 un an auparavant). La montée en puissance régulière depuis 3 ans de l’objectif environnemental (37%) connait une hausse ce 4éme trimestre, et se trouve nettement plus élevé qu’avant la crise sanitaire.

 

73% ont ou auraient eu recours au crédit (-2 points par rapport au trimestre précédent). Parmi eux, 15% signalent des difficultés pour financer leurs investissements par les établissements de crédit, une proportion en baisse de 6 points sur un an. 

⇒ Les principaux freins à la croissance.

60% estiment que la demande bride leur activité (19 points de plus que la moyenne 2018-2023) ; parmi eux, 24% estiment que cette contrainte s’exerce d’ores et déjà, 53% l’anticipent. Suivent les difficultés de recrutement pour 44% ,mais c’est 5 points de moins que dans l’enquête réalisée en août et 10 points de moins que sur la moyennes 2018-2019.

Le niveau de la concurrence demeure le 3e frein à la croissance (30%) ; il est suivi par les coûts et les prix (25%), qui pèsent moins avec la baisse de l’inflation (-10 points par rapport au 4ème trimestre 2023).

Le niveau de réglementation spécifique à l’activité est perçu comme frein à la croissance par 19% (+4 points en un an).

 L’insuffisance de fonds propres n’est mentionnée comme frein à l’activité que par 14% des dirigeants (−3 points par rapport à la moyenne 2018-2023), tout comme la difficulté d’accès au financement (9%), du fait de la chute des investissements. et enfin, l’outil de production jugé sous-dimensionné (5% seulement).

Ajoutons les difficultés d’approvisionnement (48%, +5 points sur un trimestre), qui affectent fortement ou modérément l’activité (21%, et +2 points), mais 31% se disent non concernés par ces difficultés spécifiques. 

⇒ Face à l’incertitude économique et politique.

♦ 56% des répondants estiment l’impact négatif fort sur l’activité de leur entreprise (+5 points par rapport à l’enquête d’août), vs 36% léger (+2 points) et 8% inexistant (-10 points). Ceci étant, 34% et 46% des chefs d’entreprise qui avaient des projets d’investissement et/ou d’embauches comptent les maintenir en dépit de l’incertitude ; ces proportions sont en baisse de respectivement 10 et 5 points par rapport à l’enquête d’août. 45 et 35% respectivement prévoient de les reporter (soit +9 et +7 points), mais 21et 19% de les annuler (proportions quasiment stables).

 

Les 3/4 des dirigeants déclarent que les taux de prélèvements fiscaux et sociaux sur leurs entreprises n’ont pas baissé au cours des 10 dernières années ; 34% disent même qu’ils ont fortement augmenté, alors que 14% parlent d’une diminution ; 13% ne savent pas. 

 

Les dirigeants de PME d’au moins 10 salariés sont plus nombreux à constater une diminution modérée ou forte de leurs taux de prélèvements (19%) que ceux de TPE (13%) ; ces derniers sont plus nombreux à constater une hausse forte ou modérée (60%) que les dirigeants de plus grosses PME (56%).

Les entreprises de l’industrie rapportent des évolutions similaires à la moyenne tous secteurs confondus,14% ayant constaté une diminution de leurs taux de prélèvements en 10 ans contre59% une augmentation.

 

♦ Parmi les mesures fiscales les plus bénéfiques de ces dernières années, la baisse de l’impôt sur les sociétés est citée en 1er par 43%, suivie par l’extension des allègements de cotisations sociales employeur jusqu’à 2,5 SMIC (42%).

Les PME d’au moins 10 salariés citent plus souvent que les TPE la baisse de la cotisation sur la valeur ajoutée (27% contre 17).

9% citent encore la baisse de la taxe foncière et de la CFE sur les locaux industriels et 8% la suppression de la C3S pour les entreprises de moins de 19M€ de CA.

 

Les PME/TPE industrielles sont plus nombreuses à identifier l’extension des allègements de cotisations employeur jusqu’à 2,5 SMIC (53% vs 42). Elles sont également plus nombreuses que la moyenne à mentionner la baisse de la taxe foncière et de la cotisation foncière des entreprises (CFE) sur les locaux industriels (16% vs 9%) et la réduction de la CVAE (22% vs 19). 

 

Noter que les TPE sont plus nombreuses à ne pas identifier les mesures les plus bénéfiques pour elles (27% contre16).

 

♦ Sont mentionnés dans la catégorie «autres» : l’aide à l’apprentissage, le crédit impôt recherche, le crédit d’impôt innovation, la prime de partage de la valeur, la baisse de l’accise électricité, le prélèvement forfaitaire unique.

 

♦ Les mesures fiscales qui pénaliseraient le plus le développement de l’entreprise.

En 1er, l’impôt sur les sociétés (46%), puis les cotisations employeurs entre 1,2 et 2 SMIC (41%); et les impôts locaux (30%), ces 3 mesures étant en adéquation avec la baisse envisagée.

Par contre d’autres mesures sont souhaitées : les cotisations employeurs au-delà de 2,5 SMIC (26%) et les cotisations sociales entre 1 et 1,2 SMIC (20%), l’imposition sur les dividendes (23%) et celle sur les transmissions et succession (22%) et le crédit d’impôt recherche/innovation (7%).

 

Les PME d’au moins10 salariés considèrent les hausses des cotisations sociales entre 1,2 et 2 SMIC et au-delà de 2 SMIC davantage pénalisantes que les TPE (46% et 30%, soit +5points par rapport aux TPE) ; elles seraient aussi plus souvent handicapées par une remise en cause du crédit impôt recherche ou du crédit impôt innovation (15% vs pour les TPE). A l’inverse, les dirigeants de TPE redoutent plus souvent d’être pénalisés par une hausse de l’imposition des dividendes (24% v 10).

 

Les PME/TPE de l’industrie seraient relativement plus pénalisées que celles des autres secteurs par une hausse des cotisations entre 1,2 et 2 SMIC (51%), qui est d’ailleurs la principale modalité citée par ce secteur. Elles seraient également plus affectées par une réduction des crédits d’impôts (CIR/CII : 11% vs7) et et, dans une moindre mesure, par un alourdissement des impôts locaux (31% vs 30).

 

Pour en savoir davantage : https://lelab.bpifrance.fr/get_pdf/2679/barometre_pme_bpifrance_rexecode_2021t4_vf.pdf